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Crise de croissance pour la photo numérique

La photo numérique, qui a connu un véritable boom, pourrait devenir le moteur de l’électronique grand public. Mais face à la concurrence, les acteurs font preuve d’ingéniosité pour sauver leurs marges.

Les fabricants japonais, qui produisent 80 % des appareils photo numériques vendus à travers le monde, se livrent à une concurrence acharnée pour accroître leurs parts sur un marché porté par la baisse des prix et les progrès en terme de qualité d’impression.Après avoir doublé l’an passé pour atteindre 11 millions d’unités, le marché des appareils numériques devrait connaître cette année une croissance de 40 à 50 %.Mais, pour rester à ce niveau de croissance, analystes et chefs d’entreprises estiment que les constructeurs risquent de procéder rapidement à une réduction des marges.Sony, Olympus, Fuji Film et Canon, les quatre principaux acteurs japonais de la photo numérique, poursuivent chacun l’objectif d’une part de marché mondiale de 20 à 25 %, tandis que Kodak et Hewlett-Packard concentrent leurs efforts sur les Etats-Unis.” Je pense que les premiers bénéficiaires en termes de part de marché ont gagné jusqu’ici 12 à 13 % de marge sur le matériel lui-même, mais je pense aussi que ces marges ne progresseront plus guère parce que la concurrence s’accroît et que les taux de croissances s’amenuisent “, explique Richard Kaye, analyste auprès du cabinet Merrill Lynch.

La fin du film argentique, le renouveau des imprimantes

Tous les analystes s’accordent autour du rôle déterminant des parts de marché et sur le fait que les secteurs connexes pourraient être les principaux bénéficiaires.” Bien sûr, la part de marché reste le facteur le plus important “, juge Masahiro Ono, analyste chez UBS Warburg. ” Une fois que le marché sera relativement stable, quiconque ayant la capacité de maintenir une part de marché de 20 à 30 % pourra réaliser des marges opérationnelles de 20 à 30 % “, poursuit-il.Selon Masahiro Ono, le marché ayant une croissance trop rapide et les produits proposés par les principaux acteurs restant très différents les uns des autres, il est encore impossible de juger des perspectives de chacun.Les déboires des géants du film argentique, comme Kodak et Fuji, sont en revanche tout à fait prévisibles. A l’opposé, les fabricants d’imprimantes et de cartouches, tout comme les opérateurs de services, tels que les albums photos en ligne, se frottent les mains.Selon certains analystes, Kodak et Hewlett-Packard, qui distribuent sous leur propre marque des appareils fabriqués au Japon, semblent avoir choisi de sacrifier leurs marges sur ces produits afin de promouvoir leurs imprimantes. Cela pourrait accroître encore la pression concurrentielle sur leurs fournisseurs.

L’appareil photo numérique devient un ” baladeur ” d’images

Reste que pour ces derniers, l’appareil photo numérique est bien plus qu’un simple produit.Sony en a fait une des pièces centrales de son projet visant à mettre en réseau les équipements électroniques des ménages : une source d’images fixes à traiter à l’aide d’un ordinateur portable Vaio, connecté à une imprimante de la marque et capable d’échange, par exemple avec un caméscope ou un lecteur audio, via le système de stockage des données Memory Stick. Rien que ça !” Nous concevons les appareils photo numériques comme des systèmes d’entrée, un portail pour les images à importer “, explique Shigeki Ishizuka, président de la branche Personnal Imaging de Sony Corp.Les fabricants d’appareils argentiques, soucieux de rester dans la course, parient également sur le numérique, mais assurent dans le même temps qu’il encore trop tôt pour annoncer la mort de l’image traditionnelle. La Japan Camera Industry Association évalue à 6,4 % la baisse des volumes livrés l’an passé et prévoit une nouvelle contraction de 7,3 % cette année.Nikon vise par exemple 10 % du marché numérique et cherche dans le même temps à relancer son activité argentique en proposant une nouvelle gamme d’appareils 35 mm. ” Le marché va se contracter, mais il ne disparaitra pas “, affirme Makoto Kimura, directeur général du planning stratégique chez Nikon. ” Bien qu’il n’y ait rien que le numérique ne puisse faire, il est encore perfectible “, conclut-il.

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La rédaction (avec Reuteurs)