Au fond, ce qui compte aujourd’hui, c’est de faire du bruit. J’en veux pour preuve ce concept inventé par Secodip-Sofrès pour la cha”ne LCI. Il s’agit de l’UBM, alias l'” unité de bruit médiatique “. ‘ lyrique invention, qui consiste à calculer la couverture médiatique d’un invité politique durant une période donnée. Si la personne a eu une exposition suffisante, alors son UBM est au mieux. Par contre, malheur à celui qui n’a pas trusté les articles ou sujets télévisés. Il se voit affublé d’une UBM misérable, qui lui imprimera le rouge au front. Peu importe la qualité du discours de la personne. L’important, c’est le barouf. Le maire de Paris s’est vu décerner une UBM de compétition, alors qu’on ose à peine penser à celui de son adversaire socialiste.Dans le monde merveilleux des entreprises, il existe une notion marketing proche de cette UBM. Il s’agit du ” buzz “, soit le ” bourdonnement “. C’est l’idée de créer de l’agitation médiatique autour de son nom. Certes, il y a des compagnies qui cultivent le secret. Des adeptes de l’UBM zéro, en somme. Mais il y en a une foultitude d’autres, prêtes à tout pour que l’on parle d’elles. Cela passe souvent par l’envoi incessant de communiqués de presse. En voici une qui ” annonce une nouvelle stratégie : devenir leader “. Elle a raison de nous prévenir : on aurait pu penser que son objectif était de végéter à la deuxième place. Cet opérateur télécoms, lui, rend compte de façon obsessionnelle du bateau qu’il sponsorise. Super. Mais le buzz, c’est aussi cette société qui imprime son nom sur des gobelets et offre à boire aux gens sur les salons pour que l’on voie son logo partout – surtout dans les poubelles de ses concurrents. Les nuisances sonores des entreprises sont parfois bien réelles. Les salons informatiques sont devenus le lieu par excellence de la surenchère bruitiste. Rockers, pom-pom girls, speakers nasillards… C’est la foire du n’importe quoi. Allez donc interroger une personne quand, sur le stand d’à côté, un orchestre de salsa s’échine à vous crever les tympans. Enervé, on se demande à quoi bon toute cette hystérie. Car, au final, dans l’espace médiatique, on n’entend plus personne crier.
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