Aucune plateforme professionnelle de commerce en ligne ne peut se targuer d’une ascendance plus puissante que celle de Covisint. La place de marché de l’industrie automobile a été portée sur les fonts baptismaux fin février 2000 par trois entreprises figurant parmi les cinq premiers groupes mondiaux, selon le classement 2000 de Fortune. Pour la première fois, les trois plus importants constructeurs mondiaux, Ford, General Motors et Daimler Chrysler, s’associaient dans un projet commun. Deux mois plus tard, ils étaient rejoints au capital de Covisint par le tandem Renault-Nissan, puis, de façon très minoritaire, par les deux partenaires technologiques, les éditeurs de logiciels Oracle et Commerce One. Au total, l’investissement initial est estimé à plus de 250 millions d’euros (1,6 milliard de francs).Après 14 mois d’atermoiements, Covisint s’est trouvé, en avril, un directeur général. Jusque-là, les trois fondateurs avaient installé une direction intérimaire, tour à tour occupée par un de leurs cadres. C’est pourtant hors du cénacle de l’automobile que Covisint est allé chercher Kevin English, 48 ans. Entré en fonction le 1er mai, il arrive de la banque d’affaires Crédit Suisse First Boston, où il dirigeait, depuis 1999, la division commerce électronique. Auparavant, il avait occupé pendant un an la présidence et la direction générale de Thestreet.com, site d’information et d’analyses financières qu’il avait mené jusqu’à l’introduction au Nasdaq.
Un intermédiaire intéressé
Le jour même de la nomination de Kevin English, le 18 avril, le cabinet d’analyses Forrester Research s’alarmait de cette sélection d’un vétéran de la finance. Dans un point de vue, l’analyste Daniel Garretson expliquait que si English peut apporter des qualités de direction qui faisaient jusque-là cruellement défaut à Covisint, “ ce choix va renforcer le scepticisme des fournisseurs vis-à-vis de la place de marché et limiter les opportunités de collaboration constructive dans l’industrie automobile. ” À leurs yeux, la place de marché s’éloignerait un peu plus de son statut de partenaire pour s’affirmer comme un intermédiaire intéressé.Son tour de table a beau en faire un enfant gâté, comparé aux places de marchés indépendantes, Covisint est engagée dans la même course aux utilisateurs. Les constructeurs pèsent de tout leur poids sur leurs fournisseurs pour qu’ils les rejoignent en ligne, mais ceux-ci continuent de se montrer réticents. La peur d’une pression accrue sur les prix ?” aussi présente offline, de toute façon ?” a laissé planer le doute quant au modèle économique retenu. Fin 2000, Covisint s’est doté du statut d’entreprise et entend engranger du chiffre d’affaires pour elle-même. Pour autant, son mode de rémunération reste opaque, et les premiers utilisateurs ont parfois trouvé l’addition trop élevée.À la différence des autres places de marché, Covisint n’est pas encore engagée dans une lutte pour sa survie. Si sa disparition n’est pas envisageable à court ou moyen terme, elle doit encore démontrer son véritable apport en terme de valeur ajoutée. Déjà, le spécialiste des enchères industrielles en ligne Freemarkets empiète sur son créneau qui génère le plus d’activité. Depuis le début de lannée, Freemarkets a déjà signé des accords avec des équipementiers automobiles importants, comme Valeo ou Magneti Marelli.
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