” CS Télécom est une société totalement viable. Nous devons obtenir les moyens d’en donner la preuve. Ses 350 salariés et ses clients sont prêts à le faire. ” Pour Jacquy Lhomme, délégué syndical CGT et membre du comité d’entreprise, comme pour tous les salariés du constructeur d’équipements de télécommunications, CS Télécom ne doit pas disparaître corps et âme. La direction reste muette.L’ intersyndicale de CS Télécom s’est en effet réunie le 22 mai pour dénoncer la gestion de leur entreprise par sa maison mère, le groupe Communication et Systèmes. Mise en cessation de paiement, CS Télécom a lancé un appel d’offres le 14 mai pour trouver un éventuel repreneur. Si le 31 mai, aucun dossier n’a été retenu par le nouvel administrateur de CS Télécom, la société disparaîtra.Or les salariés de l’intersyndicale ont tenté de démontrer, le 22 mai dernier, la viabilité de la filiale du Groupe CS ainsi que les erreurs de gestion, voire les problèmes d’opacité du management, qui ont conduit à la déroute actuelle. Après sa reprise par le groupe CS en 1998, CS Télécom atteignait l’équilibre avec un chiffre d’affaires de 800 millions de francs.La société comptait alors 620 personnes, dont 120 sous-traitants, et disposait de 10 filiales internationales. En 2000, le chiffre d’affaires de CS Télécom ne se montait plus qu’à 520 millions, et son résultat d’exploitation était négatif de 200 millions de francs.
Des freins à la production
L’intersyndicale attribue ces mauvais résultats aux montages financiers effectués par la maison mère entre CS Télécom et CS Electronics. CS Electronics achète la matière première sur les fonds de CS Télécom et cette dernière les revend à prix coûtant à CS Electronics. Enfin, CS Electronics fabrique les composants et les refacture à CS Télécom. Or, selon les syndicats, ce montage financier a abouti à endetter CS Electronics pour un montant de 220 millions de francs en faveur de CS Télécom.Ce montage classique n’aurait posé aucun problème s’il avait été réalisé dans les règles de l’art, et si CS Télécom avait quelque visibilité sur la gestion de ses stocks, ce qui n’est pas le cas : ” Nous ne pouvons honorer nos commandes car nous ne savons même pas ce dont on dispose ! ” explique Jacquy Lhomme.Ainsi, l’intersyndicale estime que le groupe ” s’acharne “ sur CS Télécom en mettant en place des ” man?”uvres pour forcer la liquidation ” : blocage de la production à l’usine de CS Electronics, problèmes de renégociations de contrats avec des clients à l’étranger à la suite de la fermeture des bureaux, notamment au Brésil, assèchement de la trésorerie de CS Télécom.
Des caisses vides
A la veille de la mise en redressement judiciaire, les dirigeants du groupe CS, le PDG Yazid Sabeg et ses acolytes auraient vidé les comptes courants de CS Télécom, récupérant près de 6 MF. Face à ces accusations, la communication du groupe s’autorise pour seule réponse un ” je ne sais pas “ franc et massif.Parallèlement, le groupe devrait à CS Télécom près de 16 MF, ” de quoi tenir le coup et nous donner le temps de nous retourner “, ajoute Jacquy Lhomme. Sur ce point précis, la direction aurait affimé sa volonté de payer ses dettes.Les salariés de CS Télécom croient encore dur comme fer à la possibilité de survie du constructeur. Mais le délai donné aux éventuels repreneurs est très court : la date limite de la réponse à l’appel d’offre, lancé le 14 mai 2001, est fixée au 31 mai.
Quel repreneur ?
L’intersyndicale espère faire fléchir la décision de l’administrateur nommé par le tribunal de commerce et obtenir un délai d’un mois : “P
our prouver qu’on peut honorer nos contrats et atteindre l’équilibre. ” La reprise éventuelle de CS Télécom semble parsemée d’embûches, tout comme son histoire.Dès juin 2000, CS Télécom avait cherché partenaires ou repreneurs. A l’époque, Yazid Sabeg avait affiché sa volonté de revendre CS Télécom pour près de 2 milliards de francs selon nos sources.Six mois plus tard, la société était en pourparlers avec BC Partners. Echec. La direction aurait été encore trop gourmande : elle demandait 650 MF.En avril 2001, la situation était toute autre : publiquement intéressée par la reprise, Italtel suspendait ses discussions avec le groupe CS à la fin du mois. Pourtant, la rumeur veut que le montant de la reprise ait été de zéro francs. Plus le passif, sans doute.Aujourd’hui, les 350 salariés de CS Télécom espèrent encore. Dans le cas d’une cessation d’activité, l’intersyndicale souhaite un vrai plan social. La direction aurait répondu à l’affirmative, mais aurait précisé que CS Télécom devrait en financer la totalité…Difficile quand les caisses ont été vidées par la maison mère !
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