Loin des paillettes et des envolées – ou retombées – financières du Web grand public, une première vague de services Internet destinés aux entreprises arrive à maturité en France. Depuis l’automne dernier, ces sites fleurissent, souvent discrètement, comptant davantage sur la qualité de leur contenu que sur les grandes affiches pour se faire conna”tre et reconna”tre (voir 01 Informatique, n?’1586, page 24). Informations spécialisées, services d’intermédiation entre entreprises, communautés sectorielles… l’économie du pays se prolonge sur le réseau. Avec de nouveaux acteurs.
Certains de ces services, en effet, ont été conçus par des individus dont la démarche et les motivations figurent aux antipodes de celles de leurs confrères du grand public : leurs services se sont construits au fil du temps et n’ont pas pour mobile immédiat le profit. Passionnés, ils ont mis en ligne leurs connaissances avec la farouche volonté de faire d’abord partager leurs idées puis, éventuellement, d’en tirer des revenus. Pour y parvenir, ils ont, peu ou prou, suivi le même chemin. Première étape : l’acquisition d’une véritable expérience.
Des années d’ancienneté
“Le B to B ne s’improvise pas”, résume Alexandre Sidommo, créateur de Double Trade. com, un ” ancien ” du Web du haut de ses cinq ans de pratique. Cette bourse d’affaires montée en famille, ou le site de veille Abeille. org créé par Eric Bertrand, ou encore le portail de droit social fondé par Yvan Loufrani, professeur de droit du travail, ont un dénominateur commun : leurs créateurs ont fait bien souvent leurs premières armes dès l’arrivée du Net en France, parfois même avant. Ce n’est donc pas un hasard s’ils se montrent fin prêts aujourd’hui, préparant ou en plein lancement de leur deuxième version ou de leur quatrième site. Moins jeunes que leurs collègues médiatisés, ils gardent une approche sereine et humble d’un métier qu’ils commencent à bien conna”tre. Et surtout, leurs idées sont venues d’elles-mêmes, naturellement, puisqu’ils baignaient depuis plusieurs années dans leur métier : relation client, intermédiation, droit ou veille, ils n’ont fait que mettre en ligne leurs pratiques quotidiennes. Et c’est là, l’une des raisons de leur succès.
Répondre à un vrai besoin
ouvent, ces créateurs ont conçu ce qu’ils cherchaient sur le Net sans pouvoir le dénicher : comme Antoine Lemarchand, qui réalise son site d’information et de recherche de prestataires.
Cette nouvelle économie souterraine se construit ainsi par petites touches, dans la multiplication de services de niche tous bien ciblés sur des contenus et des publics particuliers. Petit à petit, ils étendent leur couverture en suivant la demande de leurs visiteurs. Catherine Monnoyeur donne ainsi naissance à Solo Connexion pour constituer son propre réseau d’affaires. Du coup, magie de l’économie en réseau, c’est elle qui devient l’expert face aux demandes souvent inattendues des visiteurs de son site.
Du classique “les outils n’existaient pas” au “je n’avais pas les moyens de sous-traiter”, en passant par “j’ai construit le service progressivement”, tout inventer soi-même est en effet une quasi-obligation pour les innovateurs du Web. Florent Mondolfo en est l’archétype : diplômé d’Ecole supérieure de gestion, il a bâti lui-même la base de données de prestataires qui constitue le c?”ur de son site de recherche de fournisseurs Internet, Prestataire. com.
Indépendants ou créateurs de start up, le plus surprenant est certainement la diversité de profils chez ces inventeurs. Ils partagent cependant un objectif commun : gagner du temps. Mais cette avance leur permettra-t-elle de survivre face aux grands groupes, français ou multinationaux, qui préparent aujourd’hui leurs propres plates-formes de services ? Il ne reste plus que quelques mois aux pionniers pour se préparer aux attaques virulentes des futurs ” e-monstres “. . .
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