Mais vers quoi fonce Dassault Systèmes ? Déjà propriétaire de deux systèmes de gestion de données techniques (SGDT), il jette son dévolu sur un troisième pour 402 millions de dollars, et annonce ainsi le rachat de MatrixOne,
un éditeur américain spécialisé en gestion du cycle de vie (PLM, ou Product Lifecycle Management).Difficile, au premier abord, de saisir cette démarche, au vu des difficultés techniques et commerciales auxquelles l’éditeur fait face ?” en particulier avec Enovia, son SGDT haut de gamme destiné à l’ingénierie
complexe (plates-formes pétrolières, aéronautique, etc.) et dont les ventes démarrent tout doucement. Alors, quelle mouche a donc piqué le Français pour qu’il se complique la vie avec trois offres à positionner ?Remplacer Enovia par MatrixOne n’est pas à l’ordre du jour. Dassault Systèmes devrait garder ses trois logiciels pour, sans doute, les interfacer, voire les intégrer. Mais pour de tels détails techniques, il faudra
attendre la finalisation de la vente, à la fin du deuxième trimestre.Mais, à y regarder de plus près, l’opération trouve une explication rationnelle. S’ils sont tous de la famille des SGDT, les trois logiciels ne répondent pas au même besoin. Smarteam s’adresse uniquement aux PME.
Enovia ne convient qu’à la gestion de produits complexes s’appuyant sur une ingénierie du même acabit. MatrixOne, enfin, se concentre sur la cohérence de son offre de PLM (SGDT collaboratif et, surtout, maîtrise des processus), en
laissant toute latitude dans le choix d’un éventuel logiciel de CAO.
L’occasion de s’ouvrir à l’électronique et à la high-tech
Voilà un bon moyen pour Dassault Systèmes de s’adresser à des marchés nouveaux pour ce type de solutions. ‘ La recette d’un yaourt devient presque aussi complexe que la structure d’un
avion ‘, plaisante-t-on dans le milieu du PLM. Qui plus est, MatrixOne a mis l’accent sur la gestion des processus, du portefeuille projet, des programmes, des connaissances, et même de la chaîne logistique.Et son offre constituée de ces modules applicatifs installés sur un noyau collaboratif unique s’ouvre facilement au reste du système d’information ?” via des services web, par exemple. Des atouts techniques dont
l’ensemble de l’offre de l’éditeur pourrait profiter.Mais son but principal est clair. Et il l’affiche. Il veut vite s’attaquer, avec une solution crédible, à de nouveaux marchés avides de PLM et peu férus de sa spécialité historique, la CAO mécanique. Il s’agit de
cibler les secteurs électronique et high-tech, qu’il avait à peine abordés, mais aussi les biens de consommation, la pharmacie, l’agroalimentaire, le textile.Et pour arriver à ses fins, mieux valait acheter un éditeur expert plutôt que de dépenser des mois de R&D et risquer, de surcroît, de se voir doublé par ses concurrents. ‘ Plus de la moitié des clients de
MatrixOne sont issus du secteur high-tech, insiste Stéphane Declée, directeur R&D pour Enovia chez Dassault Systèmes. Par ailleurs, il ne réalise que 15 % de chiffre d’affaires avec des clients que nous avons en
commun. ‘ De nouveaux marchés, des produits, mais aussi des compétences, tels sont les atouts de MatrixOne qui ont attiré le Français.De son côté, UGS, numéro deux du PLM, fait la grimace. Et cela, même s’il dément la rumeur qui le disait sur les rangs pour cette acquisition. Reste à son rival à maîtriser l’intégration de la nouvelle société sur les
plans technique, commercial et même culturel.
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