L’âge moyen du premier smartphone se situerait autour de 11 ans et demi en France, selon l’Observatoire des pratiques numériques de Bouygues Telecom*. Les enfants y font leurs premiers pas sur le web, avant même de posséder un ordinateur. Les enfants se retrouvent donc seuls en ligne, potentiellement vulnérables au cyber-harcèlement, aux escroqueries, à des contenus inappropriés, des vols de données personnelles ou la violation de leur vie privée. Ils peuvent aussi se laisser accaparer par leurs activités sur le web et passer trop de temps devant leur écran.
Il est possible de paramétrer sa box chez soi, de manière à limiter les horaires d’accès au Wi-Fi ou déconnecter ponctuellement des appareils. Une option radicale qui sera de peu de secours en cas d’accès à une connexion 4G. Il existe cependant des solutions de contrôle parental sur mobile.
Les logiciels de contrôle parental peuvent représenter une aide temporaire pour accompagner les premiers pas de votre enfant sur un smartphone ou limiter le temps en ligne d’un adolescent accro au web. Ayez toutefois en tête qu’il est toujours possible de les contourner, voire de les désinstaller.
Utiliser Family Link pour les smartphones Android
Le meilleur outil que nous ayons testé est sans conteste l’application gratuite de Google Family Link. Elle a été lancée en 2017 pour que des enfants de moins de 13 ans soient autorisés à disposer d’un compte Google. Simple et efficace, elle est disponible sur le Play Store et l’App Store mais ne peut contrôler qu’un smartphone Android disposant au moins de la version Nougat (7.0).
Une fois que vous l’avez installée, il faut encore télécharger l’application jumelle Family Link pour enfants ou adolescents sur le smartphone de votre progéniture. Si elle ne possède pas encore de compte Google, il faut lui en créer un et l’inviter à rejoindre votre groupe familial. Vous pouvez gérer simultanément jusqu’à cinq comptes d’enfants. Et inviter un autre parent à superviser le tout, tout en restant administrateur.
Il ne vous reste plus qu’à paramétrer les comptes que vous suivez. Au menu : contrôle de l’accès à Google Play, filtres dans Google Chrome, filtres dans le moteur de recherche de Google, filtres dans YouTube, blocage d’applications Android et géolocalisation de l’appareil. On peut également indiquer des horaires d’utilisation et déterminer des limites quotidiennes de durée. On a enfin accès quotidiennement à un tableau de bord récapitulatif de toute l’activité en ligne avec le temps passé sur chaque application.
Temps d’écran pour un iPhone ou un iPod Touch
iOS 12 a introduit la nouvelle fonctionnalité Temps d’écran, accessible depuis Réglages. Elle est utilisée par les adultes qui veulent mieux gérer leur temps en ligne. Mais permet aussi d’agir directement sur l’appareil d’un enfant en le paramétrant. Et pour éviter qu’il ne modifie vos critères dans votre dos, vous pouvez les protéger par un code confidentiel.
Le panel des fonctionnalités est moins complet qu’avec Family Link. Il est toutefois possible de définir des horaires d’utilisation, de limiter le temps passé devant l’écran et de bloquer des applications ou des contenus. Dans le cas où vous auriez plusieurs enfants et écrans à gérer, passez par le partage familial, également accessible depuis Temps d’écran/Configurez le temps d’écran pour la famille. Une fois que tous les membres de la famille auront rejoint le groupe, vous pourrez configurer les appareils suivant les besoins de chacun. Cela vous permettra aussi de les géolocaliser.
Signalons qu’Apple promet de nouvelles fonctionnalités de contrôle parental avec iOS 13 et notamment le filtrage des contacts d’appel.
Rappelons que la firme a provoqué une grosse polémique après avoir supprimé de l’App Store au mois d’avril dernier de nombreuses d’applications de contrôle parental qui utilisaient la technologie MDM pour prendre le contrôle d’un appareil à distance. Les éditeurs, eux, affirment qu’ils sont obligés d’y avoir recours en l’absence d’une API digne de ce nom. Ils accusent Apple d’avoir voulu les évincer parce qu’ils auraient fait de la concurrence à Temps d’écran.
Les opérateurs mobiles filtrent la navigation web
Bouygues Telecom, Orange et SFR proposent des options gratuites de contrôle parental pour la téléphonie mobile. Il faut juste les activer en ligne ou en boutique sur la ligne de votre enfant. En général, il s’agit seulement de filtrer sa navigation web en l’empêchant, par exemple, d’accéder à des contenus “pouvant heurter sa sensibilité” comme des sites de rencontre ou de charme. Attention, cela ne fonctionne pas avec le Wi-Fi.
– chez Bouygues Telecom, l’option n’est pas compatible avec les forfaits bloqués et les comptes pré-payés
– Orange propose, en plus, de bloquer les appels visio ou vocaux émis vers des numéros surtaxés
– SFR propose quatre profils différents avec plus ou moins de filtrage.
Les applications tierces
Il existe quantité d’applications de contrôle parental gratuites ou payantes. Pour faire le tri, le mieux est de se rendre sur le site e-enfance, une association d’utilité publique agréée par le ministère de l’Education nationale. Elle teste les applications et tient un tableau comparatif de leurs avantages et inconvénients.
Si vous devez gérer une flotte hétérogène d’appareils, les uns sous Android et les autres sous iOS, cela peut être une bonne idée de recourir à une application tierce. Vous accédez alors à un tableau de bord vous permettant de contrôler plusieurs smartphones sous différents systèmes d’exploitation. Celui de l’application française Parents dans les parages est également accessible sur desktop et très pratique d’utilisation avec la possibilité de créer de véritables plannings personnalisés comme on peut le voir ci-dessous. Parents dans les parages est également proposé par Bouygues Telecom dans le cadre de son contrôle parental premium. Le premier mois est gratuit, puis le tarif s’élève à 3 euros par mois. Le tout sans engagement.
Une autre application française, Xooloo, a pour particularité d’être proposée par Orange, SFR, Sosh, NRJ Mobile, CIC Mobile et Crédit Mutuel Mobile. Le premier mois est gratuit. Ensuite, le tarif s’élève à 2,99 euros par mois pour un seul appareil contrôlé, 4,99 pour trois et 6,99 pour de l’illimité. Orange propose la formule illimitée à seulement 3,50 euros et SFR l’intègre à son offre SFR Family.
Xooloo se distingue en ayant pour objectif de servir de coach à votre enfant et de lui apprendre les bonnes pratiques numériques. Xooloo a fait le choix de ne pas géolocaliser les appareils ni d’accéder aux contenus des messages.
Il faut installer Xooloo Digital Coach sur l’appareil de votre enfant et Xooloo Parents sur le vôtre. On accède alors à la façon dont le temps est occupé en ligne et à des comparaisons avec les moyennes des autres utilisateurs. Il est aussi possible d’envoyer un message à votre enfant à distance le prévenant que vous allez suspendre sa connexion et lui expliquant pourquoi. La navigation web est filtrée, qu’elle se fasse au moyen du Wi-Fi ou de la 4G. Vous êtes prévenus lors d’une installation d’une nouvelle application, en mesure de définir une limite d’âge pour le téléchargement des applications, de filtrer la navigation web, de bloquer les appels d’un contact et de fixer des plages horaires pour limiter le temps en ligne. Attention, vous ne pouvez pas suivre sous iOS les usages de votre enfant sur ses différentes applications.
Les astuces des éditeurs
Il est aussi possible de configurer une à une chaque application utilisée, à commencer par les boutiques d’application dont vous pouvez paramétrer l’accès. Mais le plus intéressant, c’est peut-être de personnaliser les plate-formes de contenus ou de choisir leur version adaptée.
Il est ainsi possible de télécharger YouTube Kids, plutôt que YouTube, pour les enfants de 3 à 9 ans.
La version française a été lancée en 2016. YouTube Kids dispose d’une interface simplifiée et est expurgée de tous les contenus inappropriés par un algorithme et des modérateurs. On peut aussi désactiver la fonction recherche. Tout cela pour éviter à votre enfant de tomber par mégarde sur une décapitation ou un strip-tease. On regrettera toutefois que les enfants fassent l’objet d’un ciblage publicitaire. Des données personnelles sur des enfants de moins de 13 ans auraient même été exploitées illégalement aux Etats-Unis.
Sur Netflix aussi il est possible d’activer un contrôle parental. Il suffit pour cela de créer un profil dédié à votre enfant en spécifiant son âge : le catalogue proposé sera ensuite adapté à ce qu’il peut voir. Et on a le choix d’ajouter un code PIN spécial pour accéder à certains catégories de contenus ou des séries et films en particulier que vous souhaitez bannir.
Citons encore Spotify qui a inauguré l’année dernière un filtre permettant de bloquer l’accès à “ des contenus explicites” tagués “E”. A vous de décocher “autoriser la diffusion de contenus explicites” qui se trouvera par défaut sur le profil de votre enfant dans le cadre d’un compte Spotify Famille.
Reste l’épineuse question du respect de la vie privée de votre enfant. Le mieux est d’agir en toute transparence et qu’il sache à quoi vous avez exactement accès, afin de ne pas trahir sa confiance ni sombrer dans le film d’espionnage. Difficile de ne pas penser à l’épisode Arkangel de la saison 4 de la série Black Mirror, où une mère introduisait un implant dans le cerveau de sa petite fille pour la suivre et censurer tout ce qui était trop violent. Une situation qui tournait au cauchemar. Vous ne pourrez pas éviter à votre enfant d’être un jour confronté à un contenu ou une situation délicate en ligne. Mais vous pouvez l’y préparer pour qu’il réagisse au mieux.
* Observatoire des pratiques numériques des Français
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