L’entreprise spécialisée dans les logiciels open source, Red Hat Enterprise Linux (RHEL), racheté par IBM en 2019, se prépare à partir dans l’espace. Avec Axiom Space, une entreprise américaine spécialisée dans l’exploration spatiale, Red Hat lancera en direction de la Station spatiale internationale (ISS) un véritable datacenter, pour repousser la frontière des centres de données. Il s’appelle Unit-1, et sera propulsé par le Red Hat Device Edge.
La mission, planifiée pour le printemps, rejoindra celle de Lonestar, qui vise à établir un premier centre de données sur la Lune. Cette autre startup américaine a déjà testé son système depuis l’ISS, en cherchant à faire de l’espace l’ultime recours aux services en ligne pour y faire des sauvegardes, en cas de perte des données en physique sur Terre. Chez Red Hat et IBM, l’idée sera surtout de rapprocher les datacenter des appareils en orbite, pour limiter la latence.
La place des centres de données se trouve-t-elle en orbite ?
L’idée n’est donc pas nouvelle, et ces centres de données dans le ciel ont fait naître une nouvelle catégorie de programmes pour les entreprises de cloud computing : les Orbital Data Centers (ODC), autrement dit les centres de données orbitaux. Axiom Space s’est toujours montré intéressé par le marché, alors que la startup signait un partenariat avec Kepler Space et Skyloom en décembre 2023 pour lancer le premier ODC sur l’orbite basse, de quoi se connecter à d’autres satellites, y compris sur l’orbite géostationnaire (à une altitude de 35 000 km).
L’intérêt d’un centre de données orbital ne s’arrêterait pas là pour Red Hat qui y verrait aussi une couche de protection supplémentaire pour les données numériques. En éloignant les serveurs de plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres de la Terre, les clients pourront « tirer parti de la latence plus faible et de la sécurité accrue inhérente aux ODC », déclarait Jason Aspiotis, directeur mondial des données et de la sécurité dans l’espace chez Axiom Space. L’entreprise citait différents cas d’usage :
- Le traitement des données dans l’espace pour les satellites
- La formation de l’intelligence artificielle
- La cybersécurité
- L’analyse de la météo
- La sauvegarde « hors planète » des infrastructures les plus critiques de la Terre
Chez IBM, on promeut les centres de données orbitaux depuis quelques mois. Dans un article de blog posté le 18 novembre 2024, la société américaine mettait en avant l’intérêt écologique, avec une réduction des dépenses énergétiques à hauteur de 95 %, grâce à une production 10 fois moins élevée de carbone dans l’espace que sur Terre, citait l’auteure des chiffres avancés par Lumen Orbite. Cette étoile montante américaine, qui levait 10 millions de dollars pour construire des ODC, doit effectuer une démonstration par satellite cette année, dans le cadre d’un programme d’incubation avec Nvidia.
Sur commande de l’Union européenne, le Français Thales Alenia Space s’était aussi penché sur la question de l’intérêt écologique des centres de données orbitaux en juin 2024. La société avançait que ces systèmes allaient tirer un trait sur le refroidissement par eau, et de contribuer à la neutralité carbone en 2050. « Les data centers spatiaux pourraient offrir une opportunité de fournir à l’Europe une empreinte environnementale plus faible et pourraient également être un fleuron pour l’avenir de l’industrie spatiale européenne », déclarait Damien Dumestier, en charge de l’étude de faisabilité.
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