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De l’art ou de la techno ?

Aïe ! “80 % des innovations technologiques ne marchent pas, sont des gadgets à vocation marketing, qui ne vont jamais à l’essentiel.” Louis-Philippe Demers, artiste et…

Aïe ! “80 % des innovations technologiques ne marchent pas, sont des gadgets à vocation marketing, qui ne vont jamais à l’essentiel.” Louis-Philippe Demers, artiste et informaticien québécois, ne croit pas si bien dire ! C’est par saccades à peine audibles et sur un fond visuel de qualité détestable qu’on écoute, sur le net, sa critique de nos enthousiasmes technophiles (www.lienmultimedia.com/video). Dommage ! On aperçoit à peine les robots déglingués de son spectacle “L’Assemblée”, métaphore d’une technologie imparfaite, mais aussi anthropomorphique, tant l’homme crée la machine à son image. C’est donc, in situ, qu’il faudra aller les observer, à Maubeuge (les 22 et 23 mars, à 20 heures) ou à Créteil (du 28 au 31 mars, à 19 heures), dans le cadre des “Nuits miniatures” de Via et Exit, deux festivals consacrés à la création contemporaine et notamment à la promotion des arts numériques.Autre curiosité québécoise à ne pas manquer : “Jimmy, créature de rêve” (les 15 et 16 mars au Manège de Maubeuge, 21 heures), qui conte les pérégrinations d’un personnage fantasmagorique, né dans l’imaginaire d’un général américain et venu se loger, après la mort de ce dernier, dans la tête d’une actrice montréalaise. Marie Brassard, créatrice du spectacle, prête sa voix, transformée électroniquement, à ce fantôme polymorphe émouvant, qui rôda au Petit théâtre de l’Odéon début février (dossier sur la pièce sur www.theatre-odeon.fr, cliquer sur Saison 2001-2002).À voir aussi, l’étonnante exposition “Cinémas du futur” (du 15 au 23 mars au Manège de Maubeuge, et du 28 mars au 6 avril à la Maison de la culture de Créteil, www.maccreteil.com), exploration des nouvelles écritures cinématographiques, affublées d’adjectifs jargonnants : “immersives”, “labyrinthiques”, ou encore “panoramiques “. Neuf artistes présentent leurs innovations : Pierre Allio développe “Alioscopy”, un système d’enregistrement et de diffusion d’images en relief permettant de se dispenser des lunettes polarisées (détails sur www.maccreteil.com/pedaurl_spec/ CINEMASDUFUTURsite.doc) ; Jean-Michel Bruyère s’essaie au cinéma interactif, présentant Si poteris narrare, licet, un film conçu pour être vu à l’aide du logiciel Icinema, développé par le ZKM (www.zkm.de), le célèbre centre d’art autour des nouvelles technologies de Karlsruhe. Avec ce logiciel, le spectateur peut contrôler le mouvement du projecteur de film numérique, et donc son champ de vision, le tout sur un écran sphérique riche d’images existantes, sorte de toile peinte qui s’éclaire d’un jour nouveau selon les directions données par le visiteur (http://epidemic.cicv.fr, cliquer sur Carte des artistes et des projets, puis sur Icinema).Aussi interactif, mais plus tactile, “Bodyspin”, du collectif australien Time’s Up, permet aux hôtes de déclencher avec leurs pieds la projection d’images, tandis que “J’ai effacé vos traces”, du plasticien chinois ZhenJun Du, fait de chacun de nous un quidam poursuivi par des silhouettes effaçant chaque pas accompli ! Le secret : 140 capteurs au sol pilotés par 4 ordinateurs. Cinéma du futur que tout cela ? Ou attractions de parcs à la Disney, vouées à être rapidement remplacées ? Nos enfants trancheront…Via 02, du 15 au 23 mars, Maubeuge, 03 27 65 65 40, Exit 02, du 28 mars au 6 avril, 01 45 13 19 19.

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Sophie Janvier-Godat