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Comment Meta compte révolutionner la réalité augmentée en 2027

L’année 2022 a été compliquée pour Meta. Le groupe de Mark Zuckerberg maintient toutefois le cap et prépare une montée en puissance avec plus de casques de réalité virtuelle, et bientôt de vraies lunettes de réalité augmentée, accompagnée d’une montre connectée… neurale.

Vers l’infini, et au-delà ! La stratégie de Meta tournée vers la VR et le métavers a été malmenée en 2022 ? Qu’à cela ne tienne, Mark Zuckerberg relance de deux et garde le cap. Au cours d’une réunion interne de la division Reality Labs, de Meta, dont The Verge a pu obtenir les détails, ses dirigeants ont dévoilé leurs plans pour la réalité virtuelle et augmentée. Devant plusieurs milliers de salariés, le patron de la société a parlé essentiellement de produits…

En Quest d’un nouveau souffle

Et, bien entendu, tout commence dans la continuité. Meta devrait bientôt introduire un Quest 3 – nom de code de Stinson. Ce casque, qui sera lancé plus tard cette année, devrait être deux fois plus fin et au moins deux fois plus puissant que le Quest 2, pour un coût qui devrait croître légèrement, mais guère excéder les 450 euros actuels. Selon Mark Rabkin, vice-président de la VR de Meta, ce surcoût pourrait être un obstacle à son adoption. Voilà, pourquoi, toujours selon lui, il faudra convaincre les utilisateurs les plus enthousiastes et leur prouver que le casque est plus puissant et que « les nouvelles fonctions en valent la peine ».

Un des points que Meta envisage de mettre en avant sera la réalité mixte. En effet, ce Quest 3 devrait s’inspirer du Quest Pro, lancé en octobre dernier (pour 1 800 euros). Il proposerait donc des expériences de réalité mixte, en recourant aux caméras avant pour afficher sur l’écran ce qui entoure l’utilisateur. The Verge rapporte les propos du vice-président de Meta ainsi : « L’objectif principal de l’équipe était, qu’à partir du moment où vous enfilez le casque, la réalité mixte le rende meilleur, plus facile à utiliser, plus naturel. […] Vous pouvez marcher sans effort au travers de votre maison en sachant que vous pouvez parfaitement voir. Vous pouvez déposer des ancres et des objets sur votre bureau. Vous pouvez prendre votre café. Vous pouvez y rester (dans la réalité mixte, NDLR) bien plus longtemps. »

La question de l’engagement, du temps passé à utiliser le casque est d’autant plus essentielle que Meta reconnaît que les acheteurs récents du Quest 2, qui en est à sa troisième année d’existence, ne sont pas aussi séduits. Un indice de la nécessité de faire évoluer rapidement le matériel, peut-être.

Pour que les utilisateurs passent plus de temps à utiliser leur casque, Mark Rabkin encourage les développeurs de Meta à faire en sorte que le partage de contenus en VR soit extrêmement simple. Même chose pour le Quest Store, qui devrait devenir plus dynamique et faciliter la mise en avant de promotions automatisées pour les applications proposées. Justement, Meta devrait introduire 41 nouvelles applications et jeux pour le Quest 3, y compris, bien entendu, des expériences de réalité mixte, qui mettront en avant les capacités du nouveau casque.

Une montée en puissance de la VR

Mais le géant de Menlo Park ne devrait pas s’arrêter là. Il prévoit en effet d’introduire un nouveau casque, répondant au nom de code Ventura, plus « accessible » dès 2024. Ce pourrait bien être lui, la nouvelle star de la gamme, en tout cas le best-seller. Mark Rabkin explique l’intention du groupe ainsi : « Le but de ce casque est très simple : inclure le plus possible de choses pour frapper le plus fort possible au prix le plus attractif possible sur le marché de la VR grand public. »

Avec 20 millions de casques Quest vendus dans le monde, selon des chiffres annoncés par la société à cette occasion, Meta est clairement devenu le champion de la VR grand public, même si ce marché demeure une niche. C’est donc ce sillon que le géant américain entend creuser avec ces nouveaux casques. Ainsi, les dirigeants de Meta n’ont pas communiqué sur un éventuel successeur au Quest Pro.

Le prochain grand bond en avant technique pour la VR devrait être réalisé après 2024, grâce à un casque répondant au nom de code Jolla. Il devrait proposer des avatars photoréalistes. Ce produit sera plus ambitieux : « Nous voulons atteindre une plus haute définition pour les usages professionnels, et vraiment réussir la partie travail, texte et ce genre de choses », avançait Mark Rabkin. Le vice-président de la VR de Meta donnait également quelques indices sur l’approche dans le design qui sera retenue par la société : « Nous voulons réutiliser beaucoup des points de confort du Quest Pro, comme la façon dont il repose sur la tête, ainsi que l’architecture scindée en deux (pour équilibrer le poids entre l’avant et l’arrière, NDLR) ».

Le futur ? C’est pour 2027… avec un avant-goût dès 2025

Mais, le grand saut dans le futur, celui qui introduira réellement une rupture technologique, ne devrait pas intervenir avant 2027. Dans quatre ans, Meta ambitionne en effet d’introduire l’Eldorado des appareils, le prochain Saint Graal de la high tech, un produit qui « redéfinira notre relation avec la technologie » d’ici à la fin de cette décennie, selon Mark Zuckerberg.

D’ici là, à en croire Alex Himel, vice-président de la réalité augmentée de Meta, des étapes intermédiaires vont préparer le terrain. Ainsi, dès l’automne, une seconde génération des lunettes connectées développées avec Luxottica devrait être lancée.
Une troisième itération devrait voir le jour en 2025. Elle intégrera un viewfinder, un viseur, donc, qui permettra d’afficher des messages textuels entrants. Ces Stories de troisième génération devraient également pouvoir scanner des QR codes ou traduire du texte en temps réel. Mais le plus intéressant est qu’elles devraient introduire un bracelet d’« interface neurale ». Il permettra de contrôler les lunettes grâce à des mouvements des mains, ou plus exactement à l’interprétation des impulsions nerveuses. Une démonstration de cette technologie avait été réalisée par les équipes de Mark Zuckerberg en mars 2021 et avait été remise en avant lors de sa dernière conférence développeurs du groupe. Le bandeau placé autour du poignet permettrait d’interpréter les mouvements articulations des mains et des doigts, afin de simuler un pavé tactile virtuel. À terme, Meta aimerait arriver à interpréter les interactions de nos doigts avec un clavier virtuel.

Une montre connectée « neurale », pas moins

Mais Meta voit plus grand encore. « Nous ne voulons pas que les utilisateurs aient à choisir entre un appareil de saisie à leur poignée et les fonctions d’une montre connectée que nous avons tous appris à apprécier. », expliquait Alex Himel. Ainsi, Meta envisagerait de développer une montre connectée, qui proposera une interface neurale. « Nous concevons des interfaces neurales pour la montre. En premier lieu, cet appareil servira à gérer des interactions : des interactions pour contrôler les lunettes, des interactions pour contrôler les fonctions à votre poignet, et des interactions pour contrôler le monde autour de vous ».

Si Meta semble avoir abandonné l’idée d’une montre connectée avec un module photo indépendant et détachable, l’idée de glisser une caméra à votre poignet ne semble pas enterrée. En effet, lors d’une démonstration, Alex Himel a montré une visioconférence dans laquelle étaient affichés à la fois la vue subjective prise depuis les lunettes de l’appelant, et un retour vidéo en selfie, capté depuis la montre.

En plus de cette intégration entre la smartwatch et les lunettes, la montre de Meta intégrera des fonctions de santé et de sports, et, bien entendu, tout l’écosystème de services du géant des réseaux sociaux, WhatsApp en tête.

Néanmoins, pour découvrir le vrai futur, celui incarné par les vraies lunettes de réalité augmentée, il faudra a priori attendre 2027. Les premières lunettes AR de Meta, nom de code Orion, qui sont en cours de développement depuis huit ans, devraient être testées en interne à partir de 2024, mais ne pas être commercialisées avant trois ans supplémentaires.

À cette date, Meta introduira une gamme Innovation de lunettes de réalité augmentée pour les passionnés ou les early adopters, tandis qu’une autre gamme, Scale, sera plus abordable et destinée à un public plus large. Elle bénéficiera toutefois de l’interaction avec la deuxième génération de montre connectée neurale.

Un nouveau modèle économique ?

Est-ce à dire que Meta va bouleverser son modèle économique et devenir un concepteur et vendeur de produits ? Non. L’entreprise de Mark Zuckerberg semble vouloir poursuivre sur la voie qu’elle a adopté depuis ses origines, à savoir vendre de la publicité.

Alex Himel indiquait ainsi : « Nous devrions être capables de faire tourner un très bon business publicitaire. Je pense qu’il est facile d’imaginer comment les publicités vont apparaître dans l’environnement quand vous portez des lunettes de réalité augmentée. Notre capacité à suivre les conversions, qui est un des points sur lequel nous nous concentrons le plus en tant qu’entreprise, devrait être proche de 100 % », ajoutait-il. « Si nous arrivons à approcher peu ou prou les projections, ce sera un marché énorme. Un marché comme nous n’en avons jamais vu sur mobile jusqu’à présent ».

Un enthousiasme et un modèle économique qui font se poser une question : aura-t-on envie d’avoir sur le nez un moyen pour un géant de la tech de suivre nos faits et gestes à chaque instant de la journée… Ces objets plus personnels encore que les smartphones seront de facto, pour être utiles, souvent activés et verront ce que vous voyez. C’est effectivement un marché juteux en perspective, et de potentielles violations de nos vies privées. L’ère où, définitivement, le produit, c’est nous ?

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Source : The Verge


Pierre FONTAINE