Darty est-il prêt à tout pour verrouiller la vente sur Internet d’électroménager ? C’est ce que laisse entendre CAS (Club Achat Services), une entreprise de vente de matériel hi-fi et d’électroménager, qui affirme vouloir dévoiler publiquement, le 19 avril prochain, les pratiques douteuses, sans le nommer, “d’un géant de la grande distribution pour étouffer CAS”.Si les dirigeants de CAS refusent d’en dire plus pour l’instant, l’attaque viserait Darty, et plus précisément la Caprofem, un grossiste parisien sur le marché des produits électrodomestiques. Le lien entre Darty et la Caprofem ? Ils sont tous deux filiales du groupe anglais Kingfisher.A l’origine du conflit, la décision de la Caprofem de ne plus approvisionner, à partir du 1er avril 2001, les sociétés vendant sur Internet. Motif avancé : la Caprofem, qui ne dispose que d’un seul entrepôt de 2 000 m2 en région parisienne, n’a pas les capacités logistiques de répondre aux besoins des sociétés Internet.Les dirigeants de la Caprofem expliquent, par ailleurs, qu’ils craignent les problèmes de solvabilité chez ce type d’entreprise. Et pour ne pas risquer d’entamer la qualité de ses services, la Caprofem refuse désormais les clients vendant sur Internet, start-up ou pas.Une version des faits qui fait bondir CAS, une centrale d’achat créée en 1986 et qui dispose de 53 lieux de vente physiques en France. Car, jusqu’à maintenant, ses magasins étaient normalement approvisionnés par la Caprofem. D’où la tentation de voir derrière ce revirement soudain, une man?”uvre de Darty pour empêcher des concurrents de pratiquer des tarifs agressifs sur le Net. Car, si Darty croit au Réseau, pas question de mettre en danger sa propre chaîne de magasins physiques.Résultat : les tarifs en vigueur sur le site Darty sont absolument similaires à ceux pratiqués en magasin. Bref, l’arrivée d’un nouveau venu sur Internet avec des marges plus faibles casserait toute la politique tarifaire du groupe.
Marcopoly également sur la liste rouge
Chez Darty, on nie évidemment toute entente illicite avec Caprofem. ” Nous appartenons effectivement au même groupe, mais nous sommes deux sociétés distinctes. D’autant que nous ne sommes même pas leur client “, affirme un porte-parole de l’enseigne.
“Et, franchement, je ne vois pas comment une PME comme la Caprofem pourrait empêcher une entreprise de vendre de l’électroménager sur Internet “, ajoute-t-il.Reste que l’attitude de Darty à l’encontre des vendeurs en ligne semble bien connue sur le marché de l’électroménager. “Darty fait tout pour que les constructeurs boycottent les marchands sur Internet. Il va même jusqu’à les menacer de ne plus distribuer leurs produits dans ses grandes surfaces s’ils travaillent avec nous”, affirme le responsable des achats de la société VPC 2000.” Pour la Caprofem, renchérit-il, tout le monde sait qu’ils travaillent main dans la main avec Darty. Il est arrivé plusieurs fois que les cartons provenant de la Caprofem soient étiquetés chez Darty. Ce qui montre bien que la Caprofem n’a jamais eu de problème d’espace de stockage, puisqu’ils peuvent s’approvisionner directement dans les entrepôts Darty ! “D’autres marchands en ligne de matériels, comme Marcopoly, filiale de France Télécom, ont aussi vu les portes de la Caprofem se fermer devant eux au début de ce mois.
Une enquête de la DGCCRF serait en cours
Du côté de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes), on concède que quelques pratiques singulières peuvent avoir lieu dans le milieu de la grande distribution.” Le c?”ur du problème est le prix conseillé pour garantir un niveau de marge important. Les fournisseurs peuvent être tentés de rompre les contrats ou de ne pas approvisionner les distributeurs s’ils ne respectent pas ce prix conseillé “.
En clair, de ne plus approvisionner des distributeurs qui voudraient casser la règle de prix fixé par les quelques principaux acteurs du marché.Selon plusieurs protagonistes, la DGCCRF mènerait en ce moment même une enquête pour vérifier si ces pratiques ont cours ou non dans la distribution de produits bruns et blancs sur Internet. Peut-être y aura-t-il un début de réponse le 19 avril, lors de la conférence de presse de CAS.” On attend un certain nombre d’échéances “, se contente de communiquer Vincent Gastaud, responsable du développement de l’entreprise.
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