La veille et le premier jour du confinement, plus d’un million de personnes auraient quitté le Grand Paris, tandis que l’Ile de Ré enregistrait une hausse de sa population de 30%. Ces chiffres ont été communiqués par le patron d’Orange Stéphane Richard sur Europe 1 et au Monde. L’opérateur les a transmises à l’Inserm, de manière à améliorer ses prévisions épidémiologiques.
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Quelles sont les informations collectées ?
Nous vous parlions un peu plus tôt cette semaine de ce dispositif expérimental. Il a été approuvé officiellement mercredi par la CNIL car il entre en conformité avec le règlement sur les données personnelles. Ce sont les 24 millions d’abonnés mobiles d’Orange qui ont été ciblés. Un échantillon de la population tellement vaste qu’il peut être considéré comme représentatif.
Ni le contenu des communications, ni les contacts ne sont observés. Seules les métadonnées ont été prises en compte. Par ailleurs, Stéphane Richard a précisé que la géolocalisation avait été l’unique critère retenu. En outre, les informations ont été agrégées par groupe de 50 000 utilisateurs. Elles ont ensuite été anonymisées, de manière à ne pouvoir identifier un individu. L’Inserm va se charger maintenant de passer toute cette data à la moulinette de ses propres algorithmes pour savoir comment la pandémie va évoluer sur chaque territoire.
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Comment les abonnés ont-ils été géolocalisés ?
L’opérateur s’est appuyé sur le signal envoyé par nos téléphones aux antennes relais. A partir de l’identification des antennes, il est possible de localiser les portables et donc leur propriétaire.
« Ces statistiques consistent tout simplement à compter les mobiles raccordés au réseau à un instant donné, dans des régions administratives françaises de plusieurs milliers de personnes définies par l’INSEE », nous a déclaré un porte-parole d’Orange.
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Est-ce une première ?
Orange a une grande expérience en la matière. Avec sa division Orange Business Services, il commercialise depuis 2013 nos métadonnées mobiles auprès d’acteurs du tourisme ou du transport. Son service phare, c’est FluxVision. Il consiste à collecter chaque minute les millions de données qui transitent par le réseau mobile d’une zone définie à l’avance. Appels émis et reçus, SMS, consommation de data, de nombreuses informations peuvent être exploitées.
Le tout est converti en indicateurs statistiques pour alimenter un modèle permettant de comptabiliser la foule et de suivre ses déplacements. Des informations très précises localement qui sont traduites en temps réel sous forme de cartographie 3D.
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Orange veut aller plus loin
Convaincu par l’utilité de ses données, Orange demande aujourd’hui à pouvoir les conserver au-delà la période d’un an fixée par la loi. Il nourrit également de nouvelles ambitions et s’imagine désormais en tiers de confiance. « Orange agirait en tant que coffre-fort des données pour produire à la demande des autorités, avec des données éventuellement fournies par les autorités, des analyses précises et pertinentes permettant aux autorités d’agir, de prendre des mesures éclairées en matière de politique publique ».
Il propose enfin de contribuer sur le moyen terme à des travaux de recherche visant à mieux préparer la réponse des autorités sanitaires à ce type d’événements. De nouvelles missions qui nécessiteront une modification du cadré légal et mériteront d’être examinées par nos parlementaires.
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