Qu’ont Apple, Huawei et Samsung en commun ? Ces trois entreprises – qui se partagent presque 50% des volumes des ventes de smartphones dans le monde – conçoivent leurs processeurs mobiles en interne. Une particularité qui n’a pas échappé aux équipes dirigeantes de Xiaomi qui auraient décidé de faire de même.
Selon l’information du Wall Street Journal, les premiers modèles équipés de puces maison devraient arriver dès ce mois de mars 2017, période du Mobile World Congress de Barcelone, plus gros salon de la téléphonie du monde.
L’article du WSJ confirme la rumeur qui courait déjà depuis fin janvier, laquelle laisser penser que le prochain terminal milieu de gamme de Xiaomi, le Mi 5C, serait équipé d’une puce maison, comme Android Headlines l’affirmait.
Pomme de pin
Le nom de code de ce processeur est « Pinecone », pomme de pin en français (松球 sōngqiú en chinois). Xiaomi a d’ailleurs ouvert un compte Weibo (l’équivalent chinois de twitter) dévoilant le logo de ses processeurs, une belle pomme de pin stylisée qui ferait saliver n’importe quel écureuil polygonal.
Loin de sortir du néant, cette pomme de pin est le fruit d’une acquisition technologique qui a eu lieu en 2014 : cette année-là, Beijing Pinecone Electronics, filiale de Xiaomi, investissait dans une entreprise chinoise de composants électroniques, Leadcore Technology (propriété d’un très gros groupe d’état), pour mettre la main sur son savoir-faire en matière de processeurs mobiles. Des processeurs que Xiaomi a intégré dès le début 2015 dans son Redmi 2a, un terminal d’entrée de gamme. La puce était le LC1860C, un processeur SoC à quatre cœurs gravé en 28 nm et cadencé à 1,5 Ghz. Basé sur une architecture ARM Cortex A7, cette puce offrait d’assez bonnes performances pour un terminal d’entrée de gamme.
L’eau a depuis coulé sous les ponts et selon des sources indiennes, un des marchés phare de Xiaomi, Pinecone sortirait en deux versions : Pinecone 1 et Pinecone 2. La première serait une puce peu onéreuse octacore basée sur l’architecture Cortex A53 destinée à l’entrée de gamme, un processeur que les sources d’Android Headlines comparent à l’ancienne génération de processeurs MediaTek, les Helio P10. Plus haut dans la gamme, le Pinecone 2 serait une puce octocore combinant 4 cœurs Cortex A73 64 bits + 4 cœurs Cortex A53 (architecture BIG.little) qui pourrait être gravée en 10 nm, comme les dernières puces Samsung.
De l’entrée au milieu de gamme, Xiaomi semble décidé à maîtriser ses propres puces. Plus qu’une simple lubie, il s’agit là d’un tournant que d’autres constructeurs ont pris. Avec succès.
Les exemples d’Apple, Samsung et Huawei
En 2010, le premier iPad et l’iPhone 4 furent les premiers terminaux d’Apple à intégrer la puce A4 développée par Apple. Soit deux ans après le rachat de P.A. Semi en 2008, une entreprise de développement de puces à basse consommation qui était à basé à Palo Alto, Californie (la ville du siège d’Apple). Jusque là, Apple avait fait appel à Samsung pour le développement de ses processeurs, mais l’entreprise californiennne voulait avoir la maîtrise totale sur le développement de ses puces.
La marque à la pomme fut précurseur dans cette vision puisque son concurrent Samsung, avec ses Exynos, et le géant chinois Huawei, avec ses Kirin, ont décidé de faire de même en développant leurs propres puces. Des trois, seul Samsung est à même de concevoir et produire les puces. Si les motivations technologiques de ces 3 acteurs sont peu ou prou les mêmes, il se lit aussi en filigrane une défiance vis à vis d’un partenaire incontournable du secteur : Qualcomm.
Qualcomm : échecs et difficultés
Le processeur haut de gamme Snapdragon 810 a fait un four. Au sens propre comme au figuré : mal conçu, ce processeur qui devait être le fleuron des puces mobiles chauffait tellement qu’il rendait les terminaux brûlants, poussant les constructeurs à baisser ses fréquences de fonctionnement et avec elles, les performances – au temps pour la domination technique ! Ce fâcheux précédent a démontré aux constructeurs de smartphones Android milieu et haut de gamme leur dépendance totale vis à vis d’un seul acteur.
S’ajoutent à cela des problèmes de distribution ou de brevets – Apple est d’ailleurs en procès avec Qualcomm – d’où la nécessité pour les constructeurs de smartphones Android de trouver un moyen de se différencier (et d’augmenter leurs marges…). On comprend alors mieux la tendance actuelle des leaders de l’industrie à vouloir l’internalisation la conception des composants clés.
Séduisante sur le papier et de par les exemples précédents, l’acquisition de savoir-faire dans le développement de puces reste un défi de taille, défi qui peut coûter cher si les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Relégué de la première place à la 5e place des constructeurs de téléphone sur son marché domestique (la Chine) entre 2015 et 2016, Xiaomi veut se relancer en jouant gros. Les performances des premiers terminaux équipés des processeurs Pinecone – et les résultats des ventes – diront si le jeu en valait la chandelle.
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