Une chorégraphie pour 9 danseurs et… 6 robots. Le nouveau spectacle de Blanca Li, « Robot ! », a de quoi interloquer. L’artiste d’origine espagnole voulait explorer la place des machines dans notre quotidien. Et elle a osé demander à ses danseurs de se plier à un exercice inédit : se produire avec des robots humanoïdes. En coulisses, c’est l’ingénieur multimédia Thomas Pachoud qui gère les machines. Interview.
01net : Comment définiriez-vous votre métier ?
Thomas Pachoud : Je m’occupe de tout ce qui a trait aux nouvelles technologies sur scène. Cela va de la vidéo en temps réel à l’électronique, en passant par la robotique comme en ce moment sur le spectacle « Robot ! ». On m’appelle parfois « le geek du spectacle » ! J’avais fait une formation d’ingénieur à l’école IMAC (Image Multimédia Audiovisuel) de Marne la Vallée et j’ai commencé tout de suite à travailler dans le spectacle vivant à la faveur d’un stage, il y a six ans.
Voir le teaser du spectacle :
Robot! (extraits) Compagnie Blanca Li from Blanca Li on Vimeo.
Pourquoi avoir choisi NAO comme robot danseur sur ce spectacle ?
NAO n’est peut-être pas le meilleur robot danseur au niveau moteur mais son outil de programmation est très efficace. On l’anime comme un personnage 3D. Blanca Li a mis au point une chorégraphie et on a enregistré chaque position physique clef. Le robot est ensuite programmé automatiquement pour se mettre dans la position indiquée au moment du spectacle. Nous avons un partenariat avec la société française Aldebaran qui construit NAO. On en a sept exemplaires, six qui montent sur scène et un en réserve pour jouer les doublures au cas où. On utilise également une dizaine de machines musicales du collectif japonais Maywa Denki. Ce sont des robots instruments qui sont câblés.
Quelles ont été les contraintes de ces robots ?
Trouver le centre de gravité et garder l’équilibre car ils sont parfois dans des positions inhabituelles et enchaînent beaucoup de mouvements. Il a fallu désactiver la détection automatique de chute, par exemple. Ce qui ne garantit pas l’absence d’accident. Heureusement Nao ne mesure que 58 cm. Cela aurait été beaucoup plus difficile avec un robot comme Romeo qui fait 1,40m de hauteur, par exemple. Les introduire dans le spectacle a été long. Un robot n’a pas le corps flexible d’un danseur. Il y a aussi des bugs à résoudre. Tout cela crée une forme d’inertie qui pèse un peu sur le processus de création d’un artiste. Mais cela a été au final une expérience enrichissante pour tout le monde.
Intervenez-vous au cours du spectacle ?
Nous sommes deux régisseurs à nous occuper des robots. Mon collègue les gère sur le plateau. De mon côté, je dispose d’une régie dans les coulisses où je pilote les effets vidéo, de lumière et les robots à partir de mon iPad. La plupart des chorégraphies sont enregistrées et je n’ai plus qu’à les lancer sur scène. Mais je peux intervenir en direct en cas de chute. Je contrôle également en live certains petits passages. Je télécommande des interactions avec les danseurs : je leur fait bouger la tête, se lever, marcher, aller à droite ou à gauche. Nous avons créé notre propre réseau Wi-Fi pour le spectacle. Mais nous ne sommes jamais à l’abri d’un problème technique. Un robot peut rencontrer des problèmes de réception Wi-Fi notamment.
Quel utilisateur de nouvelles technologies êtes-vous ?
Je suis un gros consommateur. J’ai un iPhone, un iPad, plusieurs Mac, une imprimante 3D et j’envisage d’acheter une fraiseuse numérique. Je suis peu sur les réseaux sociaux à part Facebook. Mais je consulte très souvent ma messagerie.
Robot !, jusqu’au 5 janvier 2014 au Théâtre des Champs-Elysées, un spectacle de Blanca Li.
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