‘ Cherche 8 joueurs professionnels : 10 heures de travail par jour, deux repas gratuits, 60 euros de salaire mensuel plus commission sur les ventes. ‘ Cette offre
d’emploi, posée à l’entrée d’un cybercafé proche de l’université du Peuple de Pékin, vise à recruter des joueurs en ligne capables d’amasser rapidement des gains virtuels.Epée magique, pièce d’or ou compte d’un personnage surpuissant seront alors la propriété du gérant du cybercafé. Celui-ci les revendra à d’autres clients, n’ayant pas forcément la puissance ou la compétence pour amasser un tel
trésor. Mais cette fois, il faudra débourser de la monnaie sonnante et trébuchante…En empruntant l’escalier qui descend vers une vaste salle obscure d’environ 200 postes, on se trouve nez à nez avec des affiches de World of Warcraft, Counterstrike ou Legend of Mir
II, qui font fureur parmi les internautes chinois. Dans un coin proche de l’entrée, assis devant son PC, Kuang Hong ‘ chate ‘ nonchalamment en ingurgitant une soupe de nouilles instantanée. Un adolescent
qui vient de lui acheter son ‘ grimoire de sortilèges ‘ auprès du gérant s’approche de lui, tout hésitant. Un rendez-vous virtuel est bientôt fixé ‘ dans la ruelle derrière l’auberge du
Dragon noir ‘, afin d’opérer la transaction.Joueur professionnel depuis plus d’un an, Kuang Hong a délaissé ses études qui l’ennuyaient pour se consacrer à sa passion pour les jeux. ‘ Maintenant je peux gagner jusqu’à 200 euros par
mois [salaire moyen à Pékin, NDLR] en faisant ce que j’aime ‘, explique-t-il, le sourire aux lèvres. ‘ Une partie de mes revenus proviennent aussi de la revente de cartes
prépayées permettant de se connecter aux différents jeux ‘, développe le pro. Comme les cartes téléphoniques, elles sont revendues à l’unité via un marchandage qui offre une petite marge à ceux qui
s’investissent dans ce commerce.
Devenir indépendant ou testeur pour une grande compagnie ?
Pour développer sa carrière, Kuang Hong dispose de deux possibilités. S’installer à son compte à partir de chez lui et faire sa promotion en ligne, pourquoi pas sur eBay. ‘ Cette solution peut permettre de
réaliser de gros coups. Je connais un autre professionnel qui a revendu le mois dernier un sabre magique pour plus de 1000 euros ! ‘, explique-t-il.L’autre solution, plus tranquille, consiste à se faire remarquer et être engagé comme testeur pour l’une des nombreuses start-up qui partent à l’assaut du marché explosif des jeux en ligne (467 millions de
dollars en 2005), voire chez un des géants en place comme Shanda ou Kingsoft… Et pourquoi pas Ubisoft, qui dispose d’un studio en pleine expansion à Shanghaï. ‘ En tant que testeur, on peut espérer un salaire
d’environ 700 euros par mois ‘, pronostique Kuang Hong.Dans la même vague, certains entrepreneurs, notamment dans le sud de la Chine, ont lancé de véritables usines dédiées à cette activité. Un phénomène qui ne manque bien sûr pas de défrayer la chronique et d’inquiéter le
gouvernement chinois, qui voit d’un mauvais ?”il des lycéens et des étudiants délaisser leurs cours pour des paradis virtuels.
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