Vitalik Buterin, le créateur du réseau Ethereum et de la cryptomonnaie Ether, ne croit pas en l’avenir du métavers de Meta. Sur son compte Twitter, le développeur russo-canadien a estimé « qu’aucune des tentatives actuelles des entreprises de créer intentionnellement le métavers ne mènera nulle part ». On ignore si l’informaticien est du même avis concernant les métavers décentralisés déployés sur la blockchain, comme Decentraland ou The Sandbox.
The "metaverse" is going to happen but I don't think any of the existing corporate attempts to intentionally create the metaverse are going anywhere. https://t.co/tVUfq4CWmP
— vitalik.eth (@VitalikButerin) July 30, 2022
Le métavers, un concept encore très flou
Dans un autre tweet, Buterin précise qu’à ses yeux le métavers tel qu’imaginé par Meta (ex-Facebook) est voué à échouer. Il est en revanche persuadé que le concept de métavers, ou metaverse en anglais, est bien parti pour se réaliser. Mais, pour l’heure, ce concept est encore trop flou pour que les entreprises puissent s’y lancer avec succès.
« Nous ne connaissons pas encore vraiment la définition du “métavers”, il est bien trop tôt pour savoir ce que les gens veulent réellement. Donc, tout ce que Facebook crée maintenant échouera », prophétise Vitalik Buterin.
D’après Buterin, les entreprises sont en train de mettre au point le métavers avant que les besoins des utilisateurs aient été clairement définis. Comme le montre une étude du cabinet Censuswide, il y a un énorme décalage entre les attentes des consommateurs et les solutions développées par les entreprises. Alors que la plupart des internautes interrogés veulent gagner du temps en faisant leurs achats en réalité virtuelle ou augmentée, les marques mettent au point des expériences qui se calquent sur le réel.
De plus, un sondage de Sortlist révèle que la moitié des Européens se méfient du métavers tel qu’il est présenté actuellement. Si de « nombreuses entreprises investissent 10 à 20 % de leur budget marketing ou innovation » dans le métavers, plus de la moitié des utilisateurs affirment qu’ils ne font pas confiance à ce concept, souligne Sortlist, le spécialiste de la mise en relation d’annonceurs et d’agences marketing.
Reggie Fils-Aimé, ancien directeur de la branche américaine de Nintendo, abonde dans le même sens que Vitalik Buterin. Interrogé par Bloomberg en mars dernier, il estime que la « définition actuelle » du métavers par Meta ne sera pas couronnée de succès. Fils-Aimé pointe du doigt le manque d’innovation inhérent au groupe de Mark Zuckerberg.
Notez que Meta définit le métavers comme des « espaces 3D qui vous permettront de socialiser, d’apprendre, de collaborer et de jouer d’une manière qui va au-delà de ce que nous pouvons imaginer ». Comme le souligne Vitalik Buterin, cette définition est effectivement très floue.
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Le métavers de Meta dans la tourmente
Dans la foulée de son changement de nom, le groupe de Mark Zuckerberg s’est imposé comme l’une des figures de proue du métavers. Meta a multiplié les investissements dans le domaine. Plusieurs projets d’accessoires liés à la réalité augmentée et virtuelle ont vu le jour des laboratoires de la firme. En parallèle, Meta a également lancé des solutions logicielles destinées au futur métavers, comme Meta Pay, une boutique de vêtements numériques pour habiller ses avatars et Meta Horizons Workroom, une salle de conférence en VR.
Malheureusement, Reality Labs, la division dédiée au métavers de Meta, a rapidement accumulé les pertes financières. En l’espace d’un trimestre, la branche a fait perdre 2,81 milliards de dollars au géant californien. En 2022, Reality Labs cumule 5,77 milliards de dollars de pertes. Pour réduire le déficit et rassurer les investisseurs, Mark Zuckerberg a annulé plusieurs projets, dont la montre connectée dédiée au métavers, et reporté le lancement des premières lunettes pour la réalité augmentée à 2024.
Dans ce contexte, l’action boursière de Meta s’est contractée autour des 160 dollars, en baisse de plus de 50 % en un an. En dépit des pertes, Mark Zuckerberg continue de défendre sa vision du métavers devant les actionnaires. Le PDG se dit « convaincu que le développement du métavers débloquera des centaines de milliards de dollars, voire des milliers de milliards de dollars, au fil du temps ».
Malgré le revers de Meta, la plupart des analystes s’attendent à ce que le métavers représente un immense marché dans les années à venir. D’après Technavion, une société de conseil et de recherche, le marché des mondes numériques atteindra les 50,37 milliards de dollars d’ici à 2026. Encore plus optimiste, le cabinet de conseil américain Grand View Research (GVR) table sur un marché à 678 milliards de dollars d’ici à 2030. Selon une étude de Gartner, 25 % des gens passeront au moins une heure dans le métavers en 2026. Meta parviendra-t-il à surfer sur la vague ?
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