La maison tout-internet. Elle existe, elle se visite même. Au milieu du petit village d’Etioles, dans l’Essonne. Elle fait partie d’un lotisse- ment Kaufman & Broad… Au c?”ur d’une forêt de maisons encore en construction se dissimule donc une demeure pas tout à fait comme les autres. Et difficile à trouver parmi cette pléthore de résidences bien rangées. Au point qu’il faut attendre une accompagnatrice pour aller enfin vers la maison de demain. Extérieurement, rien ne différencie la Maisonnet de celle du voisin. (Un certain Monsieur Durand, qui refuse de s’équiper d’un ordinateur sous prétexte qu’un Minitel fait aussi bien l’affaire, a-t-on appris de sources sûres). Intérieurement, pas grand-chose non plus, d’ailleurs.
Un intérieur d’aspect ordinaire
La porte s’ouvre sur un salon cossu : fauteuils, canapé. La table est dressée, prête pour recevoir des invités factices. Seul un écran plat, et un webpad négligemment posé sur le buffet bas rappellent que cette habitation de 170 m2 se veut une vitrine pour les nouvelles technologies. Côté cuisine, rien de révolutionnaire non plus : la cafetière fait du café. Le four cuit de bons petits plats maison. Bref, ce n’est pas ici que l’on discute avec son réfrigérateur, ou que l’on envoie des vidéo-mails à ses amis. Pas question non plus d’effecteur ses transactions bancaires grâce à son micro-ondes. La partie visible de l’iceberg tient dans cette simple prise de type RJ45. Elle permet d’associer téléphone et données. “Nous avons voulu proposer en partenariat avec Cisco et France Telecom une maison conviviale et commercialisable. Nous n’avions aucun intérêt à présenter des gadgets futuristes, trop modernes pour s’interfacer réellement avec le quotidien. Nous voulions présenter une offre fonctionnelle “, souligne Patricia Bourbonne, directrice des activités show-room et partenariats de Kaufman & Broad. Le constructeur propose une offre de base, une maison entièrement reliée à l’ADSL (internet rapide par la prise de téléphone traditionnelle), grâce à laquelle ses habitants ont accès au haut débit. Charge ensuite au propriétaire de compléter sa panoplie électronique, du cadre photo numérique aux téléphones IP (via internet). Le coût de ces arti-cles alourdit encore la facture. D’autant que pour voir disparaître les éternels câbles informatiques dans les fondations de sa demeure, il faut déjà compter 3 % supplémentaires par rapport au prix d’une maison traditionnelle.
Les petits bonheurs du quotidien
En fait, le bonheur passe ?” comme pour Amélie ?” par des petites choses simples : surveiller le sommeil de bébé sur une webcam, programmer une ambiance ” réveil ” pour qu’à l’heure dite, les volets se relèvent, la lumière s’allume et la cafetière se mette en marche, ou commander à distance son lave-linge pour qu’il accueille son maître avec une lessive prête à étendre. Leonardo, le moniteur de cuisine à écran tactile, met en marche les produits blancs à distance. Fabriquée par Merloni, l’ardoise magique électronique veille également à leur bonne marche. Un dysfonctionnement, et elle diagnostique la panne pour que le réparateur vienne avec la pièce défaillante. Seulement voilà, ces prouesses techniques, à faire pâlir d’envie n’importe quelle ménagère de moins de 50 ans, ne sont réalisables que si toute la cuisine est équipée d’appareils Merloni. Ce qui implique de mettre à la casse tout son électroménager disparate si l’on veut profiter pleinement de la domotique !Tout aussi invisible, l’intranet domestique relie les ordinateurs de la maison entre eux. Ainsi, les sources de loisirs, de la lecture d’un CD-Rom, au téléchargement d’un film sur le service Net Ciné, sont accessibles sur l’ensemble des terminaux informatiques. Sans oublier de restreindre certaines fonctions selon l’âge des habitants, histoire d’être sûr que la benjamine n’ait pas accès aux fonctions des appareils électroménagers. De même, la maisonnée peut à chaque instant rallonger la liste partagée des courses. Celle-ci est alors envoyée en temps réel sur un téléphone WAP. Rien de tel pour transformer son conjoint en Webcamer (les commissionnaires à roulette des grands magasins) tandis que l’on se prélasse gentiment sur les transats dans le jardin. D’ici à imaginer tout un lotissement relié à internet… Madame recherche un partenaire pour une partie de tennis ? Elle publie sa demande sur l’intranet village. Besoin d’un baby-sitter ? Et hop, la demande est envoyée sur le réseau du lotissement.La visite se termine… et laisse un peu le visiteur sur sa faim. La Maisonnet se veut plus une habitation d’aujourd’hui que celle de demain. Pas d’appareils extrêmement sophistiqués donc, ni de fonctions futuristes… Rêver de faire couler un bon bain chaud du bout du monde après un éprouvant reportage tient malheureusement encore du fantasme…
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