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Copie illégale « à grande échelle », « kleptocratie du contenu »… La start-up d’IA Perplexity à nouveau attaquée en justice

Deux médias américains attaquent Perplexity pour violation de droit d’auteur, violation de droit des marques et parasitisme. Cette nouvelle action en justice s’ajoute à d’autres visant la start-up d’IA dont le modèle économique court-circuiterait les éditeurs de presse, selon ces derniers.

Après le New York Times, Forbes et Wired, c’est au tour du Wall Street Journal et du New York Post d’attaquer la start-up d’IA Perplexity. Selon Wired, une nouvelle action en justice a été initiée à New York, lundi 21 octobre, contre la société cofondée en 2022 par un ancien chercheur d’OpenAI, Aravind Srinivas.

News Corp, maison mère du Wall Street Journal et du New York Post, pointe du doigt le fonctionnement même de Perplexity. La start-up propose un moteur de recherche alimenté par l’IA : elle collecte des informations provenant de sites Web considérés comme fiables, puis les résume en utilisant plusieurs LLM, dont celui de Meta, Llama. Elle permet aux utilisateurs de « sauter les liens » vers les articles en ligne. La manœuvre reviendrait, selon les médias, à court-circuiter les éditeurs de presse produisant du contenu journalistique, et à priver les détenteurs de droits d’auteur de « clients et de revenus importants ».

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À côté de la violation du droit d’auteur, selon les médias, du parasitime et une violation du droit de marque

À côté de la violation du droit d’auteur lors de la phase d’entrainement de l’IA selon les médias, qui l’accusent de copier des articles de presse, des analyses et des opinions « à grande échelle », Perplexity contreviendrait aussi au droit des marques. Car dans les résumés proposés, l’IA commettrait des erreurs qui conduiraient, selon les médias américains, à la propagation de fake news, mais pas seulement.

Ces fausses nouvelles seraient présentées par Perplexity comme provenant de véritables médias. De quoi constituer une « manœuvre éhontée », en plus d’être du « parasitisme sur des contenus de valeur », l’IA profitant gratuitement et arbitrairement « du précieux contenu produit par les éditeurs ».

En inventant de fausses parties d’articles de presse présentés comme vrais, ou en attribuant faussement des mots à certains médias, l’IA générative nuirait à l’image des éditeurs de presse, expliquent les auteurs de la plainte. Contacté par nos confrères, Perplexity n’a pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires.

Le mélange de paragraphes inventés et de copies d’articles

Quelques semaines plus tôt, le New York Times avait envoyé une mise en demeure à Perplexity, déplorant l’utilisation de ses articles sans autorisation. Même topo chez Forbes et Wired, qui ont expliqué, moultes détails à la clé, comment Perplexity semblait avoir plagié des articles. L’été dernier, une enquête de Wired révélait comment cette IA avait, de manière inexacte, résumé des articles du média américain. L’outil d’IA a aussi prétendu, à tort, qu’un article de Wired rapportait le crime d’un officier de police basé en Californie – crime qu’il n’avait pas le moins du monde commis.

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Dans un autre exemple cité dans la plainte, ce sont des informations entièrement fabriquées qui sont présentées comme émanant d’un média. Perplexity aurait ainsi copié collé deux paragraphes d’un article du New York Post rapportant la discussion échaudée entre Thierry Breton et le sénateur américain Jim Jordan, au sujet d’Elon Musk. Problème : les cinq paragraphes suivants, générés par l’IA, n’étaient pas dans l’article en question. Or, en mélangeant paragraphes inventés avec de vrais copies de l’article – qui demeurent en soi problématiques – Perplexity sèmerait de la confusion chez le lecteur, nuisant aux médias cités.

« Défier la “kleptocratie” du contenu »

« Les hallucinations de Perplexity, que l’on fait passer pour d’authentiques news et contenus liés à l’actualité provenant de sources fiables (utilisant les marques des plaignants), nuisent à la valeur des marques des plaignants en injectant de l’incertitude et de la méfiance dans le processus de collecte et de publication des nouvelles, tout en causant également un préjudice au public consommateur d’informations », écrivent les auteurs de la plainte.

Pour le directeur général de News Corp, Robert Thomson, qui s’adressait à l’écrit à Wired, « Perplexity n’est pas la seule entreprise d’IA à abuser de la propriété intellectuelle et ce n’est pas la seule entreprise d’IA que nous poursuivrons avec vigueur et rigueur. Nous avons clairement indiqué que nous préférions courtiser plutôt que poursuivre, mais, pour le bien de nos journalistes, de nos écrivains et de notre entreprise, nous devons défier la “kleptocratie” du contenu ».

Contrairement à son rival OpenAI, Perplexity n’aurait conclu que quelques accords avec des éditeurs de presse, pour utiliser leur contenu. Selon The Verge,  Perplexity aurait commencé à payer certains éditeurs pour leur contenu, notamment Fortune. News Corp demande au tribunal américain d’obliger Perplexity à cesser d’utiliser son contenu sans autorisation. Le groupe exige aussi que toute base de données contenant ses œuvres soit détruite.

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Selon Matthew Sag, professeur de droit et d’intelligence artificielle à l’université d’Emory d’Atlanta interrogé par Wired, le procès pourrait avoir un impact important, s’il penche en faveur des éditeurs de presse. Si on reconnait que les « hallucinations »des IA génératives peuvent violer le droit des marques, les entreprises d’IA pourraient être confrontées à d’« immenses difficultés », estime-t-il chez nos confrères. Car il est tout simplement «  impossible de garantir un modèle linguistique sans hallucinations ».

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Source : Wired


Stéphanie Bascou