Sur la scène de cette salle de 300 places, au sous-sol du centre Georges-Pompidou, l’artiste américain Amit Pitaru joue du piano, à droite de l’estrade, pour ne pas masquer l’écran géant qui occupe le fond de la scène. Car ce qui fascine le public, ce n’est pas seulement l’improvisation subtile de ce musicien également webmestre virtuose. Sur l’écran, des arabesques noires sur fond blanc dansent au rythme de la musique. Fragments d’un dessin de James Paterson, l’ami et associé d’Amit Pitaru, elles sont déformées et animées par les notes qu’il joue. Lorsqu’il plaque un accord de la main gauche, la forme vivante s’étale sur l’écran, vibrant en symbiose avec les harmoniques les plus fines. Et quand sa main droite s’attarde sur des trilles aigus, les petits organismes se regroupent en une sorte de queue de comète qui monte et descend, en suivant les variations rythmiques des doigts du pianiste. Un pur moment de grâce dont le public ne perd pas une miette.
Une nouvelle forme d’art
La performance d’Amit Pitaru met en ?”uvre un dispositif ingénieux : un microphone connecté à un PC capte le son du piano, qui est numérisé en temps réel. Les données sonores sont analysées et décomposées en fréquences distinctes. C’est en se basant sur ces données qu’un programme développé en Flash produit les formes et les mouvements que l’on voit à l’écran. Le tout en quelques millièmes de secondes.L’autre moment fort du festival fut la Webjam. Dans le vocabulaire des musiciens, une jam est une improvisation à plusieurs autour d’un thème. Les organisateurs du Flash Festival ont réuni cinq équipes de trois personnes (deux graphistes et un développeur) et leur ont demandé de créer une animation ou un jeu en Flash. Pour cela, ces créateurs français et belges, pour la plupart très jeunes, ne disposaient que de 24 heures. Le résultat, ce sont cinq petites animations interactives parfaitement réalisées, également visibles sur le site du Flash Festival, qui ont diverti les spectateurs de la soirée de clôture.De cette belle journée, deux conclusions peuvent être tirées. Primo, Flash est bien plus qu’un outil de développement ; c’est un moyen d’expression à part entière, voire une nouvelle forme d’art. Secundo, les productions des virtuoses du Flash peuvent séduire bien au-delà du milieu des professionnels d’Internet. Même les réfractaires à l’informatique qui se trouvaient là par hasard ont été enchantés par ce qu’ils ont vu. Aussi, nous ne saurions trop vous conseiller de guetter l’édition de l’année prochaine, qui n’aura sans doute pas lieu à Beaubourg.Et si vous doutez encore, allez faire un tour sur flash-festival.net : vous n’en croirez ni vos yeux, ni vos oreilles !
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