A l’évidence, l’Elysée a entendu les alertes lancées par le parti d’Emmanuel Macron, mais aussi par les agences de sécurité et de renseignement. Le président de la République a demandé, en Conseil des ministres ce mercredi 15 février, que soient prises des « mesures spécifiques de protection et de vigilance, y compris dans le domaine cyber » dans le cadre de la campagne électorale. Un rapport devrait permettre de mieux cerner les dangers qui entourent la Présidentielle 2017, et l’ampleur des cybermenaces.
Des attaques dont le but est d’influencer l’opinion
Toute la difficulté sera alors de s’assurer que le processus démocratique ne sera pas perturbé, voire déstabilisé ou sous influence. Or, des soupçons planent déjà. Le porte-parole du gouvernement, Stéphane le Foll, a affirmé qu’ « à la veille de l’élection présidentielle, les activités des hackers n’ont pas baissé et ont plutôt augmenté ». De son côté, le directeur de l’Autorité nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi)- directement rattachée à Matignon-, a prévenu contre « des attaques numériques pour faire de la politique » et dont le but est « d’influencer » l’opinion.
Et puis, en tout début de semaine, l’équipe de campagne derrière Emmanuel Macron a dénoncé des centaines, voire des milliers d’attaques informatiques contre son site. Le Canard Echaîné, lui, chiffre à 2000 le nombre de cyberattaques contre les infrastructures d’En Marche, parmi lesquelles 900 tentatives d’intrusion viendraient d’Ukraine… ce qui ne prouve rien sur l’identité des hackers, précisons-le. Pour autant, dans une interview, Richard Ferrand, le Secrétaire général d’En Marche, s’alarme des risques d’une ingérence russe dans la campagne présidentielle.
Une campagne de pourrissement de la présidentielle ?
Richard Ferrand s’en est pris également aux médias financés par le Kremlin, comme Sputnik, qui a publié les rumeurs sur la double vie d’Emmanuel Macron. Rumeurs démenties. Sputnik a également diffusé la rumeur selon laquelle Julian Assange de Wikileaks aurait des “informations intéressantes” sur le candidat Macron… Moscou, tout comme les médias visés par Richard Ferrand, ont réagi en démentant les accusations d’ingérence, les qualifiant même d’ « absurdes ».
Impossible toutefois de ne pas se demander si une cybercampagne de pourrissement de l’élection présidentielle française n’a pas déjà commencé. On ne peut pas ignorer les nouveaux risques qui pèsent sur la présidentielle. Ils sont principalement de trois ordres. Il y a la diffusion massive, via des robots et des comptes factices sur les réseaux sociaux, de fausses informations, de messages de propagande ou de rumeurs dénigrantes et infondées. Il y a le risque de révélations d’e-mails confidentiels volés et de données personnelles récupérées par des actes de hacking. Mais l’Etat va aussi devoir s’assurer de la sécurité des systèmes qui permettent de faire compiler les résultats, remontés depuis les bureaux de vote.
Une sécurité forcément limitée
Un prochain Conseil de Défense devrait faire le point sur ces dangers. Mais il y aura des limites à une sécurisation de l’élection nationale. Guillaume Poupard, de l’Anssi, nous a rappelé, notamment, qu’il « serait étrange que l’Etat gère la sécurité informatique des partis politiques ». Sécuriser ses propres systèmes, oui, mais ceux des partis ? Serait-ce pertinent ? Souhaitable ? Aujourd’hui, ce n’est pas son rôle, en tous cas. A ce jour, l’Autorité nationale de sécurité des systèmes d’information ne peut s’en tenir qu’à informer, prévenir des risques et rappeler les bonnes pratiques…
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