À la suite de la faillite de FTX, un nouveau PDG a été nommé à la tête de l’entreprise : John Ray III. Avocat expert en restructuration, il est chargé de mener à bien la procédure de faillite de l’empire FTX sous la houlette des tribunaux américains. Il est notamment connu pour avoir géré la liquidation d’Enron, un géant du secteur de l’énergie qui s’est effondré après une fraude financière en 2001.
Dans un document judiciaire adressé à un tribunal du Delaware, John Ray III s’est étonné du fonctionnement de l’entreprise FTX et des pratiques du fondateur, le controversé Sam Bankman-Fried (SBF) :
« Jamais dans ma carrière, je n’ai vu un échec aussi complet des mécanismes de contrôle d’une entreprise et une absence aussi flagrante d’informations financières fiables comme cela s’est produit ».
Les coulisses d’un fiasco historique
Médusé, l’avocat, qui jouit de 40 ans d’expérience, s’est rapidement rendu compte que le chaos régnait dans l’entreprise. Alors que FTX brassait des milliards de dollars, Sam Bankman-Fried et ses collaborateurs ont négligé de mettre en place un service de comptabilité. De facto, FTX n’est pas en mesure de fournir la liste de ses 50 principaux créanciers, pourtant requise par les tribunaux. Notez que FTX cumule plus d’un million de créanciers dans le monde. Encore plus consternant, l’entreprise ne dispose pas d’un répertoire centralisant tous ses comptes bancaires. On remarque la même pagaille du côté des ressources humaines. FTX n’avait pas de liste détaillée de tous ses employés.
« De l’intégrité compromise des systèmes et de la surveillance réglementaire défectueuse à l’étranger, à la concentration du contrôle entre les mains d’un très petit groupe d’individus inexpérimentés, peu avertis et potentiellement compromis, cette situation est sans précédent », ajoute l’homme en charge de la faillite de FTX.
John Ray III s’étonne par ailleurs que Sam Bankman-Fried et Gary Wang, les deux fondateurs, « détenaient à eux seuls l’accès aux actifs numériques des principales entreprises du Groupe FTX ». L’avocat a aussi découvert que les employés, dont les cadres dirigeants, utilisaient une application de messagerie non sécurisée pour échanger des informations sensibles, dont des clés privées destinées à sécuriser des montagnes de cryptomonnaies. Sur ces chats, les employés déposaient des demandes de paiement de leurs salaires. Ils recevaient des réponses des dirigeants… sous la forme d’émojis, relate l’avocat.
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Les employés ignoraient les abus de Sam Bankman-Fried
Enfin, le PDG révèle que FTX International ne disposait que de 659 000 dollars de cryptomonnaies à la fin septembre. À l’époque, Sam Bankman-Fried assurait pourtant que l’exchange détenait 5,5 milliards de dollars en crypto-actifs. Il semble, au vu de l’enquête diligentée par John Ray III, que la plupart des salariés ignoraient que SBF détournait les fonds de la clientèle, pour investir dans l’immobilier ou pour soutenir Alameda Research, sa société de trading :
« De nombreux employés du groupe FTX, y compris certains des cadres supérieurs, n’étaient pas au courant des lacunes ».
Sam Bankman-Fried et son cercle de proches collaborateurs seraient donc les principaux responsables du désastre. Dans ce contexte, l’avocat spécialisé a tenu à distancer l’entreprise de son fondateur, qui multiplie les « déclarations publiques erratiques et trompeuses ». L’ancien milliardaire s’est notamment fait remarquer par des aveux étonnants.
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Source : Document judiciaire
Monsieur John Ray III semble être à la hauteur de la tâche qui lui est assigné