Le Boston Consulting Group (BCG), un cabinet de conseil en stratégie américain, vient de publier une étude consacrée à l’adoption des cryptomonnaies. Après avoir analysé une foule de données, fournies notamment par des banques ou des plates-formes d’échange, le cabinet estime que l’utilisation des monnaies numériques va continuer à se répandre.
« Nous pensons que l’économie crypto est là pour rester », déclare la BCG dans son rapport.
L’étude table sur un milliard d’utilisateurs de cryptomonnaies d’ici à 2030. Coinbase, l’une des plus importantes plates-formes destinées aux crypto-actifs, est du même avis. Lors d’une conférence organisée en mai dernier, Brian Armstrong, le PDG de l’entreprise, a en effet estimé que l’adoption des cryptomonnaies va inévitablement exploser dans les années à venir. Selon les données recueillies par Statista, la base d’utilisateurs a déjà « augmenté de près de 190 % entre 2018 et 2020 ».
Actuellement, le marché crypto compte approximativement 200 millions d’usagers dans le monde. Aux États-Unis, 21 % de la population a déjà investi dans les crypto-devises, révèle une étude de NBC News. L’engouement est moindre en France. D’après une étude de l’Association pour le développement des actifs numériques (Adan) et KPMG, 8 % des Français possèdent des devises numériques, comme du Bitcoin ou de l’Ether, par exemple. Surtout, 30 % des individus envisagent de passer le cap. Plus largement, 60 % des Européens sont confiants dans l’avenir des cryptomonnaies, indique un sondage de la plate-forme Bitflyer réalisé en 2020.
La genèse de l’adoption des cryptomonnaies
Dans son rapport, le BCG affirme que l’adoption des monnaies numériques n’en est qu’à ses débuts. D’ailleurs, le taux de détention des cryptomonnaies est encore faible par rapport aux actifs traditionnels, comme les actions en bourse. Seulement 0,3 % du capital des particuliers est détenu en cryptomonnaie, contre 25 % pour les actions, note l’étude. Les experts précisent que ce taux de « pénétration relativement peu élevé » laisse entrevoir une belle marge de croissance. Le BCG compare l’adoption des crypto-actifs à l’explosion de l’utilisation d’Internet dans les années 1990.
Ce rapport survient alors que tout l’écosystème crypto est dans le rouge. La chute du projet Luna, la faillite de la plate-forme Celsius et du fonds d’investissement 3AC a profondément marqué les investisseurs. Dans ce contexte incertain, le cours du Bitcoin s’est écroulé. La reine des cryptomonnaies s’échange désormais autour des 23 000 dollars, loin des 69 000 dollars de novembre 2021. Néanmoins, le récent effondrement du marché n’entamera pas l’adoption des actifs numériques, souligne l’étude.
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Web3 et pays émergents
Pour expliquer l’engouement suscité par le secteur, le BCG met en exergue la multiplication des usages avec l’essor du Web3, cette version décentralisée d’Internet. Le développement des tokens non fongibles (NFT), des jeux vidéo crypto (PlayToEarn, MoveToEarn) et de la finance décentralisée (DeFi) ont dopé l’intérêt des internautes. Ces tendances ont permis d’attirer de nouveaux utilisateurs, initialement peu intéressés par la finance ou les cryptomonnaies.
L’étude met aussi en avant l’intérêt grandissant des pays émergents, dont l’infrastructure bancaire et financière est insuffisante. Au Nigeria, où l’inflation de la monnaie nationale atteint des records, 42 % de la population détient des cryptomonnaies, indique Statista. Plus de 400 millions de dollars de transactions annuelles sont enregistrés dans le pays.
Même son de cloche dans des pays comme l’Argentine, le Mexique, l’Inde, la Thaïlande ou encore le Vietnam. Dans ces nations où le taux de bancarisation est faible, la cryptomonnaie permet d’accéder à des services généralement offerts par les banques. En passant par les crypto-devises, certaines populations peuvent envoyer des fonds à l’étranger sans devoir s’acquitter de frais exorbitants. C’est d’ailleurs en partie pour éviter à ses habitants de dépendre de services comme MoneyGram et Western Union que le Salvador a adopté le Bitcoin comme seconde monnaie légale en 2021. 23 % du PIB du pays repose en effet sur les fonds reçus depuis l’étranger.
Pour l’heure, les investisseurs particuliers « restent les plus gros détenteurs de cryptomonnaies ». Cependant, les investisseurs institutionnels, comme les banques, les fonds d’investissement ou de placement, se tournent de plus en plus vers ces actifs alternatifs. Le BCG prédit qu’une pléthore de fonds de pension va aussi se lancer, notamment en investissant dans des firmes de l’écosystème ou en misant sur des fonds négociés qui suivent l’évolution des cryptomonnaies.
Des acteurs clés de l’industrie financière, comme PayPal, Visa, Mastercard ou encore Stripe, devraient également contribuer à faire exploser l’adoption des devises numériques. Depuis fin 2020, PayPal permet d’ailleurs d’échanger des cryptomonnaies. De leur côté, Visa et Mastercard proposent aux détenteurs de payer avec leurs avoirs par le biais de leur carte. Enfin, on se souviendra que Stripe, le processeur de paiement pour les entreprises sur Internet, facilite la vie des commerçants qui souhaitent accepter les cryptomonnaies.
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Source : Github