” Notre agence est déficitaire comme toutes les agences “, annonce Franck Perrier, directeur général de Corbis France. A croire que l’agence de photojournalisme et d’illustration créée par Bill Gates en 1989 sur ses deniers personnels est un mauvais investissement.La situation de Corbis n’est pas un cas isolé dans l’univers du photojournalisme. “Depuis la guerre du Golfe, le marché a certes connu un boom. Mais, celui-ci a d’abord profité à Reuters et à l’AFP, qui ont développé cette activité, ou aux agences spécialisées et régionales “, explique Franck Perrier. “Ce sont eux qui ont pris le marché. “Si Corbis, Getty Images et Hachette contrôlent à eux trois environ 50 % du marché, la concurrence des agences de presse, qui diffusent en continu leurs photos d’actualité vers les publications, les a contraint à grossir. Entre 1999 et 2000, Corbis a procédé au rachat de quatre agences, Sygma, Kipa, Tempsport et Saba.Corbis est désormais un acteur mondial qui, en 2000, a généré 116 millions d’euros de chiffre d’affaires ?” dont 16,4 millions d’euros en France. La société emploie 1200 personnes (250 personnes en France). Quant à la banque d’images, elle est estimée à 68 millions d’unités, réparties entre les Etats-Unis (33 millions de clichés) et la France (35 millions).
2,2 millions d’images numérisées
L’effet de taille atteint, Corbis peut passer à la seconde étape de son développement : la numérisation des images et leur distribution à l’échelle mondiale.A ce jour, seulement 2,2 millions d’images ont été numérisées par Corbis à l’échelle mondiale. Le processus devrait s’accélérer avec le regroupement ?” entamé fin 2000 ?” de six agences du groupe Corbis France (Sygma, Tempsport, Saba, Outline, Kipa et Stockmarket) sur le site de Bercy.Par ailleurs, d’ici la fin de l’année, la plate-forme de distribution en ligne Corbis Newsroom regroupera l’ensemble des productions. Par exemple, la banque d’images Tempsport sera numérisée le 2 juillet prochain.Enfin, les agences de photojournalisme sont également soumises à la numérisation. En effet, les films se détériorent, et leur stockage font supporter aux sociétés comme Corbis d’importants coûts financiers.
Commercialisation sur le Web
” Le passage de l’argentique [produit matériel, NDLR] au numérique sera progressif
“, tempère François Hébel, vice-président éditorial Europe à Corbis. ” En effet, nombre de publications restent attachées à l’ancien système
. “Selon Corbis, 30 % des images commandées en France sont actuellement identifiées sur le Web. Or, seulement 5 % des ventes s’effectuent en ligne. ” La France ne se différencie pas des Etats-Unis, déclare Franck Perrier. En revanche, il y a des marchés porteurs tels que le Royaume-Uni, où 85 à 90 % d’images sont identifiées en ligne, et les marchés lointains qui, pour des raisons géographiques passent par le numérique
. “En maintenant le cap du numérique, Corbis cherche aussi à diminuer ses coûts de distribution. Un pari risqué sur un marché où les services ?” comme la recherche iconographique ou la prospection des clients sur les sujets dactualité ?” font bien souvent la différence.
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