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Davantage de transparence sur les fusacs

Une analyse approfondie de l’acquisition d’une entreprise par un groupe coté nécessiterait en fait que les actionnaires de ce dernier aient accès aux prévisions qui ont permis de justifier cette acquisition.

Les récentes dépréciations d’actifs, auxquelles plusieurs groupes ont dû procéder, rappellent à ceux qui l’auraient oublié qu’une acquisition est un investissement et que, par conséquent, comme n’importe quel investissement, elle doit être jugée en fonction de ce qu’elle rapporte.Or, les fusions et acquisitions (fusacs) ont plutôt été jugées, ces dernières années, en fonction de leur effet immédiat sur l’accroissement de la taille du groupe : on parle de croissance externe comme d’une alternative à la croissance interne, à savoir que l’objectif étant de peser le plus tôt possible sur tel ou tel marché.Il en résulte alors un jugement boursier immédiat, qui peut être positif ou négatif, mais en revanche peu d’analyses a posteriori des effets de l’acquisition sur la santé financière du groupe sont effectuées. Certes, on retient le montant des synergies promises, mais sans réel moyen d’en vérifier l’obtention car les comptes de l’entreprise acquise sont rapidement noyés dans le changement de périmètre du groupe. Certes, l’interrogation sur le succès ou l’échec des fusions et acquisitions ne date pas d’aujourd’hui et l’on voit ainsi régulièrement des articles ou des études s’en faire l’écho. Mais ces travaux portent essentiellement sur le jugement des acteurs, soit les acteurs internes aux entreprises, soit les investisseurs boursiers, notamment au travers de l’évolution boursière de l’acquéreur, évolution sur laquelle pourtant d’autres paramètres ont certainement pu peser.

Eviter les réveils douloureux

Une analyse approfondie de l’acquisition d’une entreprise par un groupe coté nécessiterait en fait que les actionnaires de ce dernier aient accès aux prévisions qui ont permis de justifier cette acquisition, même si l’on n’en donne pas tous les détails pour des raisons de secret commercial, et qu’ils aient également accès à l’actualisation régulière de ces chiffres.La connaissance a priori de la justification économique de l’acquisition ainsi que le suivi annuel des résultats, par rapport au plan initial, éviteraient alors les réveils douloureux que l’on pourrait être amené à subir lorsque des dépréciations brutales font apparaître un prix d’acquisition hors de proportion avec les résultats obtenus depuis lors. La fusion opérationnelle qui fait que, dans certains cas, il n’est plus possible de retrouver dans les chiffres le périmètre exact des activités acquises est souvent une excuse commode pour les entreprises qui ne souhaitent pas communiquer, voire qui ne veulent pas s’interroger elles-mêmes sur la réussite potentielle d’une acquisition.

Un peu de sérieux dans tout ça !

Il faut bien à ces entreprises un outil de suivi de leurs acquisitions, même si celui-ci consiste en des prévisions à un niveau plus agrégé. L’obligation de rendre compte régulièrement à leurs actionnaires, par exemple dans le rapport d’activité, du suivi des acquisitions substantielles, aurait déjà le mérite interne de contraindre les entreprises à mettre en place les instruments nécessaires à ce suivi. Toutes ne l’ont pas encore fait.Cette obligation empêcherait peut-être aussi certaines acquisitions auxquelles on procède parce qu’il est certainement plus facile de négocier une transaction que daméliorer la performance opérationnelle de la société. Une acquisition doit donc désormais être considérée avec le même sérieux et la même attention, à la période post-investissement, que les investissements massifs effectués dans les usines.

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François Valérian, Partener Accenture