Nous déplorions en janvier dernier dans ces colonnes les conséquences d’un pessimisme ambiant presque universellement partagé dans le milieu de l’électronique occidentale et qui, à notre avis, n’avait pas toujours lieu d’être
?” sauf peut-être dans notre pays, pour des raisons purement nationales qui n’ont rien à voir avec l’électronique.Des chiffres quasi noirs étaient alors avancés pour l’électronique mondiale : croissance du marché des PC de l’ordre de 5 % en quantités cette année ; celle des radiotéléphones ne pouvait pas dépasser 6 % tellement
la croissance avait été forte l’année d’avant ; celle du marché grand public ne pouvait pas non plus reproduire la performance exceptionnelle de l’année 2004 (+10 %) : les marchés des appareils photo et des lecteurs DVD étaient
matures et celui des téléviseurs numériques pas encore suffisamment important pour que sa croissance ait un impact significatif sur les résultats de l’électronique mondiale. Que s’est-il passé depuis ? Que va-t-il se passer
demain ?Dans les faits, les croissances observées depuis le début de l’année ne sont pas très éloignées de nos propres prévisions (voir Electronique International Hebdo du 20 janvier), plutôt dans la lignée du
passé : les ventes difficiles des PC de bureau sont actuellement largement compensées par des ventes de portables, plus fortes que prévu, si bien qu’en quantités la croissance de ces marchés sera globalement de l’ordre de 11 % ou 12 %
cette année.
La baisse des prix mine les initiatives
Le marché des radiotéléphones, en quantités, croîtra sûrement dans la fourchette haute de nos prévisions, vers 15 %. Celui des infrastructures télécoms peine toujours à retrouver sa forme d’antan, dette des opérateurs
oblige : sa croissance mondiale ne dépassera peut-être pas 6 % ou 7 %.Le marché grand public augmentera certainement comme nous l’avons prévu, de l’ordre de 9 % en quantités. Celui de l’électronique automobile aussi, vers 8 % à 9 %. Et la croissance de nos “niches
françaises” est aussi sans surprise : au moins 20 % pour la car te à puce et 10 % pour l’aéronautique. Pour les marchés militaires, nous ne sommes pas inquiets : l’argent du pétrole enrichit certains
pays ; il se retrouve ainsi souvent en partie dans des commandes militaires.Rappelons parallèlement que les usines de semiconducteurs ne tournent désormais pas loin de la saturation. La croissance de l’économie mondiale sera probablement de plus de 3,5 % cette année (historiquement parlant, une très
belle croissance). Enfin, 2006 se présente encore mieux que 2005 pour l’électronique, nous aurons l’occasion d’en reparler.Quels sont donc les maux fondamentaux qui font que la phase de pessimisme se prolonge ? Incontestablement, pour le monde entier sauf pour l’Asie, la raison est à chercher dans la pression sur les prix des produits finis et des
composants que savent fabriquer les Chinois. Une pression qui, bien sûr, se répercute en amont. Et qui force le monde entier à ne penser qu’aux délocalisations… ou à l’abandon d’activités.La course à l’innovation et à la réduction des coûts épuise beaucoup d’esprits et nourrit le pessimisme, surtout en France, où s’ajoute un climat général pas toujours motivant. Quand le phénomène se calmera-t-il ? Là est la
grande inconnue ; la réponse n’a presque rien à voir avec l’électronique. Mais toutes les initiatives qui sont prises actuellement par ceux qui ne baissent pas les bras finiront bien par produire leurs effets. Il faut garder à l’esprit que
l’électronique mondiale a rarement connu une telle croissance ?” certes en quantités de pièces ?” et que les pays émergents sont tout autant des sources de concurrence que des nouveaux marchés à conquérir : la population
mondiale à pouvoir d’achat accessible au matériel électronique va probablement doubler durant les dix années à venir…* Rédacteur en chef d’ Electronique InternationalProchaine chronique jeudi 6 octobre
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