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Communication financière : La relation entre l’actionnaire et l’entreprise s’enrichit avec le net

Les entreprises cotées n’offrent pas encore de services personnalisés à leurs investisseurs. Mais elles commencent à mettre en place des portails pour gérer la relation avec leurs actionnaires.

L’univers financier vient de connaître sa première révolution avec internet. Les informations accessibles depuis l’ordinateur ne sont plus réservées en priorité à une élite de professionnels. Et les sites de courtage en ligne prolifèrent. Près de 400 000 épargnants sont, aujourd’hui, détenteurs de comptes-titres en ligne alors qu’ils n’étaient que 82 000, il y a deux ans. Plus de 900 000 actionnaires individuels utiliseraient au moins une fois dans l’année internet pour passer leurs ordres selon une étude réalisée par le cabinet d’études TLB (Thierry Lebizay). Internet est même devenu la seconde source d’information des clubs d’investissements, après la presse, selon la dernière étude réalisée par la COB (Commission des opérations de Bourse) et la Fédération française des clubs d’investissements (FFCI), en partenariat avec Euronext Paris. Conséquences : les entreprises cotées doivent envisager de nouvelles méthodes pour communiquer avec ces actionnaires individuels. “ Internet modifie l’intégralité des paramètres, souligne Frédéric Messian, cofondateur de W & Cie, agence de communication corporate et financière. Non seulement l’actionnaire particulier peut accéder, et sans décalage, aux mêmes informations que les professionnels, mais il peut contacter de manière extrêmement rapide, par courrier électronique, une entreprise. La communication financière est donc en train de changer de nature. Demain, le plus important pour l’entreprise sera de disposer d’un outil internet bien calibré “.Pour l’instant, pas question de supprimer les rapports annuels sur papier ni d’annuler les traditionnelles réunions d’actionnaires. La COB veille au grain. Si, aujourd’hui, les actionnaires peuvent voter par correspondance, ils n’ont pas encore la possibilité de le faire par voie électronique. Mais la loi devra évoluer. La plupart des grandes entreprises cotées comme LVMH proposent déjà des espaces dédiés à leurs actionnaires sur leur site institutionnel. Au menu : le discours du président à écouter, le dernier rapport annuel à télécharger ou la possibilité d’envoyer ses doléances d’un simple clic de souris. “Le nombre d’entreprises qui essaient d’avoir des sites d’informations financières actualisés régulièrement a triplé en un an, souligne Thierry Lebizay, dont le cabinet, TLB, devrait sortir une étude sur ce sujet d’ici à quelques semaines. Une quinzaine d’entre elles commencent à y consacrer des moyens financiers importants, mais il y a encore de nombreuses obligations légales en France. On ne peut pas sortir ses résultats financiers la veille sur le net. Pour beaucoup d’entreprises, le réseau n’est pas encore perçu comme un outil économique, de production, mais comme un moyen de communication supplémentaire qui peut servir notamment à la prévention des crises. “Certaines entreprises commencent à entrevoir leur intérêt… financier. “ La gestion de l’actionnariat individuel est un poste extrêmement coûteux pour l’entreprise, précise François-José Bordonado, directeur des relations investisseurs chez Altran Technologies. La réalisation de lettres, leurs envois, les rapports annuels dont les coûts unitaires atteignent les 7,7 euros (50 francs), la gestion des bases de données sont autant de postes de dépenses alors que l’on pourrait mieux cibler ces expéditions. Il faut s’assurer que tous les actionnaires, qu’ils soient particuliers ou professionnels, accèdent à la même information car c’est la loi, mais ces deux populations n’ont pas les mêmes centres d’intérêt “. Les entreprises qui comptent le plus grand nombre d’actionnaires individuels réfléchissent à cette nouvelle manière de communiquer et devraient bientôt lancer leurs propres offres de portails financiers . “ Certains portails comme MSN Finances donnent la possibilité aux particuliers d’accéder aux informations des investisseurs avec un retard de 15 minutes seulement. Pourtant aucune entreprise ne propose, aujourd’hui, son propre portail où l’actionnaire ira lui-même chercher son information, ce qui lui permettrait de connaître la typologie de ces petits porteurs“, constate François-José Bordano.

Des conseils à valeur ajoutée

Les informations sont entre les mains de multiples acteurs : nouveaux venus dans l’univers de la finance comme Boursorama, spécialistes de l’information en ligne comme Companynews ou courtiers en ligne qui ont troqué leurs vieux minitel contre des sites internet plus performants. “Aujourd’hui, on peut trouver des informations financières sur une soixantaine de plateformes, affirme Clémence Decortiat, déléguée générale de Brokers-on-line, association qui regroupe 22 courtiers en ligne. L’offre de courtage en ligne, avec l’arrivée il y a deux ans des “discount brokers”, s’est multipliée “.Comment présentent-ils les produits, apportent-ils de la pédagogie, les informations délivrées sont-elles suffisamment riches ? Tous ces acteurs ont d’ailleurs commencé à tisser des liens étroits avec les entreprises cotées : certains comme Consors s’invitant à leurs ” roadshows “, d’autres comme Fimatex créant des outils innovants comme le ” Salon-on-line des entreprises cotées “, lieu virtuel permanent donnant la possibilité aux sociétés de se présenter. Ces services en ligne récoltent aussi leurs informations auprès d’agences de presse en ligne comme Companynews, lancée en 1999 et détenue par l’Agefi et l’AFP. “Nous sommes l’intermédiaire entre les sociétés qui communiquent et les cibles traditionnelles que sont les investisseurs mais aussi les leaders d’opinion et le grand public, ces actionnaires actifs sur internet que l’on surnomme “les actionautes”“, explique Nicolas Raynier, directeur général de la société. Companynews décharge les entreprises de leur logistique de diffusion et joue un rôle ” d’agrégateur ” d’informations pour 150 sites et portails. Pour se rémunérer, elle facture des prestations à l’émetteur d’information. “ Le site institutionnel d’une entreprise est une vitrine. Il ne garantit pas de trafic assez suffisant pour promouvoir le titre en Bourse“, affirme Nicolas Raynier, qui vient de lancer Infoactionnaire.com, une passerelle de communication en temps réel avec 120 sociétés cotées. Près de ces fournisseurs d’informations gratuites cohabitent les adresses payantes, dont le but est d’apporter des conseils à valeur ajoutée. “Tous les matins, nos clients peuvent recevoir sur leur ordinateur ou téléphone wap le ” morning meeting, une lettre d’information financière “, explique Charles Morane, directeur général de Fimatex. Ils bénéficient aussi des conseils d’analystes professionnels “. Malgré ces offres disparates, aucun site français ne ressemble aux immenses plateformes d’information nées avec le net, comme Street Fusion ou CCBN, qui récoltent les données financières de milliers de compagnies, qui gèrent des centaines d’événements financiers tous les mois et présentent des conférences ” live ” des grands patrons.Mais revers de la médaille sur le net, les rumeurs circulent plus vite que partout ailleurs. Notamment sur les forums de discussion qui sont adaptés aux campagnes de désinformation. Aux États-Unis, une trentaine d’enquêtes sont en cours sur des affaires d’escroquerie allant de la diffusion de faux communiqués aux lancements de fausses introductions en Bourse, sans compter les dénigrements portés sur des sociétés avant leur introduction. Quelques affaires ont déjà éclaté en France sur le forum de discussion de Boursorama. Un employé en colère aurait profité de cette tribune libre pour faire part des difficultés internes de son entreprise et le cours de l’action aurait fortement baissé. Difficile de prouver la relation de cause à effet. Quoi qu’il en soit, ces lieux de débats sont dans la ligne de mire de la COB, qui a rappelé récemment dans un communiqué que la réglementation relative à l’information financière et à l’établissement des cours était applicable à ces forums.

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Catherine Petit