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CoreML, l’arme d’Apple pour des applis intelligentes… et garantes de nos vies privées

Lors de la conférence d’ouverture de la WWDC 2017, Apple a rappelé à de nombreuses reprises que l’intelligence artificielle fait désormais partie intégrante de son offre. Désormais, le géant américain propose à ses développeurs de plonger leurs applis dans un bain d’IA, stationnée sur nos smartphones.

Une impression de faux départ. L’année dernière, alors que l’intelligence artificielle prenait pour la première fois une place importante dans la conférence d’ouverture de la WWDC, on s’était demandé ce que faisait Apple dans ce domaine avant. On connaît l’amour du secret du géant californien mais il était difficile de ne pas avoir l’impression qu’il y avait comme un raté. Comme si Apple avait manqué le coup d’envoi d’un match, celui du machine learning et de l’intelligence artificielle.

Une bataille ratée

Alors que Google, Facebook ou même Amazon semblent avoir sauté dans le train de l’apprentissage machine dans le cloud il y a longtemps déjà, généralement pour améliorer leurs services en ligne, le silence d’Apple en la matière fait penser que le géant de Cupertino était à son An I. Une catastrophe évidente quand on entrevoit l’omniprésence des services, applications et usages liés au deep learning ou à l’apprentissage machine en général. Un retard qu’Apple ne pourra pas facilement rattraper, même à coup d’embauches et de rachats.

Néanmoins, la société de Tim Cook avait et a toujours un atout qu’elle joue franchement et régulièrement : la protection et le respect de notre vie privée. Lors de la keynote d’ouverture 2016, Craig Federighi s’était empressé de parler de la confidentialité différentielle. Une méthode qui ménage machine learning et nos vies privées en ajoutant du bruit dans les ensembles de données utilisés pour entraîner les réseaux neuronaux.

Autrement dit, Apple s’était posé en premier champion de l’intelligence artificielle soucieuse de nos données personnelles. Une démarche et une voie qui lui offrent de facto une position légèrement hors du jeu. Un positionnement qui la fait échapper à la comparaison directe avec ses concurrents. Avec cet atout en main, plus besoin de combler le retard en urgence, plus besoin de faire mieux que les autres, être bon pourrait suffire.

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Apple

Une guerre à remporter

Et Apple ne semble pas vouloir rater deux fois le même train. Le “cloud intelligent” s’est fait sans elle, mais la prochaine génération d’IA pourrait bien prendre ses racines dans nos smartphones. En l’occurrence, la firme de Cupertino y est toute à son affaire.

Les équipes de Tim Cook viennent donc de dévoiler Core ML, une API d’apprentissage machine présente dans Siri, dans son application Caméra ou encore dans son clavier QuickType, mise à la disposition de tous les développeurs souhaitant l’intégrer dans leurs applications.

Autrement dit, Apple propose à ses seize millions de développeurs d’intégrer de l’intelligence artificielle dans leurs applis pour les rendre plus performantes… tout en respectant la vie privée des utilisateurs. Car c’est là la force de Core ML. Cette technologie est optimisée pour fonctionner sur un smartphone ou une tablette. Les modèles entraînés pour la reconnaissance d’image ou le langage naturel sont embarqués dans l’appareil mobile et les données que l’utilisateur soumet ne partent pas dans le cloud mais restent sur le smartphone. Ce qui revient presque à jouer à domicile pour Apple qui contrôle parfaitement son écosystème.

Certes, la firme de Cupertino n’est pas la seule à emprunter cette voie relativement récente. Depuis quelque temps déjà, conscients des limites d’un modèle où la puissance de calcul et les ensembles de données sont exclusivement dans le cloud, les différents acteurs du secteur ont commencé à essayer d’intégrer le machine learning directement dans nos smartphones. Cela donne par exemple Tensorflow Lite, présenté à la Google I/O 2017, ou encore Caffe2Go, de Facebook.

Si Apple n’est donc pas seul sur ce créneau, il semble avoir construit sur ces points forts de quoi en remontrer à ses concurrents. Comme si la société de Tim Cook avait (au moins partiellement) raccroché les wagons. Elle pourrait même prendre l’avantage dans ce domaine si ses projets de puces mobiles dédiées au machine learning se concrétisaient et fonctionnaient comme elle l’entend. Avec toujours le souci de protéger nos données privées, évidemment.

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Pierre Fontaine, envoyé spécial à San José