Ne prenons aucun risque car nous n’avons pas ici les moyens de soutenir un procès en diffamation : donc, ce grand cabinet international d’audit, que je nommerai pas, et qui est un spécialiste des comptes, pas des contes, a été reconnu coupable du crime d’obstruction à la justice tandis qu’on reprochait à l’une de ses salariées de s’être amusée à faire joujou avec la machine à broyer en y passant des milliers de documents estampillés Enron. Et, le plus drôle, si l’on peut dire, c’est que ce cabinet n’aurait perdu, selon le journal Le Monde, “que” 800 de ses 2 300 clients. Ils sont gonflés les 1 500 autres ! Faut croire qu’ils trouvent ça très bien cette capacité à calculer différemment et à broyer allégrement ! Vous allez voir, on va se les arracher ces auditeurs modernes : “Ah, Enron, c’est vous ? Mais venez chez nous, je vous en prie !” Un peu comme ces pirates informatiques qui sont devenus des conseillers en sécurité recherchés. Dans ce monde du business sans foi ni loi, il y aura toujours une place dorée pour les moutons noirs. Le problème, dans le cas de ces cabinets, c’est que les moutons noirs y sont nombreux. Chacun des Big Five a au moins une casserole à la patte. Il risque d’y avoir abondance de l’offre sur le marché prisé des auditeurs véreux. Moralité : finalement, il vaut peut-être mieux garder les mains propres (sic), c’est un marché moins encombré où l’on peut se distinguer. Moi, j’aime bien quand l’utilité business rencontre la morale. On se prend à rêver… On mettrait sur son CV : “calcule droit”, “ne broie pas” et hop, on aurait plein doffres alléchantes. De la Mafia, de la CIA, des casinos, des banquiers suisses, des firmes russes. Le monde à vos pieds, je vous dis !
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