La lutte contre le téléchargement illégal est un éternel recommencement. Fin nombre 2016, la gendarmerie nationale n’était pas peu fière d’annoncer le démantèlement de zone-telechargement.com (ZTcom), l’un des principaux sites français de téléchargement direct d’œuvres audiovisuelles contrefaites. C’était le 11e site le plus consulté en France selon les statistiques d’Alexa. Les deux principaux administrateurs ont été mis sous verrous et leurs actifs saisis : comptes bancaires, voitures de luxe, résidences secondaires, etc.
Mais ce succès contre le piratage n’a été que de courte durée. A peine zone-telechargement.com était-il déconnecté qu’un autre site est apparu sur la Toile : zone-telechargement.ws (ZTws). Selon une analyse réalisée par la Hadopi, cette réplique du site défunt ne mettra que quelques mois pour s’imposer dans le paysage. C’est actuellement le 29e site le plus consulté en France.
Les informations recueillies par la Haute autorité permettent de constater que ce nouveau site de téléchargement illégal est loin d’être l’émanation collective d’une joyeuse communauté d’amoureux du cinéma, mais l’œuvre préméditée et remarquablement organisée d’un petit groupe de personnes qui veulent se remplir les poches.
Ainsi, le nom de domaine a été acheté dès 2014, plus de deux ans avant la fin de ZTcom. Il n’a servi que de manière très occasionnelle, notamment pour tester une mise en page proche de celle de ZTcom.
Au moment de la fermeture de ce dernier, ZTws est tout de suite mis en ligne en reprenant l’aspect visuel de son modèle. Mais au départ, le site est quasiment vide. Une poignée d’utilisateurs commence alors à remplir le catalogue le plus vite possible. Entre décembre 2016 et février 2017, 1230 nouveaux titres sont ajoutés chaque semaine. A partir de mars 2017, le rythme de « travail » baisse à 420 titres ajoutés par semaine.
En juin 2017, la constitution du catalogue est achevée, avec environ 17 000 films, 57 000 épisodes de séries et 500 jeux vidéo au compteur. Au final, il apparaît que 90 % des titres ont été mis à disposition par les 14 comptes contributeurs les plus actifs.
On n’est donc loin d’une activité communautaire et plus proche d’une forme de professionnalisme. « L’activité de certains comptes contributeurs laisse supposer un travail à temps plein au regard des volumes en cause », estime la Hadopi.
Si l’équipe de ZTws a capitalisé sur la notoriété de ZTcom pour se faire une place, elle ne reprend qu’en partie son modèle. Elle préserve le positionnement très hexagonal du site, avec deux tiers des titres proposés en version française. En revanche, elle ne référence aucune musique et ne porte qu’une faible attention aux jeux vidéo.
Un modèle économique similaire
Les nouveaux propriétaires de Zone Téléchargement ont également fait des ajustements au niveau du modèle économique. Comme leurs prédécesseurs, ils tirent leurs revenus de la publicité et de l’affiliation.
Toutefois, les intermédiaires de publicités en ligne ne sont présents que de manière indirecte. Sur le site principal, les publicités classiques ont été remplacées par des bandeaux promotionnels et des fenêtres pop-up faisant la promotion de jeux vidéo, de services de téléchargement payants et de services de VoD plutôt douteux.
Les pubs classiques apparaissent en revanche sur le site protect-zt.com qui héberge « l’obfuscateur de liens », une moulinette qui raccourcit les URL menant vers les fichiers à télécharger. En effet, ZTws n’affiche que les liens raccourcis. C’est uniquement quand l’utilisateur en sélectionne un, qu’il tombe sur protect-zt.com et voit s’afficher le véritable lien. Cette technique permet d’éviter les actions de déréférencement des ayants-droit et d’intercaler un support de pubs supplémentaire.
Bref, tous les éléments sont là pour à nouveau attirer les chalands et se faire une petite fortune sur le dos des ayants droit. Ces derniers ont estimé que ZTcom a généré 1,5 million d’euros par an. ZTws arrivera-t-il à faire mieux ?
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