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Curiosity : faire des petits trous sur Mars peut aussi sauver des vies sur Terre

De fabrication française, le laser d’analyse du robot d’exploration de la Nasa est désormais décliné pour des usages civils, comme la protection de l’environnement ou la criminologie. Un bel exemple de transfert technologique.

Aujourd’hui, mardi 24 juin, cela fera exactement un an que le robot d’exploration Curiosity a posé ses roues sur Mars. Un an compté en temps martien évidemment, car le rover le plus cher de tous les temps – 2,5 milliards de dollars – est arrivé sur la planète rouge le 6 août 2012.

A l’occasion de cet anniversaire, les équipes françaises de ce projet hors norme ont sorti les banderoles et le champagne. Et il y a de quoi : alors que les roues de ce laboratoire mobile commencent déjà à faiblir, l’instrument d’analyse ChemCam – un outil fabriqué par notre CEA, cocorico ! – est plus que jamais fidèle au poste.

Tous les jours, il continue de faire ses petits trous sur Mars à l’aide de son canon laser, histoire de connaître la composition des roches environnantes. « Nous allons bientôt dépasser les 150.000 tirs. On espère pouvoir en faire un million », explique Sylvestre Maurice, astrophysicien et responsable français de l’instrument ChemCam au sein du projet scientifique.

Le principe de fonctionnement de ChemCam est relativement simple. Le canon laser focalise un point sur la roche où il génère une telle chaleur que les molécules à la surface sont totalement désagrégées pour former une vapeur d’ions et d’atomes, également appelée plasma. Mis dans cet état d’excitation, chaque élément en suspension va émettre une lumière particulière à partir de laquelle la ChemCam pourra déduire sa nature (fer, carbone, cobalt, etc.). Le spectre global permettra donc de déduire la composition de cette matière désintégrée.

L’avantage de ce procédé est que l’analyse se fait manière instantanée et à distance (jusqu’à sept mètres). Des caractéristiques qui peuvent également être très utiles sur Terre. C’est pourquoi cette technologie est désormais disponible ici-bas, au travers des sociétés Bertin et  Ivea. Basée à Orsay, cette dernière a été créée par essaimage en 2005.

Le champ d’application est large : analyse de matériaux en milieu hostile (centrale nucléaire par exemple), contrôle de la qualité de l’air et surveillance de l’environnement, recyclage de déchets, analyses criminalistiques, sécurité civile et militaire, voire même pour les fouilles archéologiques. Compte tenu de la taille des cratères générés (< 40 micromètres), l’analyse par laser « apparaît donc moins destructrice qu’un prélèvement classique au scalpel », peut-on lire dans le dossier de presse du CEA.

C’est la preuve, s’il fallait la donner, qu’explorer l’espace génère des retombées techniques et économiques très concrètes. Et c’est aussi une bonne raison, pour l’équipe française, de lever les verres.

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Gilbert Kallenborn