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Croissance économique : la France doit règler ses comptes

La croissance du marché de l’emploi dépasse aujourd’hui celle de la richesse nationale, ce qui constitue un non-sens économique.

Mais que se passe-t-il dans la statistique française ? Au troisième trimestre, la croissance économique de l’Hexagone n’a été que de 0,2 % hors stocks, alors qu’au cours de cette même période, les indicateurs de confiance dans l’industrie et dans les services ont atteint des sommets. La faible progression de la consommation des ménages aux deuxième et troisième trimestres 2000 (respectivement 0,2 % et 0,4 %) est encore plus éloquente : durant cette période, la confiance des ménages a atteint des pics historiques au cours de ces mêmes trimestres.En fait, il s’agit là d’un biais statistique, dans la mesure où l’Insee a une acception trop industrielle de la consommation et mesure mal la richesse créée par les services nés de la révolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Or, ces derniers sont justement le vecteur essentiel du dynamisme récent de la consommation des ménages.De plus, l’Insee n’intègre pas les dépenses de recherche-développement dans sa définition de l’investissement. Ainsi, la croissance globale du PIB, déjà satisfaisante à 3,2 %, est en réalité plus proche de 4 %. Cette sous-estimation d’environ 0,8 point de la croissance économique française est corroborée par l’évolution récente de l’emploi.Tout d’abord, le processus de ” destruction créatrice “, propre à toute révolution technologique, est bien en marche actuellement en France. Effectivement, comme cela s’observe depuis 1998, l’industrie est le théâtre de moindres créations, voire de destructions d’emplois. En revanche, les services réalisent des créations d’emplois exceptionnelles, dont environ la moitié provient des secteurs des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ces dernières ne sont donc pas seulement du virtuel, mais génèrent de fortes créations de richesses.

Intégrer la nouvelle économie

De plus, en atteignant 3,5 % au troisième trimestre 2000, le glissement annuel de l’emploi salarié en France a franchi un nouveau sommet historique depuis les années soixante-dix. Mais surtout, la croissance du marché du travail dépasse aujourd’hui celle du PIB, ce qui est un non-sens économique, dans la mesure où on ne crée pas d’emplois ex nihilo. Ceci reflète tout simplement le problème de mesure du PIB par l’Insee, qui n’intègre que faiblement la création de richesse par de nombreux services, notamment dans la nouvelle économie.Pourtant, ces mêmes secteurs sont actuellement les plus riches en emplois. C’est ce qui explique cette apparente exagération de l’emploi par rapport à la croissance. A l’instar des Etats-Unis, depuis 1996, et du Japon, depuis la fin 2000, la France et l’Euroland doivent donc inévitablement modifier leurs comptes nationaux.A cet égard, il est édifiant de noter que la révision des comptes nationaux nippons, qui permet désormais une meilleure intégration de la nouvelle économie (sur le modèle de calcul américain), a suscité un gain annuel de croissance de 0,7 point en moyenne sur les trois dernières années.C’est donc maintenant à l’Institut français de statistique, et à son homologue européen Eurostat, de faire leur propre ” révolution ” pour calculer notre véritable croissance économique !

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Marc Touati