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Comment Nokia s’apprête à tester la 4G sur la Lune

La NASA a chargé les laboratoires Bell Labs de tester une première connexion 4G sur l’astre en 2022. Si la technologie était validée dans l’espace, elle pourrait être utilisée à l’occasion de missions habitées.  

Après avoir été adoptée par une grande partie de la population mondiale sur Terre, la 4G va-t-elle s’implanter ailleurs dans notre système solaire ? C’est l’idée un peu folle de la NASA, qui a demandé aux Nokia Bell Labs de prouver la faisabilité de cette technologie dans l’espace. Une première mission aura lieu en 2022 pour tester des connexions depuis la Lune.

Changement de culture

S’il y a bien un peu de Wi-Fi dans la Station spatiale internationale, il n’était pas question jusque-là d’utiliser les technologies de communication les plus avancées que l’on trouve sur Terre. Mais l’agence américaine a tout de même décidé d’étudier la possibilité d’un réseau de téléphonie mobile pour plusieurs raisons. « La NASA va envoyer à nouveau davantage d’astronautes dans l’espace et retourner sur la Lune, et même plus tard sur Mars. Elle a besoin de davantage de capacités de communications avancées », nous explique Thierry Klein, en charge du partenariat chez Bell Labs. Et puis, l’agence a fait sa mue culturelle : elle n’entend plus faire tout elle-même. De la même manière qu’elle est devenue le client de Space X pour envoyer ses astronautes sur la station spatiale internationale, elle va s’appuyer sur Nokia pour ce réseau 4G.

Nokia avait commencé à travailler sur le sujet lors d’un projet similaire mené avec l’opérateur Vodafone, mais il n’avait pas abouti. Ses travaux lui ont tout de même permis de s’entendre avec la NASA. Il lui reste maintenant deux ans pour tout préparer.

Les tests de communication en 4G auront lieu entre le rover et l'atterrisseur.
Nokia – Les tests de communication en 4G auront lieu entre le rover et l’atterrisseur.

La mission lunaire

Un atterrisseur muni d’antennes se posera sur la Lune avec à son bord une station de base 4G. Un rover la déplacera ensuite sur l’astre. C’est la liaison entre le robot et l’atterrisseur qui sera expérimentée en 4G. Les communications aboutiront en bout de course sur Terre via des satellites. Pour cela, il a fallu concevoir un module très compact pouvant s’intégrer parfaitement à l’atterrisseur. Les Nokia Bell Labs travaillent sur le design avec l’aide de la société de conception d’engins spatiaux Intuitive Machines, basée au Texas. Il s’agira, par exemple, d’envoyer des vidéos haute définition capturées par le rover qui pourra être contrôlé à distance ou évoluer de façon autonome.

Mais est-ce particulièrement difficile de faire fonctionner un réseau mobile sur la Lune ? « Le fait qu’il n’y ait pas d’atmosphère ne perturbe pas la propagation des ondes radio. En revanche, l’environnement est particulier : c’est un espace volcanique ouvert. D’un côté vous n’avez pas d’obstacles comme des immeubles ou des arbres. Mais de l’autre, vous faites face à un environnement rocheux, avec des collines et des montagnes, des cratères. La question est plus de savoir jusqu’où les ondes radio se propageront et donc à quelle distance le rover pourra s’éloigner », détaille Thierry Klein.

Des simulations informatiques ont été réalisées pour connaître la couverture. Elles ont ensuite été validées sur l’île de Fuerteventura en Espagne qui dispose d’une surface volcanique. « Nous avons recréé le scénario du déploiement pour calibrer exactement nos mesures », se félicite l’ingénieur.

Dans le cas où la technologie 4G serait validée par la NASA, elle pourrait accompagner de futures missions habitées. « De nombreuses applications sont possibles : les communications vocales entre astronautes, les communications vidéo haute définition, la transmission de data, le contrôle robotique, l’Internet des Objets », énumère Thierry Klein.  Et peut-être même qu’un jour, c’est sur Mars que l’on déploiera la 4G !

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Amélie CHARNAY