« Le risque est grand de décevoir les Français en survendant la 5G. Il ne faut pas qu’elle devienne juste un « G » de plus comme le furent avant la 2G, 3G et 4G », prévient d’un ton grave Jasmeet Sethi, le directeur du Consumer lab de l’équipementier Ericsson. Il est venu présenter à Paris sa dernière étude sur les « prédictions des consommateurs sur l’avenir de la 5G en France ». Et elle recèle quelques surprises.
Des lieux privilégiés pour déployer la 5G
Alors que l’horizon de la 5G reste encore lointain, 36% des utilisateurs de smartphones espèrent déjà des gains en termes de rapidité et de couverture. Quatre Français sur dix pensent même que ce réseau pourrait égaler, voire surpasser la qualité de leur Wi-Fi domestique. Avec à la clef des bénéfices en termes d’autonomie pour les appareils mobiles.
Le problème, c’est que perception et réalité se trouvent parfois très éloignées. Une étude de février 2018 de l’application OpenSignal avait ainsi montré qu’en France comme au Japon, où le débit moyen en 4G dépasse les 23 Mbit/s, les utilisateurs ont le sentiment que le réseau est plutôt lent. A l’inverse, en Thaïlande, où le débit est limité autour de 5 Mbit/s, le réseau paraît rapide.
Il est donc fort probable que les Français ne voient pas la différence lorsque la 5G sera lancée, s’il ne s’agit que d’augmenter leur débit et de décongestionner la 4G dans les centres urbains. Pour éviter cet écueil, Ericsson a identifié les lieux prioritaires de déploiement où l’impact pourrait être le plus favorablement perçu. « Il faudra privilégier les lieux de rassemblement pour des événements live comme les stades, les lieux de transit comme les aéroports et les gares mais aussi tous les axes de transport urbains », détaille Jasmeet Sethi.
VR, AR et vidéo 4K
Le confort apporté par les performances de la 5G ne suffira pas. Pour se différencier des standards précédents, les opérateurs devront proposer de nouveaux services. La consommation de données devrait en conséquence exploser. Avec 5 minutes d’utilisation d’application de réalité virtuelle en Full HD, 5 minutes de réalité augmentée et 5 minutes de lecture vidéo 4K UHD par jour, notre enveloppe d’internet mobile devrait atteindre le chiffre astronomique de 100 Go par mois.
Les Français ont également une idée précise du calendrier. Dans les deux ans, ils attendent de la rapidité, des applications de second écran avec réalité augmentée, de la traduction en temps réel et des jeux vidéo immersifs. La voiture connectée n’est pas espérée, à juste titre, avant au moins 6 ans. La livraison par drone, en revanche, est prévue d’ici 3 ou 4 ans, ce qui paraît peu probable.
Un nouvel appareil emblématique de la 5G
Un Français sur quatre veut pouvoir accéder à la 5G dans l’année qui suivra l’ouverture commerciale des réseaux, soit en 2021. Et ils n’hésiteront pas à changer d’opérateur si ce dernier ne le leur propose pas.
Les consommateurs rêvent également d’un nouvel appareil qui pourrait accélérer l’adoption de cette technologie. « La 5G a besoin d’un appareil iconique, d’un nouveau “moment iPhone” », avance Jasmeet Sethi. Cela pourrait être une nouvelle forme de lunettes de réalité augmentée, un appareil sans fil et moins encombrant que l’actuel Hololens.
Les consommateurs s’attendent enfin à une véritable révolution des offres commerciales. En France, on continue encore de payer pour obtenir de la data même si les forfaits illimités se développent. Le grand public envisage que tout le monde finisse par avoir de l’internet mobile sans restriction et que la différenciation se fasse avec des packages de services. On paierait pour avoir de la voiture connectée, une expérience VR, du cloud gaming ou encore un robot compagnon connecté.
Aux opérateurs désormais de s’emparer des désirs des Français… et de ne pas les décevoir.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.