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Croissance du marché du semiconducteur : trop d’idées préconçues circulent

Les Américains sont en général pessimistes concernant l’avenir de l’électronique et tout particulièrement l’évolution du marché du semiconducteur. Leurs arguments peuvent pourtant être facilement combattus.

‘ Désormais, le marché du semiconducteur croîtra de moins de 10 % l’an. ‘ Cette opinion solide et même parfois bien carrée ?” certains sortent de leur chapeau un +8 %
l’an ?” est aujourd’hui largement répandue parmi les dirigeants américains du semiconducteur. Elle est soutenue dans leur esprit par trois phénomènes répétés comme des théorèmes :


De toute façon, l’électronique, à terme, ne pourra pas croître plus vite que la somme des produits intérieurs bruts mondiaux ; nous allons donc bien nous rapprocher d’une asymptote un jour ou l’autre.


Le semiconducteur représente déjà 20 % du coût des produits électroniques. Il lui serait difficile de dépasser ce chiffre.


Les prix des circuits intégrés sont condamnés à baisser plus vite que dans le passé car l’avenir est à l’électronique grand public, avec une montée en puissance de la Chine.Ces arguments sont à classer dans deux catégories : ceux qui concernent l’électronique en général et ceux qui sont plus ciblés sur les semiconducteurs. Concernant l’électronique en général, à chacun de juger les ordres de
grandeur : le PIB mondial sera de 37 400 Md$ en 2005 ; le chiffre d’affaires de l’électronique mondiale sera de 1240 Md$ : il y a tout de même de la marge pour que les pays développés se fassent toujours plaisir et que
les pays sous-développés commencent à en profiter… Rappelons par ailleurs que des pans entiers d’applications potentielles de l’électronique comme le corps humain et l’aide aux organes défaillants, ou le
‘ Machine-to-Machine ‘ par exemple, n’en sont qu’au B.A.-BA de l’utilisation de l’électronique.A plus court terme, rappelons également que les circuits intégrés multiplient toujours leurs performances par quatre tous les trois ans (et même tous les deux ans depuis 2000), offrant ainsi un potentiel d’innovation croissant ;
parallèlement, si l’innovation a été tirée par les nouvelles architectures de PC entre 1971 et 1995, elle est tirée depuis 1995 par des mutations encore plus importantes qui ont pour nom IP, ADSL, OFDM, Mimo, MPEG, écrans plats, etc. Les moteurs de
l’électronique de demain ne seront certes plus les PC mais les récepteurs TV géants, mobiles, ou portatifs ou les appareils nomades en général. Signe avant-coureur positif : l’an passé, l’électronique mondiale aura crû de 11 % alors que la
moyenne historique est de 8 % !

La loi de l’offre et de la demande

Venons-en aux semiconducteurs, qui seraient condamnés à ne représenter que 20 % du prix des matériels électroniques. Pour les produits matures existants, comme les PC, c’est peut-être vrai. Mais pour les autres ? Il faut des
dizaines de circuits pour faire fonctionner un écran plat TV alors qu’un CRT se débrouille tout seul. Or nous n’en sommes qu’aux débuts des écrans géants ; les futurs amortisseurs électroniques de première génération de nos voitures seront sans
doute bien bêtes par rapport à ceux des générations suivantes ; de même pour les premiers genoux artificiels ‘ de série ‘… Compte tenu de l’augmentation incessante des performances des
semiconducteurs, nous voyons mal l’importance relative de ces derniers baisser et donc la loi de l’offre et de la demande jouer en leur défaveur.Pour les années qui viennent, et hors phénomènes de prix ou de stocks, il ne faudrait sans doute pas être surpris de voir ainsi la croissance du marché du semiconducteur passer à 10 % (pour l’électronique) +3 % (pour la
pénétration des semiconducteurs dans l’électronique), soit 13 %. ‘ Mais, avec le glissement des applications vers le grand public, les prix sont condamnés à baisser ‘, nous disent les Américains.
Argument irrecevable. De tout temps, les prix ont été fixés par la loi de l’offre et de la demande. En deçà d’un certain prix, les vendeurs refusent de vendre, que l’acheteur vienne des secteurs grand public, informatique ou automobile ; sinon,
il y aurait pertes, disparitions des investissements… et les prix remonteraient un jour ou l’autre par manque d’offre.Si les Chinois ne peuvent pas s’acheter un produit jugé trop cher, ils attendront l’année suivante. De toute façon, pour les fabricants de semiconducteurs, les pays émergents, c’est du bonus total : autrefois, ils comptaient pour
presque rien dans leur CA.* Directeur de la rédaction de Electronique International Hebdo.Prochaine chronique : jeudi 2 juin 2005.

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Jean-Pierre Della Mussia*