« Mon travail consistera à vous libérer » : samedi 27 juillet, Donald Trump était l’un des orateurs les plus attendus lors de la conférence annuelle sur le bitcoin à Nashville, dans le Tennessee – une première pour un candidat à la présidence d’un grand parti. Devant un parterre de milliers d’amateurs de cryptomonnaies qui portaient pour certains des casquettes « Make Bitcoin Great Again », l’ancien président républicain a promis que le pays deviendrait « la superpuissance mondiale du bitcoin », la capitale des cryptomonnaies : un discours pro-cryptoactifs applaudi par un secteur plus qu’agacé des poursuites et des tentatives de réglementation initiées pendant le mandat de Joe Biden.
Face à lui, Kamala Harris, probable candidate démocrate, tente d’approcher plusieurs entreprises du secteur, rapporte le Financial Times, le 27 juillet dernier. L’objectif serait de développer « un cadre réglementaire intelligent qui favoriserait la croissance de l’ensemble de la classe d’actifs », écrivent nos confrères.
Il y a trois ans pourtant, Donald Trump décrivait le bitcoin comme « une escroquerie » qui menacerait le dollar américain. « Les cryptoactifs non régulés facilitent les comportements illégaux, dont le trafic de drogue », expliquait-il sur X. » C’est désormais un virage à 180 degrés qui semble avoir convaincu une partie de l’écosystème. « Il sera le premier président de la cryptomonnaie », s’est par exemple enthousiasmé le capital-risqueur Shervin Pishevar, interrogé par le Financial Times, ce mardi 30 juillet.
Limoger le patron de la SEC, mettre fin à la « répression »… les promesses de Donald Trump
Il faut dire que l’ancien président américain n’a pas ménagé ses efforts pour tendre la main au secteur entaché par différentes affaires, dont celle de Sam Bankman-Fried – le fondateur de FTX a été condamné cette année à 25 ans de prison pour fraude.
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Il a d’abord promis de limoger « dès le premier jour » Gary Gensler, l’homme à la tête de la Security and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse américain, vu comme un détracteur des cryptomonnaies. C’est sous sa direction que la SEC a initié des poursuites contre Binance, Coinbase, Kraken, Gemini, Ripple Labs ou Consensys, les accusant de violer les lois sur les valeurs mobilières. Gary Gensler est en poste jusqu’en juin 2026.
Il a ensuite promis de mettre fin à « la répression », du pain béni pour l’écosystème qui estime que la volonté de réglementation du gouvernement américain est une approche agressive, qui étoufferait l’innovation. « Je promets à la communauté Bitcoin que le jour où je prêterai serment, la croisade anti-cryptos de Joe Biden, Kamala Harris, prendra fin », a-t-il affirmé.
Pour Marc Andreessen, cofondateur de la société de capital-risque Andreessen Horowitz, les cryptoactifs ont subi « un assaut brutal » sous Joe Biden et Gary Gensler. « Il a été intensément frustrant et impossible de progresser sur ce sujet avec la Maison-Blanche », déplore-t-il dans les colonnes du Financial Times.
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Un point de vue partagé par Donald Trump, qui a déclaré que les règles devraient être « écrites par des personnes qui aiment votre industrie, et non par des personnes qui détestent votre industrie ». Il s’est aussi engagé à créer une « réserve stratégique nationale de bitcoins » en conservant les 210 000 bitcoins confisqués par le gouvernement fédéral. Ces derniers seraient transformés en « noyau dur de réserves stratégiques nationales ». Autre promesse : il compte gracier, s’il est élu, Ross Ulbricht, le créateur de Silk Road condamné à la prison à vie pour avoir développé une énorme place de marché de la drogue sur le Dark Web. Il a enfin défendu l’abandon de tout projet de dollar numérique (appelé CBDC) – une demande répétée des lobbys des cryptoactifs.
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Ce discours pro-cryptomonnaie a eu un effet sur le cours du bitcoin, qui a atteint un niveau proche de son record lundi 29 juillet (70 000 dollars). Selon nos confrères, les plus grandes figures et entreprises du secteur seraient prêts à soutenir la campagne de Donald Trump face à une Kamala Harris qui ne prône pas la déréglementation. La probable candidate démocrate tente d’ailleurs de convaincre qu’elle n’est pas hostile aux cryptoactifs. Selon nos confrères, elle aurait approché ces derniers jours Coinbase, Circle et Ripple. Pour certains, il s’agit clairement d’un changement d’approche par rapport à Joe Biden. « Le fait qu’elle soit prête à écouter est important. Avec Biden, vous ne pouviez même pas obtenir une réunion…. Les gens ont une très mauvaise opinion de l’administration Biden », a expliqué chez nos confrères un dirigeant d’une entreprise de cryptomonnaies.
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