01net. Lors de votre discours d’ouverture à SCO Forum, vous avez affirmé que c’est la politique d’IBM qui vous a poussé à engager une action en justice. Comment est-ce possible ? Darl McBride. Au LinuxWorld de janvier de cette année, nous avons annoncé deux librairies Unix pour Linux afin de permettre l’exécution d’applications Unix sur le système d’exploitation gratuit. IBM
nous a alors demandé de ne pas les commercialiser et nous a fait comprendre que Linux doit demeurer libre de tout droit de licence, sous peine de suspendre nos relations commerciales. On a alors commencé à comparer le code source de Linux et
d’Unix et nous avons trouvé des lignes de code identiques qui ont été envoyées par IBM à la communauté Linux. Une action qui n’est pas autorisée au vu du contrat de licence qu’IBM a signé avec nous pour avoir accès à
Unix. Qu’autorise ce contrat de licence ? C’est un contrat qui avait été élaboré à l’époque par les avocats d’AT&T et qu’IBM a signé. Il leur donne accès au code source et au droit de le modifier et de l’améliorer pour l’utiliser
en interne ou commercialement (AIX). En revanche, il est interdit de partager ce code avec quiconque ou même de le montrer sans avoir signé un contrat de confidentialité et après avoir obtenu notre autorisation préalable. Ce qui est important,
c’est que le contrat stipule aussi que tout code modifié ou ajouté à Unix par IBM est confidentiel, et ne peut donc pas être partagé avec la communauté Linux. Or, c’est justement ce qu’IBM et d’autres licenciés ont fait
en donnant du code Unix pendant le développement du noyau 2.4 (et supérieur) de Linux.Est-ce le cas de tous les autres licenciés d’Unix ? Non. La licence de Sun leur donne le droit de partager le code qu’ils ont créé et de l’inclure dans Linux par exemple [Sun planche d’ailleurs sur un serveur et un client Linux, Mad Hatter, NDLR].Qu’en est-il des versions antérieures à 2.4 ?Ces versions ne sont pas concernées. Comprenez qu’avant la version 2.4, Linux était avant tout un système d’exploitation pour hobbyistes qui pouvait servir de petit serveur Web ou de serveur de fichiers dans une
PME. Aujourd’hui, Linux est un système d’exploitation d’entreprise si puissant qu’on l’utilise même dans un mainframe pour faire tourner de grosses bases de données. Une chose que même Microsoft avec ses milliards
de dollars de R&D et de cash n’a toujours pas réussi à faire. Alors que Linux l’a réalisé en deux ans ! Avec la contribution, par l’intermédiaire d’IBM et d’autres, de codes Unix qui ont nécessité des
dizaines d’années de développement.Lors du dernier LinuxWorld, plusieurs entreprises ont proposé des solutions pour enlever du noyau de Linux le code incriminé afin d’éviter de payer vos royalties. Qu’en pensez vous ? D’abord, c’est de la publicité mensongère car ces entreprises n’ont pas accès au code Unix puisqu’il faut pour cela payer une licence qui vaut plusieurs centaines de milliers de dollars. Ensuite, il faut
comprendre que ce n’est pas seulement quatre-vingts petites lignes de code d’Unix qui sont en cause, mais bien des centaines de milliers qui, si elles sont enlevées, ramèneront Linux au stade d’un système d’exploitation
pour hobbyistes.Quelles solutions proposez-vous alors pour sortir de cette impasse ? Notre dispute est avec IBM et non pas avec la communauté Linux. On est prêt à aider la communauté à enlever le code incriminé en publiant les fichiers dans lesquels le code source d’Unix est présent.Red Hat et d’autres vous on demandé de montrer le code sans avoir à signer de contrat de confidentialité. Pourquoi ne le faites vous pas ? On ne peut pas le faire. Parce-que le contrat qui nous lie aux licenciés d’Unix, comme Sun ou HP, ne nous autorise pas de montrer le code en public sans contrat de confidentialité préalable. C’est pourquoi, lors du
Forum, le code Unix que nous avons montré était caché et pas celui de Linux.Pourquoi n’avoir pas demandé au juge une injonction contre IBM afin d’arrêter immédiatement la commercialisation d’AIX et leur développement Linux ? Parce que si cette injonction est obtenue, il nous faudra alors immédiatement prévoir un fond pour couvrir la perte financière d’IBM encourue par cette action, dans le cas où à l’issue du procès, le juge ne décide pas en
notre faveur. On parle là de plusieurs milliards de dollars, d’ici à 2005. Une chose que notre situation financière ne nous permet pas.
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