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Convergence ? Quelle convergence ? Nous ne voyons que divergences !

‘ Convergence ‘ est un mot qui est revenu à la mode dans le secteur des technologies de l’information. Certains voudraient même nous faire croire que la convergence représente la tendance
principale de tel ou tel salon, qu’il s’agit d’un nouveau ‘ business model ‘ auquel nous ne pourrons pas échapper. Pourtant, l’actualité est plutôt à la démultiplication des possibilités technologiques
et donc à la divergence.

Les Français aiment particulièrement les concepts théoriques, donc le concept de la convergence des technologies et des réseaux. Et les défenseurs de cette convergence de citer le ‘ triple
play ‘
, qui combine téléphone, données et vidéo sur une même liaison (il y a sept ans, on aurait dit que la ligne téléphonique est devenue un support multimédia), l’iPod d’Apple (un très joli coup qui réunit contenant et
contenu mais qui n’a réussi que grâce à son avance, une esthétique réussie de l’objet, et une belle image de marque), le rachat de Skype par eBay (en fait, eBay ne s’est offert que des clients potentiels ; il n’est pas dit qu’une synergie
puisse se concrétiser), les consoles de jeux qui feront aussi office de récepteurs TV-TNT et de lecteurs de DVD, etc.Pourtant, objectivement, en faisant le bilan des annonces qui tombent ces derniers temps, nous ne pouvons que constater que nous sommes entrés dans un monde de divergences. En matière de médias tout d’abord : jamais le câble, le
téléphone, le satellite et maintenant les mobiles n’ont été autant concurrents pour le multimédia.Toutes leurs possibilités explosent ; or, une explosion, cela rime plutôt avec divergence. Un avantage, d’ailleurs, pour le consommateur, qui peut par exemple recevoir ses programmes de télévision grâce à tous ces médias en plus
de la TNT, alors qu’il y a dix ans il n’avait le choix qu’entre la TV analogique et le câble ?” lorsqu’il était câblé.L’écran ensuite : trois technologies principales se partagent désormais l’ancien marché du tube cathodique pour la télévision. Mais surtout, l’image télévisée s’apprête à arriver sur trois types d’écrans qui, tous, ont leur place
d’un pur point de vue marketing : l’écran plat de grandes dimensions ; le futur écran mobile de 18 cm de diagonale (pour les appareils portatifs des jeunes qui voudront suivre des émissions télévisées usuelles en pleine définition ou
visionner ces émissions en différé après enregistrement) ; et le petit écran des radiotéléphones mobiles, écran qui ne pourra recevoir que des émissions dédiées du fait de sa petite taille.Pour les liaisons sans fil, faut-il l’évoquer, le consommateur est loin de percevoir un phénomène de convergence. Il n’a guère compris la nécessité de la coexistence de plusieurs normes Wi-Fi ; il note que l’interopérabilité des
matériels Bluetooth, cela ne marche pas à tous les coups ; il se demande pourquoi on a inventé le Wi-Fi alors que le Dect fonctionnait si bien ; et il entend maintenant parler de RFID, de NFC, de ZigBee et autres USB sans fil.Il ne sait d’ailleurs même pas, le pauvre, que deux standards d’USB sans fil vont devoir coexister ! Il ne peut manquer de s’interroger sur le futur de ses appareils, lorsqu’il lit dans les médias qu’un certain Wimax va venir
concurrencer la 3G, une 3G qui lui semble encore onéreuse et à qui l’on prévoit déjà des évolutions intermédiaires en attendant la 4G.Encore une fois, il ne sait pas non plus, l’innocent, qu’il devra bientôt acquérir un portable répondant à pratiquement cinq normes différentes pour pouvoir téléphoner partout dans le monde alors qu’autrefois le GSM s’imposait. Il a
par contre bien compris que vouloir intégrer dans un téléphone mobile un agenda, un récepteur de télévision, une console de jeux, un GPS, une caméra, un magnétoscope et un récepteur radio, cela faisait un peu beaucoup ; il trouve donc normal
que le concept de portable se décline désormais en différentes familles, autrement dit qu’il y ait divergence.Comment ne pas constater par ailleurs que 90 % de la population ne voit vraiment pas l’intérêt d’investir 1 500 euros dans un PC dit de salon. Intel, Microsoft et consorts ont beau nous rabâcher que ce serait génial, on
voit bien que ce n’est pas eux qui ont à les débourser, ces 1 500 euros. D’autant plus qu’il s’agit là du prix d’une bonne chaîne où il n’y a qu’à tourner trois ou quatre boutons pour bénéficier de tout ce dont la majorité de la population
a besoin en matière de multimédia.De nouvelles possibilités arrivent ? OK. Messieurs les fabricants, greffez-nous donc le matériel correspondant sur le PC qui est dans la pièce d’à côté et qui est désormais devenu une station de travail. Et laissez-nous
tranquilles dans le salon ; on a bien assez de soucis comme cela avec le choix des nouveaux écrans plats, le branchement de la TNT, sans compter les nouveaux lecteurs de DVD haute définition, qui vont connaître une bataille de normes.Mais la convergence entre contenants et contenus, c’est pourtant une réalité, nous direz-vous : Vivendi détient par exemple des parts dans Cegetel, SFR, Canal+, CanalSat, NBC… France Télécom se lance dans les bouquets et
la vidéo à la demande ; Apple vend de la musique avec son iPod… Attention à ne pas prendre des objectifs annoncés pour des succès entérinés. Qu’Apple réussisse, cela semble une exception bien engagée et qui s’explique. Mais pour le
reste, rien n’est encore entré sur le chemin de la gloire.En matière de synergies, les formations de conglomérats peuvent plus souvent échouer que réussir : il ne faut pas oublier qu’il est déjà difficile d’être bon dans un métier ; mais être bon dans deux métiers ou plus, cela
relève de l’exploit. La Bourse, d’ailleurs, ne s’y trompe pas : les conglomérats de type Vivendi y subissent une ‘ décote ‘ de l’ordre de 15 % de leur valeur parce qu’ils se veulent
conglomérats.Le consommateur, lui, a bien compris que les technologies de l’information étaient entrées d’elles-mêmes en concurrence et qu’elles offraient la possibilité de bénéficier du meilleur dans chaque cas. Inutile donc de chercher à vendre
à tout prix Canal+ à un client Cegetel : ce dernier a entièrement le droit de préférer des programmes vidéo gratuits pour réduire son addition. De toute façon, lui, il n’a rien demandé.* Rédacteur en chef d’ Electronique InternationalProchaine chronique jeudi 23 mars

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Jean-Pierre Della Mussia*