L’objet que tous les hôpitaux s’arrachent en ce moment est le ventilateur, car c’est lui qui permet de tenir en vie les personnes gravement malades du coronavirus. Or, face à l’augmentation vertigineuse du nombre d’infectés, ce matériel risque de sérieusement manquer. Afin de répondre à cette urgence, des ingénieurs de l’entreprise barcelonaise Protofy.xyz ont eu l’idée de créer « OxyGEN », un ventilateur de conception ouverte et ultra-simple, que n’importe qui pourrait construire n’importe où, et cela en quelques heures.
Il suffit d’avoir une scie, quelques vis, des plaques de bois ou d’acrylique et un moteur d’essuie-glace. Une fois assemblés, ces composants permettent de faire tourner un arbre à cames et, ainsi, d’actionner un insufflateur manuel, également appelé « ballon autoremplisseur à valve unidirectionnelle » (BAVU). Contrairement à son cousin électronique installé dans les chambres de réanimation, ce type de ventilateur est très facile à trouver. Il y en a dans chaque ambulance. « OxyGEN doit pouvoir être construit avec des pièces bon marché, accessibles partout dans le monde. Des pièces faciles à obtenir en réutilisant des choses que l’on peut avoir à portée de main, et cela même en situation d’urgence, et même dans des endroits éloignés de tout », peut-on lire sur le blog des ingénieurs.
Le projet est désormais en bonne voie. En l’espace d’une dizaine de jours, les ingénieurs ont réussi a créer déjà un cinquième prototype avec des cames interchangeables, ce qui permet de mieux s’adapter au besoin du patient. Le produit est décliné en deux versions, une à faire soi-même dans un Fablab, et une destinée à la production industrielle. Les ingénieurs sont par ailleurs soutenus dans leur travail par quatre hôpitaux de la région de Barcelone, ainsi que par une série de fabricants (Doga, Seat, Black Light, Recam Laser). Durant le pic de la crise, cet équipement innovant pourrait donc bien sauver des vies. Toutefois, pas question de l’utiliser en temps normal. Comme il n’est pas certifié, son usage sera strictement limité à une situation d’urgence.
Ces ingénieurs barcelonais ne sont pas les seuls bricoleurs à s’intéresser à ce sujet. Plusieurs autres projets ont vu le jour. Un ingénieur de Google, par exemple, a créé un ventilateur de fortune à partir de différents composants préexistants, le tout piloté par une carte Arduino.
Un chercheur de l’université Johns Hopkins a publié les spécifications d’un ventilateur au design pas si éloigné d’OxyGEN : à la place de l’arbre à cames, il propose l’utilisation d’une courroie pour comprimer le ballon de l’insufflateur.
Le projet irlandais Open Source Ventilator tente, lui aussi, de créer un dispositif fondé sur la compression d’un BAVU. Mais le concept paraît plus compliqué et moins avancé que celui des Barcelonais.
Enfin, signalons que les makers ne s’intéressent pas seulement aux ventilateurs. En Italie, les ingénieurs de la société Isinnova ont transformé un masque de plongée Easybreath de Décathlon en un masque de ventilation d’oxygène, un type d’équipement qui, lui aussi, risque de manquer bientôt. Regroupés sous le mot d’ordre #coronavirusmakers, plusieurs Fablabs espagnols fabriquent par ailleurs des visières de protection pour le personnel soignant, grâce à l’impression 3D ou la découpe au laser.
Estos días, estamos centrados en diseñar y fabricar material sanitario. Trabajamos en viseras de protección de diferentes tipos. Estas están impresas en 3D. 👇👇@ajsantcugat #coronavirusmakers #SantCugat #AraEnLlocComaCasa#coronavirus #EsteVirusLoParamosUnidos pic.twitter.com/n07bz8u2SZ
— Fab Lab Sant Cugat (@FabLabStQ) March 24, 2020
Bref, dans le monde entier, les « makers » se retroussent les manches pour essayer de pallier la pénurie de matériel médical. C’est une excellente idée et il faut les soutenir.
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