Sondage récent du magazine américain Fast Company, l’un des rares rescapés de la débâcle subie par la presse branchée high-tech : “Vous êtes un nouveau leader. Que scrutez-vous le plus ? Les chiffres, les clients, les employés, les produits ?” Réponse : les employés, 37 % ; les clients, 25 % ; les chiffres, 24 % ; les produits, 14 %. Les esprits chagrins diront que l’on s’occupe effectivement beaucoup des employés quand on les licencie. Les autres reconnaîtront peut-être une tendance de fond à se préoccuper de la vraie richesse de l’entreprise, son capital humain. Aujourd’hui, tout le problème vient de ce que financiers et entrepreneurs ne donnent pas le même sens à une même obsession : créer de la valeur. Pour les premiers, il s’agit de marchander au mieux la cotation financière de l’entreprise. Pour les seconds, il faut apporter sa contribution avec quelque chose de spécifique, de fort et de vrai sur un marché encombré par définition. D’où deux visions opposées du système d’information : un outil de productivité et de réduction des coûts d’un côté ; une plate-forme de mouvement et d’innovation de l’autre. La difficulté est de faire cohabiter ces deux visions. Apparemment, si l’on en croit les derniers résultats du World Economic Forum, la France, qui a perdu dix places en un an dans le classement des pays les plus compétitifs (elle se situe maintenant au trentième rang mondial), n’a pas fait les bons choix. “N’enterrons pas trop vite l’économie numérique”, a dit le Premier ministre en présentant son plan Reso 2007 (“Pour une république numérique dans la société de l’information”). Encore faudrait-il qu’elle soit vraiment née ! La France a d’abord besoin de changer radicalement ses mentalités et de faire travailler ensemble et dans la même direction financiers, entrepreneurs et technologistes. Dans ces conditions, peut-être, s’entendra-t-on sur le contenu de cette fameuse valeur à créer, celle qui pourrait enfin réconcilier patrons et actionnaires, employés et clients.
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