La pandémie de Covid-19 a mis au ralenti l’ensemble de la planète mais elle n’empêchera pas le match des vélos électriques connectés. En 2020 les deux représentants de ce segment relativement récent sont de retour avec de nouveaux modèles qui font le plein de nouveautés. Le VanMoof S3 et le Cowboy v3 ont été commercialisés à quelques semaines d’intervalle en pleine explosion des ventes de vélos électriques. Malgré un prix similaire et des caractéristiques techniques proches, le vélo belge et le hollandais font des choix radicalement différents autant sur leur géométrie que sur leur partie logicielle. De fait, plus qu’un simple match, c’est une véritable opposition de style qui nous est permis d’évaluer car si la finalité de ces deux-là est la même, s’imposer comme le meilleur vélo électrique pour la ville, leur approche est radicalement différente.
Des choix esthétiques aux conséquences multiples
Le design d’un vélo est une affaire de goût mais pas uniquement. L’esthétique du cadre, l’emplacement du moteur ou de la batterie, définissent aussi la géométrie d’un vélo et par conséquent les sensations de qu’on aura une fois au guidon. Sur ce point, les deux VAE ont fait, depuis le début, des choix radicalement opposés. Le premier constat c’est que leur design, largement salué par le passé, n’a quasiment pas bougé. Il faut avoir l’oeil vif pour différencier un Cowboy 3 de son prédécesseur et chez VanMoof, mis à part un nouveau coloris, les différences sont encore plus subtiles. En conséquence, le cadre n’a pas bougé d’un iota, et la géométrie est donc inchangée. De fait, on retrouve un VanMoof avec une position plus droite et plus confortable et surtout un cintre très large qui permet de basculer les épaules vers l’arrière et d’adopter une position quasi-contemplative. À l’inverse, sur le Cowboy, la position est plus sportive, (courbée vers l’avant), plus tendue. Ce dernier procure des sensations très différentes et donne l’impression d’attaquer la route en permanence. Le guidon très court du Belge en fait aussi un vélo plus agile, donc plus maniable et plus joueur. Cette impression est renforcée par des dimensions légèrement plus petites et un poids inférieur de 2 kg.
Ce sont aussi des choix esthétiques qui ont abouti, dans les deux cas, à opter pour un emplacement de moteur et de batterie différents. Chez Cowboy, comme l’an dernier, la batterie amovible vient se loger le long du tube vertical, et le moteur est placé sur le moyeu de la roue arrière agissant plutôt par propulsion. D’un point de vue général, c’est une solution qui n’est pas aussi idéale qu’un moteur central et une batterie au centre de gravité plus bas, mais elle offre d’une part des performances convenables et constitue un choix plus judicieux que la batterie non amovible du S3 ou son moteur dans le moyeu de la roue avant. Bien évidemment l’ensemble de ces choix esthétiques a aussi un impact sur la conduite, nous y reviendrons.
L’écart en équipement se réduit
VanMoof et Cowboy partagent une autre caractéristique commune, ils ne sont pas dotés de leviers de vitesse et optent pour une transmission automatique. Cette approche, qui vise à simplifier l’utilisation du vélo en ville, est gérée de manière différente par les deux acteurs. Le S3 oscille entre quatre vitesses pré-réglées qu’il est possible d’affiner dans les paramètres de l’application. Cowboy va plus loin en intégrant un capteur de couple à son vélo qui calcule en permanence l’intensité du pédalage et la vitesse du cycle pour doser l’assistance nécessaire. Sur ce point, la solution du belge est non seulement plus naturelle mais aussi plus simple à appréhender pour son utilisateur. Sur le S3, bien que les réglages soient plus poussés, il est difficile d’en tirer pleinement parti.
Les deux VAE n’embarquent pas non plus un afficheur traditionnel sur leur guidon et proposent des solutions alternatives. Chez VanMoof, l’affichage est intégré au cadre via un écran à LED matriciel ce qui permet d’avoir un aperçu de sa vitesse, du niveau de l’assistance ou encore de l’autonomie en baissant les yeux sur le tube central. Chez Cowboy… rien de tout ça… pour ne pas dire rien du tout. Le belge ne dispose que d’un module à quatre LED qui permet d’avoir une indication de l’autonomie, pour ce qui est des autres informations, il faudra se référer à l’application et donc sans doute investir dans un support pour attacher votre smartphone au guidon.
Dans le cadre de notre test, nous avons utilisé la solution de Quad lock. Ce n’est pas le seul point d’équipement sur lequel le S3 est plus complet que son rival. VanMoof dispose par défaut d’accessoires indispensables à la pratique du vélo en ville, tels que la béquille et les gardes-boue. Chez Cowboy, il faudra (encore) mettre la main à la poche, puisque le vélo est vendu nu. Les gardes-boue de la marque existent et leur design colle à merveille à celui du vélo mais ils coûtent 89 euros.
Au niveau des freins, l’écart était conséquent l’an dernier, le S2 ayant fait le choix de freins à disques mécaniques. La différence se réduit cette année parce que VanMoof s’est décidé à investir dans des versions hydrauliques comme son concurrent. Néanmoins ceux-ci manquent légèrement de mordant et ne sont pas aussi efficaces que les Tektro de Cowboy. Enfin, la dernière différence notable entre les deux concurrents concerne la chaîne. VanMoof utilise une chaîne tout ce qu’il y a de plus classique là ou Cowboy fait le choix d’une courroie (qui a été renforcée sur la v3). Cette solution a deux avantages, elle ne salit pas les doigts et le pantalon de l’utilisateur et surtout elle ne demande pas d’entretien.
Globalement Cowboy a très peu fait évoluer son vélo au niveau de l’équipement, ce qui a permis à VanMoof de combler son retard en apportant quelques modifications bien senties à son S3 que ce soit au niveau de la transmission mais surtout des freins.
Sensations sur la route : opposition de style
C’est sans doute le point le plus intéressant de ce duel au sommet. Malgré leur proximité, les deux vélos connectés offrent des sensations de conduite très différentes. Ce sont simplement deux écoles, ou deux façons de faire du vélo en ville qui s’opposent. L’antagonisme va même jusqu’au point de concevoir différemment la manière dont l’assistance électrique doit être délivrée, progressive et constante chez Cowboy, à la demande (via le boost) et explosive chez VanMoof.
De fait, sur les routes, les sensations sont aussi très contrastées. La conduite du Cowboy 3 semble plus naturelle, le capteur de couple faisant parfaitement son office malgré une puissance inférieure (30 Nm contre 59 Nm pour le S3). De plus, les réglages extrêmement précis du Belge lui offrent une meilleure accélération que le S3 ne peut compenser qu’en abusant du boost. En revanche, une fois les premiers coups de pédale donnés, le VanMoof reprend l’avantage de la vitesse et laisse le Cowboy derrière. Cette opposition se répercute également sur la posture adoptée et la manière dont on roule avec les deux VAE. Davantage orienté confort, le S3 invite à une conduite plus souple, bien qu’il puisse atteindre des vitesses élevées. De fait, son terrain de jeu préféré, ce sont les larges pistes cyclables ou les couloirs de bus des grandes avenues qui en font un très bon rouleur. Quant au Cowboy, la position d’attaque sportive ne laisse que peu de place au doute. Sur cette v3 comme sur le précédent modèle, la conduite se veut dynamique, plus engagée. Quant à son petit guidon et sa taille réduite, ce sont deux caractéristiques parfaites pour les rues plus étroites ou pour évoluer dans une circulation dense. De manière générale, ce que le Cowboy perd en vitesse de pointe, il le compense donc par des accélérations fulgurantes.
Enfin, il convient de souligner un changement majeur par rapport à l’an dernier. Ces deux VAE usaient du même artifice pour contourner la limitation légale d’assistance à 25 km/h. Celui-ci consistait à changer dans les réglages de l’application la zone géographique du vélo et à passer sur la législation nord-américaine qui autorise une assistance jusqu’à 30 km/h. Sur la v3 de Cowboy, le fameux mode « off road » disparait pour coller au cadre juridique. À l’inverse VanMoof a gardé cette option mais l’accompagne d’une notification qui alerte l’utilisateur sur l’illégalité de la procédure.
Au final, les écarts de performance ne sont pas si importants et dépendront surtout du type de trajet effectué et de sa manière de faire du vélo. Néanmoins la question d’un vélo sportif et engageant ou d’une version plus confortable et relax doit être posée sa réponse pourrait bien être l’élément majeur pour départager ces deux prétendants.
Cowboy joue son duel sur l’application
C’est le plus grand axe de développement de Cowboy cette année, mais VanMoof n’est pas en reste. Globalement, si VanMoof a essayé de corriger le tir sur l’aspect technique et l’équipement de son nouveau vélo, Cowboy a insisté sur la connectivité de sa v3. Résultat : 4 fonctionnalités clés (déverrouillage automatique, alerte de vol en temps réel, mesure de la pollution et détection de chute).
À ce jour, seules les deux premières ont été déployées, les deux autres devant l’être dans les prochaines semaines. Pour autant, le fameux « auto-unlock », qui permet de se passer de son smartphone pour démarrer son vélo est un progrès majeur pour Cowboy. En effet, l’une des principales critiques faites à l’égard de la version 2019 concernait la dépendance du vélo à l’application. Il était tout simplement impossible de démarrer son VAE sans passer par son smartphone. Le déverrouillage automatique corrige ce défaut avec une certaine classe, puisqu’il suffit simplement d’avoir l’application ouverte en arrière plan pour que le vélo se réveille à l’approche de son porteur. On regrettera simplement que le verrouillage ne fonctionne pas selon le même procédé et qu’il faille donc éteindre son vélo avec son téléphone. Quant à l’alerte de vol en temps réel, il s’agit d’une option « Easy rider » (à 8 ou 10 euros par mois selon le niveau d’assurance), qui permet de recevoir une notification sur son smartphone dès lors que le vélo détecte une tentative de déplacement inopinée.
Bien que VanMoof ait légèrement amélioré son application, en permettant d’affiner quelques réglages ou de personnaliser la sonnette, les fonctionnalités ne sont pas aussi poussées que chez Cowboy. Tout le travail du Belge sur l’année écoulée a été de rendre son vélo encore plus connecté et de proposer de nouveaux services via son application. Chez VanMoof, qui disposait déjà du déverrouillage automatique, il était davantage nécessaire de faire évoluer la partie mécanique, ce qui a laissé moins de place à l’amélioration de l’application. Quant au dispositif antivol, celui du hollandais propose une approche différente, puisqu’un bouton physique sur l’arrière du vélo permet de le verrouiller en bloquant la roue et en activant une alarme qui se met à sonner en cas de tentative de vol. Dans les deux cas, ces deux VAE disposent d’une puce GPS qui permet de les localiser.
Au final, la connectivité est maîtrisée chez les deux prétendants et les fonctions de base (localisation du vélo, historique des parcours, déverrouillage) sont présentes dans les deux applications, mais il convient de souligner que sur ce point Cowboy fait preuve d’une plus grande ambition que son concurrent.
Autonomie : impossibles à départager
C’est bien évidemment un critère majeur mais, dans le cadre de ce duel, nous n’allons y accorder qu’une importance relative dans la mesure où il est bien difficile d’opposer les deux modèles sur ce point. En effet, le nombre de kilomètres envisageables avec une charge de batterie du VanMoof S3 va très largement dépendre de la fréquence à laquelle le cycliste va solliciter le bouton boost. S’il est utilisé essentiellement sur les démarrages et lorsqu’il s’agit de franchir une petite bosse, alors son autonomie est très proche de ce qu’offre un Cowboy 3 avec 65 km en moyenne. En revanche, avec un usage intensif du boost, l’autonomie plafonne à 50 km.
En définitive, les deux VAE offrent des performances assez égales en matière d’autonomie, mais il est possible de faire moins bien en VanMoof là ou Cowboy assure un niveau plancher. En revanche, sur la recharge, il n’y a pas photo. La batterie amovible du Cowboy représente l’un de ses principaux atouts dans ce match… et le choix d’une batterie non amovible pour le S3 se révèle comme le principal défaut du vélo. Il s’agit même d’un argument rédhibitoire pour certains acheteurs potentiels.
Verdict du duel :
L’an dernier Cowboy avait remporté ce duel de manière plutôt convaincante mais en 2020 il nous a été bien plus difficile de départager ces deux très bons vélos électriques et connectés. Désormais proposés au même prix, les deux VAE ne peuvent compter que sur leurs performances et sur leur équipement pour se départager. À ce jeu, le S3 semble avoir pris une longueur d’avance avec une proposition légèrement plus complète notamment en termes d’équipement (il n’est pas nécessaire d’avoir son smartphone au guidon pour connaitre sa vitesse ou le niveau d’assistance), ceux du Cowboy étant en option. En revanche, ce qui pourrait être un frein rédhibitoire pour le S3, c’est ce choix d’une batterie non amovible qui détournera purement et simplement certains acheteurs potentiels. Sur les performances et la sensation sur route, le match est bien plus équilibré et dépendra surtout des préférences de chacun. Le confort et la vitesse pour VanMoof, l’accélération et l’agilité pour le Cowboy.
Le duel pourrait finalement devenir un match à trois au cours de l’été. Angell, le VAE connecté français, devrait avoir son mot à dire dans cet affrontement au sommet, car bien qu’il soit plus cher que nos deux prétendants (2690 euros), il dispose d’un avantage considérable sur le poids (12,9 kg).
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.