Ils sont quatre jeunes diplômés de Polytechnique : Jonathan Donier, Antoine Tilloy, Pierre Baqué et Augustin Francis-Bœuf. Spécialistes de l’étude des marchés, ils viennent de lancer en toute discrétion CrowdGuess, un site français de marché prédictif à l’occasion des élections municipales. Toutes les précisions avec Antoine Tilloy.
01net : Comment est née l’idée de ce site ?
Antoine Tilloy : Cela fait deux ans maintenant que nous y réfléchissions. Il y avait déjà des exemples qui fonctionnent aux Etats-Unis mais le site qui nous a vraiment inspiré, c’est Intrade. Il a très bien marché mais a dû fermer en 2013 quand la législation américaine a changé. La spécificité d’Intrade, c’était de permettre de parier sur des pronostics d’événements ayant un intérêt général, comme les élections présidentielles. Il ne s’agissait pas de parier sur des chevaux ou du sport comme c’est le cas avec des sites de paris traditionnels.
En quoi ces paris ont-ils valeur d’information ?
Il n’y a pas besoin d’avoir un échantillonnage représentatif de la population mais il faut une certaine taille critique de participants. Grâce à cela, le prix va gagner en précision. Plus il est précis, plus il va prédire les résultats de façon fiable et même plus fiable qu’un sondage, selon plusieurs études réalisées sur le sujet. L’autre différence avec le sondage, c’est qu’il évolue en permanence et qu’on peut le suivre en temps réel sur le site.
Mais pour que cela marche, il faut qu’il y ait un risque de gagner ou de perdre quelque chose qui a de la valeur. Quelqu’un qui soutient NKM, par exemple, pariera en faveur de son opinion politique si rien n’est en jeu. En revanche, il aura une approche plus stratégique s’il joue de l’argent. C’est la raison pour laquelle le site Predipol [un site de marché prédictif lancé en France avant les élections régionales de 2010] n’a pas fonctionné : on ne pouvait gagner que des points et des cadeaux.
Pourquoi des gains en bitcoins ?
Le cadre légal est compliqué dans notre pays où les marchés prédictifs en monnaie réelle sont interdits. On profite donc d’une sorte de zone grise en utilisant des bitcoins. Mais ce n’est qu’une solution temporaire. Nous n’en sommes vraiment qu’au tout début. On a profité des municipales pour lancer notre site il y a deux mois. On voulait tester le concept avant de créer notre entreprise. C’est pour cela que nous nous sommes concentrés sur les résultats des municipales et uniquement sur Paris. Comme notre idée fonctionne, nous allons maintenant passer à la vitesse supérieure avec une vraie structure. Il faut augmenter le nombre de traders, qui s’élève à une centaine actuellement. Et on va mettre en ligne une nouvelle version du site.
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