Le Nouvel Hebdo :
Un mot, d’abord, sur la conjoncture. La reprise est-elle vraiment enclenchée aux États-Unis ?David Hayden : Cette soi-disant reprise, je ne la sens pas. Et pourtant, je vis et je travaille en Californie. Tout cela est pour le moins prématuré… Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’on assiste à une campagne du gouvernement américain, et spécialement du département du Trésor, pour accréditer l’idée d’une reprise économique dans l’opinion. Cette offensive obéit à des motifs purement politiques.Vous avez récemment remplacé une partie des cadres de votre société. Pourquoi ?Le conseil d’administration m’a demandé de revenir au plus haut niveau, car il y a eu des erreurs de gestion particulièrement graves tout au long de ces dernières années. J’ai donc dû me séparer d’une partie de l’équipe dirigeante et reprendre en main personnellement le management de la société. Aujourd’hui, je considère que les gros problèmes sont derrière nous. J’aimerais maintenant parler de l’avenir.Sans doute, mais il se trouve que l’actualité nous rattrape : il n’est pas sûr, par exemple, qu’Andersen survive à l’affaire Enron, justement en raison de problèmes liés à la certification des comptes…L’éthique des commissaires aux comptes, l’existence de telles ou telles normes comptables de part et d’autre de l’Atlantique, les organismes de régulation en tout genre, tout cela obscurcit le problème. En réalité, la vraie difficulté dans la nouvelle économie ?” et je suis bien placé pour le savoir ?” réside dans l’agressivité de certains patrons américains. C’est donc bien à leur niveau que le problème se situe, et nulle part ailleurs.En admettant que tous vos embarras comptables soient résolus, qu’en est-il de votre métier de base, l’hébergement ? N’est-il pas en régression ?Pas du tout ! Il constitue une tendance de fond pour les activités stratégiques des entreprises. Mais aussi pour leurs activités annexes. Et c’est une occasion fantastique. Ainsi, le client peut mieux organiser ses e-mails, et nous, assurer la partie arrière du dispositif. Pour le reste, en tant qu’éditeur, Critical Path vend ses licences à France Telecom, La Poste et Tiscali France, toujours dans le domaine de la messagerie électronique.Que demandent exactement vos clients ?Prioritairement, c’est la sécurisation des messages. Et là, nous sommes bien armés car nous proposons à la fois des logiciels spécialisés, des pare-feu étendus [extended firewalls, NDLR] et des systèmes de VPN [virtual private networks, réseaux privés virtuels].Et vos projets d’extension ?D’abord l’Asie. Quand on regarde notre chiffre d’affaires, il se répartit en parts à peu près égales entre l’Europe et les États-Unis. L’Asie, elle, n’intervient que pour 4 %. C’est pourtant un marché en pleine expansion.Comment évolue votre univers de concurrence ?On y trouve des sociétés relativement peu connues du grand public, comme Openwave, mais aussi, bien sûr, des grands de l’informatique d’entreprise comme IBM et Microsoft. À mon avis, concernant la messagerie et l’univers du logiciel et des services, Microsoft va se concentrer sur la partie client. Et IBM va essayer de se focaliser sur le reste, c’est-à-dire l’infrastructure du système d’information.
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