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Cybernounous : trop pudiques ou trop libérales…

Les logiciels chargés de filtrer l’accès aux sites ” chauds ” se plantent en beauté ? Supprimons-en l’usage !

Ce matin, M. Martin envoie un mail à sa collègue fraîchement rentrée de vacances : ” Bonjour Sophie, comment se sont passées tes vacances à l’Ile de Sein ? “Malheureusement pour lui, son courrier ne partira pas. De son côté, Mme Durand cherche à consulter le site Trucs-et-AstucesExcel.com. Elle s’en verra refuser l’accès.Pourquoi ces refus ? Parce que ces deux personnes travaillent dans des entreprises qui protègent leurs accès à Internet (Web et messagerie). La présence du mot ” Sein “, dans l’anodin courrier de M. Dupont classe sa missive en conversation ” indésirable “. Quant au ” Trucs-et-AstucesExcel.com ” de Mme Durand, d’un érotisme pourtant peu évident, il comporte néanmoins les lettres SEX (le dernier ” s ” d’Astuces et les deux dernières lettres d’Excel) : le logiciel de surveillance rend un jugement sans appel : site cochon ! Et croyez-moi, je ne force pas le trait.Ces deux exemples, parfaitement réalistes, mettent en lumière l’insuccès de toute tentative de confier à un logiciel un travail de sélection aussi subtil.Quant aux noms de sites Web, cela fait belle lurette qu’ils ne sont plus guère significatifs. Les sites hot s’abritent derrière des noms parfaitement anodins. Pour vous en convaincre, consultez donc VilledeLyon.com ou France2.com. Vous constaterez qu’en dépit de leur nom très ” officiel “, ils n’évoquent pas précisément la capitale des Gaules ou la chaîne de télévision nationale.Et le contrôle ne peut pas davantage s’appliquer au contenu du site qu’à son nom. Aujourd’hui, aucun algorithme ne peut sérieusement détecter la présence de nudité dans des images. Et si une telle fonction existait un jour, son usage bloquerait l’accès aux sites consacrés aux reproductions des tableaux de Manet, de Kranach ou d’Ingres, sans parler des sites médicaux.La même réflexion peut s’appliquer aux filtres censés bloquer l’accès aux sites violents. Faut-il vraiment mettre à l’index les sites consacrés au terrorisme ? Et parmi ces derniers, comment distinguer ceux qui traitent de ce fléau sur un plan historique, diplomatique ou social et ceux, parfaitement réels, sur lesquels l’amateur trouve des conseils pour se confectionner sa bombe artisanale ?Non, décidément, ne laissons pas à nos ordinateurs le soin de trancher entre le licite et l’illicite : ils sont loin d’en être capables. Eradiquons ces outils inefficaces de nos systèmes et laissons les utilisateurs d’Internet s’autocensurer comme ils le souhaitent.Prochaine chronique mercredi 3 octobre

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Etienne Oehmichen