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Comment Reuters a utilisé des AirTags pour démonter les fausses promesses d’un géant de la pétrochimie

Dow Inc, un géant de l’industrie pétrochimique, faisait la promesse de recycler de vieilles paires de chaussures pour une réutilisation locale à Singapour. En piégeant des chaussures avec des AirTags, Reuters a démontré que celles-ci étaient en réalité exportées en Indonésie.

Les AirTags d’Apple viennent montrer une nouvelle fois qu’ils ne sont pas uniquement utiles pour retrouver votre paire de clés égarée sous un coussin du canapé. Les trackers Bluetooth d’Apple sont, malgré eux, d’excellents outils d’investigation. Pour preuve, un journaliste de Reuters les a exploités pour vérifier les promesses faites pas un industriel de la pétrochimie.

L’an dernier, le gouvernement de Singapour et Dow Inc. (un industriel américain spécialisé dans la production de matières plastiques) ont mis en place un programme de recyclage localement. Le but annoncé était de collecter de vieilles paires de chaussures afin d’en recycler les semelles en caoutchouc et en plastique. À grands coups de campagnes publicitaires, l’industriel faisait la promesse de broyer les plastiques ainsi récupérés dans le but de les réutiliser, pour la construction de terrains de sport et de pistes d’athlétisme à Singapour.

11 paires de chaussures pistées à l’aide d’AirTags

Pour s’assurer que la promesse de Dow Inc. était tenue, un journaliste de l’agence de presse Reuters a décidé de dissimuler des AirTags dans la semelle d’une paire de vieilles Nike bleues. Le but de l’opération était de pouvoir les localiser afin de suivre leur périple dans cette opération de recyclage. Le journaliste voulait surtout vérifier si ces chaussures étaient bien réutilisées pour la construction d’infrastructures sportives localement, à Singapour. Et il n’a pas été déçu du résultat. Quelques semaines après les avoir déposées dans un conteneur prévu à cet effet, les chaussures ont commencé leur périple et ont ainsi traversé la mer pour aller sur l’île de Batam, à quelques dizaines de kilomètres de là, dans l’archipel indonésien.

Pour vérifier si cette paire de sneakers qui avait quitté Singapour était un cas isolé, le journaliste a décidé de retenter l’expérience, avec cette fois-ci, dix autres paires de baskets équipées, encore une fois, d’un AirTag. Et il a pu constater qu’aucune de ces paires de chaussures n’avait été recyclée localement. En réalité, ces chaussures ont été collectées par un exportateur spécialisé dans la marchandise de seconde main.

Toutes les paires de chaussures données par Reuters ont terminé leur voyage dans le pays voisin, en Indonésie, parfois à plusieurs centaines de kilomètres de leur point de collecte initial. Après avoir suivi les déplacements de ces chaussures piégées sur une durée de six mois, le journaliste de Reuters à l’origine de cette enquête a fait le voyage pour tenter de les retrouver et de savoir ce qu’elles étaient devenues. Quatre de ces paires de chaussures étaient dans des endroits trop éloignés pour être récupérées et trois ont arrêté d’émettre un signal après leur arrivée en Indonésie. Trois paires ont pu être retrouvées dans des bazars à Jakarta ainsi que sur l’île de Batam située à une trentaine de kilomètres au sud de Singapour. La dernière paire de chaussures est quant à elle restée à Singapour, mais n’a pas été recyclée pour faire des terrains de sports. Le journaliste de Reuters l’a localisée dans un chantier de logements sociaux à quelques encablures du centre sportif communautaire où il les avait déposées dans un bac dédié.

Étonné du résultat, l’industriel lance une enquête

Au début de l’année, Reuters a présenté les résultats de son enquête à Dow Inc. qui, surpris de la tournure des événements, a indiqué avoir ouvert une enquête à ce sujet. Quelques semaines plus tard, l’industriel a annoncé avoir mis fin au contrat qui le liait à l’entreprise d’exportation chargée de la collecte de ces chaussures. Car l’exportation de ces chaussures de seconde main, considérées ici comme des déchets plastiques, est interdite en Indonésie. Le pays, deuxième plus grand pollueur aux déchets plastiques des océans, croule en effet déjà sous des déchets plastiques du monde entier, souvent non recyclables et qui finissent brûlés dans des décharges à ciel ouvert.

Plutôt bon marché et redoutables d’efficacité, les AirTags montrent une fois de plus leur efficacité pour localiser des objets sur de très longues distances. Évidemment, si certaines âmes mal intentionnées les ont détournés pour espionner des proches ou pour voler des véhicules, d’autres ont déjà parfaitement exploité le potentiel de ces balises Bluetooth. C’est le cas, par exemple, d’un nombre croissant de voyageurs qui ont pris l’habitude de glisser un AirTag dans leur valise afin de la suivre pendant leur voyage en avion.

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Source : Reuters


Geoffroy Ondet
Votre opinion
  1. Ils peuvent faire le même test avec les bouteilles en plastique. 1/3 seulement sont recyclées, le reste part à l’étranger et s’accumule dans des dépotoirs et les fabricants qu’en foutent ! On devrait les taxer bcp plus.

  2. Ou est le problème ?
    En voyant l’état des chaussures ils en ont conclu, a juste titre, que la seconde main était plus écologique que le recyclage.
    Bravo

Les commentaires sont fermés.