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Coup bas en pagaille : les dessous du rachat de WhatsApp par Facebook

Après que Brian Acton, cofondateur de WhatsApp, s’est exprimé dans Forbes, David Marcus, un dirigeant de Facebook défend bec et ongle Mark Zuckerberg. L’occasion d’en apprendre plus sur les coulisses d’un rachat mouvementé.

Facebook n’aime pas quand on crache dans la soupe. En témoigne la passe d’armes entre Brian Acton, cofondateur de WhatsApp, et David Marcus, ancien vice-président de Facebook en charge de Messenger, qui a largement contribué à son développement et à sa popularisation. S’il est désormais en charge des questions de blockchain au sein du réseau social, le Français n’a pas hésité à se fendre d’un message sur son profil Facebook. Il y fustige les propos tenus par Brian Acton dans un article de Forbes.

Pour la première fois depuis sa démission, le cofondateur de WhatsApp explique en effet les coulisses du rachat de son application par Facebook en 2014. Il y révèle les couleuvres qu’il a dû avaler, notamment sur les questions de monétisation et de chiffrement. Les deux fondateurs – Brian Acton et Jan Koum – étaient intransigeants sur ces deux points ; refusant le modèle publicitaire et la fin du chiffrement de bout en bout qui garantit la confidentialité aux utilisateurs de WhatsApp.

Faire payer l’usage plutôt qu’intégrer de la publicité

David Marcus n’est quant à lui pas vraiment d’accord avec son ancien collègue. Selon lui, le déploiement global du chiffrement n’a été achevé qu’une fois la société rachetée par Facebook. Le réseau social était donc absolument en accord avec cette philosophie prônée par les cofondateurs de WhatsApp. Selon Marcus, Mark Zuckerberg en personne a défendu ce modèle lors de plusieurs réunions auxquelles il participait aussi.

Les choses semblent encore plus tendues sur la monétisation. Acton explique à Forbes qu’il déteste le modèle publicitaire et qu’il préférait mettre en place un système de paiement au volume de messages échangés pour les utilisateurs intensifs de WhatsApp. Mais pour Sheryl Sandberg, la directrice des opérations et numéro deux de Facebook, cela n’était pas un modèle viable, qui plus est très éloigné de celui opéré Facebook dans toutes ses autres applications. Encore une fois, David Marcus défend vertement son patron en expliquant qu’il faut se placer dans une perspective plus large que la seule application WhatsApp. Mark Zuckerberg semblait avoir la pression de ses actionnaires pour mettre en place la monétisation d’une application… tout de même rachetée 22 milliards de dollars.

Quand Acton renonce à 850 millions de dollars

Acton et Koum avaient négocié qu’aucun plan de monétisation ne serait en  mis en place durant les cinq années suivant l’acquisition par Facebook, ce que n’avait a priori pas respecté Mark Zuckerberg, pressé de rentabiliser son achat. La mise en place de la publicité apparaissait pour Acton comme une possibilité de quitter l’entreprise : Facebook n’ayant pas respecté l’accord de non monétisation de WhatsApp durant cinq ans, il pouvait partir tout de suite avec son pactole.

Mais Facebook ne l’a pas entendu de cette oreille. Pour Zuckerberg, le réseau social avait seulement « exploré » la possibilité de monétisation, mais ne l’avait pas « implémenté » dans WhatsApp. La promesse était donc tenue. En partant à peine plus de trois ans après avoir revendu son application, Acton s’est donc assis sur les 850 millions de dollars qu’il lui restait à toucher. Ce qui ne l’empêche toutefois pas d’être désormais à la tête d’une fortune de 3,6 milliards de dollars.  

Mentir à la Commission européenne

Mais ce qui le tracasse le plus n’est finalement pas cette somme – l’homme semble vivre une vie relativement normale, habitant dans une maison discrète et roulant en van Honda -, mais les propos qu’il a dû tenir en téléconférence devant la Commission européenne. Alors qu’elle enquêtait sur le rapprochement entre les deux entreprises, l’autorité s’inquiétait justement de voir les informations des utilisateurs de WhatsApp exploitées par Facebook. « J’ai été briefé pour expliquer que ce serait vraiment difficile de fusionner ou d’assembler les données entre les deux systèmes », explique-t-il à Forbes.

Sauf que Facebook avait bel et bien des plans pour le faire et que cette manœuvre a été effectuée en moins de dix-huit mois, le faisant passer pour un menteur. Facebook en a d’ailleurs récolté une amende de 122 millions de dollars et l’interdiction de procéder ainsi dans l’Union européenne, où la séparation entre les deux services a été rétablie. Bienvenue dans le monde cruel des affaires de la Silicon Valley.

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Par : Opera

Jean-Sébastien Zanchi