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Dark Web : un projet pour surveiller le terrorisme en ligne

Des chercheurs de l’université d’Arizona de Tucson traquent les échanges sur Internet liés au terrorisme. Le FBI s’y intéresse depuis 2007.

Il y a quelques mois, l’association Electronic Frontier Foundation (EFF) révélait l’intérêt que portait le ministère de la Justice des Etats-Unis pour les réseaux sociaux, dans le cadre de ses enquêtes. La même EFF vient de publier sur son site un document montrant l’attention très vive que porte cette fois le FBI à un projet universitaire appelé Dark Web, mené par le laboratoire d’intelligence artificielle de l’université d’Arizona de Tucson et concernant l’usage d’Internet par les terroristes.

Ce projet n’est pas nouveau. En 2004, le groupe de recherche se focalisait sur les réseaux terroristes de trois zones géographiques : l’Amérique latine, les Etats-Unis et le Moyen-Orient, comme l’indique un document de l’université détaillant le projet (en PDF et en anglais).

L’intérêt du FBI, lui, remonte à au moins 2007, comme en attestent les documents publiés par l’EFF. Ceux-ci révèlent même qu’en octobre de cette année-là, le « Bureau » cherchait à rencontrer les chercheurs pour en apprendre plus sur leurs travaux. Car le FBI espérait pouvoir adapter les outils du Dark Web Project à ses propres besoins d’enquêtes sur le terrorisme. L’agence gouvernementale américaine National Science Foundation, qui soutient le projet, estimait en 2007 qu’il y avait « plus de 5 000 sites Web créés et maintenus par des groupes terroristes internationaux connus ».

29 forums jihadistes

L’idée du projet est de pouvoir collecter et indexer tout ce qui s’échange en ligne, sur des sites Internet, des forums, dans les e-mails et qui est en relation avec des activités terroristes, quelles qu’elles soient et que les auteurs de contenus soient identifiés ou anonymes.

Le projet analyse les contenus des pages, textes et éléments multimédias, la navigation, les liens hypertextes et s’efforce même de tracer les auteurs, même s’ils interviennent de façon anonymes. En effet, d’un site à l’autre, d’un post de forum à l’autre, Dark Web analyse le langage et les tournures stylistiques, permettant par comparaison d’identifier, au moins par sa façon de s’exprimer, un même auteur. Et de suivre ainsi dans le temps sa « production » en ligne afin de savoir s’il est toujours actif. Les chercheurs ont créé pour cela un outil, appelé Whiteprint, qui fonctionne dans plusieurs langues.

Le site du laboratoire d’intelligence artificielle de l’université d’Arizona de Tucson signale qu’en 2009-2010, le projet a été complété par un système de traduction en français, en arabe, en allemand et en russe ainsi que par de nouveaux outils d’analyse des réseaux sociaux. Dark Web scrute actuellement 29 forums jihadistes, dont 17 en arabe, 7 en anglais et 3 en français.

(crédit photo : FBI)

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Arnaud Devillard