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“Dans le jeu vidéo, il est presque impossible de lever des fonds”

Le secteur est encore sous le choc des résultats annoncés par Kalisto. Barbara Cohen, analyste et spécialiste des jeux vidéo, estime qu’une telle société n’a pas…

Le secteur est encore sous le choc des résultats annoncés par Kalisto. Barbara Cohen, analyste et spécialiste des jeux vidéo, estime qu’une telle société n’a pas nécessairement sa place en Bourse.Le gros de l’orage est-il passé pour les valeurs liées aux jeux vidéo ? Cela dépend de ce que l’on entend par orage. On n’a pas encore assisté à des dépôts de bilan d’entreprises majeures… Nous en sommes, aujourd’hui, à scruter les sociétés susceptibles de résister, dans un marché à croissance zéro, ou à peu près. Là se situe le vrai défi : tenir financièrement, sachant que le jeu est une activité consommatrice de cash et que, dans le contexte actuel, il est presque impossible de procéder à de nouvelles levées de fonds.La chute de Kalisto était-elle prévisible ? Oui. Le statut de développeur est extrêmement fragile. Le sous- traitant absorbe le choc ressenti par ses commanditaires, quel que soit le secteur d’activité. Franchement, une société de cette taille, et exerçant ce métier, a difficilement sa place en Bourse.Le secteur du jeu en ligne est-il condamné ? Non, je ne crois pas. Mais il n’a pas atteint sa maturité. Cela dit, compte tenu de la croissance du parc installé et de son orientation accentuée vers l’interactivité, il est clair que les éditeurs doivent considérer le jeu en ligne comme un vrai relais de croissance, à un horizon de trois à quatre ans. Cela implique que les investissements soient très vite enclenchés. Les groupes ne peuvent pas s’en exonérer. Mais cela va peser sur les comptes, dans les deux exercices à venir. D’où l’importance cruciale, encore une fois, de la solidité des bilans des acteurs de ce secteur. Les analyses sont, aujourd’hui, très sectorielles. Va-t-on assister à un début de sélectivité ? L’analyse sectorielle n’est pas absurde. Ce qui se justifie moins, c’est de ne prendre en compte que les mauvaises nouvelles d’un secteur. Les approches plus fines vont arriver toutes seules, au fur et à mesure de la consolidation. La sélectivité risque donc de s’opérer par la négative. Le pari, c’est qu’à un horizon de quatre ans, il ny aura plus guère que deux ou trois grands éditeurs au niveau mondial. Les autres auront disparu de leur belle mort ?” soit par incapacité à gérer, soit par manque de fonds, ou par une baisse de croissance ?” ou bien ils auront été repris par des industriels, des ” tuyaux “, comme les opérateurs de télécoms, par exemple. Ce mouvement a déjà commencé. France Telecom et Telefonica, notamment, ont procédé à des acquisitions. Les groupes de médias, comme TF1 ou Vivendi, sont aussi des acteurs potentiels de cette restructuration. Sans oublier des profils tels que Microsoft ou Sony, qui multiplient les opérations de croissance externe depuis six mois. Nous assistons à une convergence accélérée entre contenus et diffuseurs.

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Jean-Michel Cedro