Des cyberattaques sont venues secouer plusieurs villes, régions, et départements français dans la journée du 10 mars 2025. Une vingtaine de sites français ont été touchés par une vague d’attaques DDoS (Distributed Denial of Service, ou déni de service distribué en français) de grande envergure, rapporte le chercheur Clément Domingo sur son compte X.
Parmi les victimes, on trouve les sites de la Seine-Maritime, la Loire-Atlantique, les Bouches-du-Rhône, la Ville-Dunkerque, la Moselle, la Ville-Levallois, le Mans, la Sarthe, ou encore le Doubs, Le Nord, MyProvence. Les sites officiels de SFR, Free, Bouygues Telecom, et La Poste Mobile ont également été mis à terre pendant un temps. Peu après, les sites d’autres groupes français, comme France Télévisions Publicité, ont aussi été pris pour cibles. Des heures plus tard, Orange a aussi été touché. L’espace client du FAI s’est retrouvé inaccessible.
Au cours de la même journée, la Ville de Lorient (Morbihan) a par ailleurs subi une intrusion informatique, rapporte Ouest-France. L’attaque a permis « de dérober une liste contenant des informations professionnelles relatives aux agents municipaux ». Selon la municipalité, « les données concernées sont les suivantes : nom, prénom, adresse e-mail professionnelle, fonction de l’agent ». On ignore si ce vol de données est lié de près ou de loin avec les salves d’attaques DDoS essuyées par des entités françaises.
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Pourquoi des hacktivistes s’attaquent à la France
L’offensive, évoquée par les pirates sous le nom #opFrance, a été orchestrée par plusieurs groupes d’hacktivistes, dont les pirates de NoName057(16). Apparu en mars 2022 durant l’invasion militaire russe en Ukraine, le groupuscule est connu pour ses attaques DDoS (Distributed Denial of Service) contre des cibles occidentales soutenant Kiev. Ils ont notamment frappé l’Espagne dans le cadre d’une opération intitulée #OpSpain. Depuis sa création, le gang multiplie les recrutements sur Telegram, proposant parfois des récompenses en cryptomonnaies à ses membres.
Cette opération d’envergure a été provoquée par les dernières prises de parole d’Emmanuel Macron au sujet de la guerre en Ukraine. Le chef de l’État a dénoncé des « tentatives russes de plus en plus désinhibées de déstabilisation » à l’encontre de la Moldavie, pays voisin de l’Ukraine, et de ses « institutions démocratiques ». Emmanuel Macron a estimé que « Moscou crée des crises pour prétendre ensuite vouloir contribuer à les résoudre selon ses propres termes ».
C’est pourquoi la France va mobiliser 195 millions d’euros pour venir en aide aux forces ukrainiennes. Ce montant, provenant des intérêts des actifs russes gelés depuis l’invasion de l’Ukraine, « permettra de livrer des obus de 155 mm ainsi que des bombes planantes AASM qui arment les Mirage 2000 ukrainiens », a annoncé le ministre des Armées Sébastien Lecornu à La Tribune dimanche. Les hacktivistes s’en sont donc pris à la France pour montrer leur soutien envers la Russie.
La France dans le collimateur des pirates
Ce n’est pas la première salve de DDoS subie par la France au cours des derniers mois. En septembre dernier, une vingtaine de sites web, dont ceux de Reims, Lille ou encore Bordeaux, ont été paralysés par des attaques venues de la Russie. Là encore, ce sont les hackers de NoName057(16) qui étaient à l’œuvre.
Ces dernières années, la France a d’ailleurs enregistré une explosion des incidents de sécurité. L’an dernier, l’Anssi, l’agence française spécialisée dans la cybersécurité, a enregistré 4.386 « événements de sécurité » sur des systèmes informatiques en France. C’est une hausse de 15 % par rapport à 2023, explique l’agence à France Inter. Le nombre d’incidents a explosé au mois de juillet « dans le contexte des Jeux olympiques et paralympiques ». Ces attaques ont été « principalement menées par des groupes hacktivistes pro-russes et pro palestiniens, dont certains pouvant être affiliés à des États », indique l’Anssi.
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