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Comment l’IA va transformer Strava

Le réseau social des sportifs fait sa révolution technologique. Au cœur des changements, il y a de nouvelles fonctionnalités liées à l’IA et au machine learning, des outils qui pourraient radicalement changer le visage et la façon d’utiliser la plateforme.

Cette semaine se déroulait l’événement annuel de Strava à Los Angeles, le « Camp ». C’est depuis trois ans le moment au cours duquel le réseau social le plus apprécié des sportifs fait part de ses nouveautés les plus importantes. Comme à son habitude, la plateforme en a profité pour annoncer de nouvelles fonctionnalités, dont certaines comme le « dark mode » étaient attendues depuis de longs mois. On compte ainsi plusieurs nouvelles options dans la façon d’afficher les activités, dans le type de données fournies à l’utilisateur ou plus communément sur la façon de naviguer dans l’application.

Mais lors de cette édition 2024, Strava a également avancé sur un autre terrain, celui de l’intelligence artificielle et du machine learning. Si ce mouvement n’a rien d’original (pas une conférence tech ne se déroule depuis un an sans que le mot IA ne soit prononcé à maintes reprises), il implique, pour la plateforme, des enjeux considérables. Compte tenu du nombre de données générées sur Strava (dix mille milliards d’activités téléchargées par plus de 125 millions de membres) et de la place prépondérante qu’occupe le réseau dans la vaste communauté des sportifs, il convient de se pencher sur ce que Strava veut faire de l’IA et comment son algorithme va évoluer pour répondre aux nouveaux défis fixés par l’IA.

Comme le précise Matt Salazar, le nouveau CPO (responsable produit) de Strava, que nous avons pu interroger, « nous ne sommes qu’au tout début de cette intégration et les changements qu’elle implique sont considérables ».

Une IA, trois principales applications

Pour rappel, l’intégration d’une couche d’IA dans Strava se fait à plusieurs niveaux de la plateforme. Le premier d’entre eux concerne la génération d’itinéraires. Celle-ci était déjà possible sur les précédentes versions de l’application, mais dans une version plutôt basique. Strava était capable de localiser son utilisateur, de repérer les segments les plus empruntés dans sa zone géographique et d’imaginer un tracé pouvant lui correspondre. L’IA va bien sûr permettre d’aller plus loin. D’une part, l’utilisateur pourra déterminer un point de départ plus facilement en « pointant » une carte. Dès lors, le système de génération de tracé analysera davantage de données, notamment celles liées aux habitudes de l’utilisateur pour lui proposer plusieurs itinéraires générés avec davantage d’informations, et notamment celles provenant des « cartes d’activité », autrement dit en se basant sur les sentiers les plus empruntés en fonction des heures de la journée. En conséquence, les suggestions d’itinéraires devraient devenir plus personnalisées et plus intéressantes.

Flyover & Dark Mode Heatmap
© Strava

Le second volet sur lequel l’intégration de l’IA aura des effets majeurs, c’est ce que la plateforme nomme « intégrité des données ». Il s’agit tout simplement de vérifier la pertinence des datas enregistrées par les utilisateurs. En effet, comme sur certains jeux vidéo, Strava doit compter avec quelques tricheurs qui enregistrent de fausses activités pour décrocher les fameux KOM (King of Mountain) qui récompensent les meilleurs temps sur chaque segment. Avec sa nouvelle fonctionnalité, Strava sera désormais en mesure de détecter les activités suspectes et de les révoquer. Pour l’instant, il s’agit déjà de vérifier la pertinence de tous les KOM, mais Strava pourra s’appuyer sur du machine learning pour aller encore plus loin, c’est-à-dire juger de la probité de l’activité d’un athlète par rapport à ses performances passées. Sur ce point, les ingénieurs de Strava savent qu’ils marchent sur des œufs. Ce que confirme Matt Salazar en expliquant qu’il s’agit de trouver « le bon dosage et de ne pas donner l’impression de punir l’utilisateur ». Dans un premier temps, Strava se contentera donc d’interroger certaines performances en espérant que ce soit suffisamment dissuasif.

Lire : Strava a mis au point une arme fatale pour démasquer les tricheurs

Le dernier aspect sur lequel l’IA va modifier l’expérience sur Strava est aussi le plus ambitieux. Il s’agit de la fonctionnalité « Athlete Intelligence ». Celle-ci se propose d’analyser chaque activité téléchargée par un utilisateur pour l’aider à mieux comprendre sa performance et à progresser. Ainsi, Strava est capable de faire une synthèse de l’activité et de la contextualiser par rapport aux performances passées de l’abonné. Nous avons pu essayer quelques jours cette fonctionnalité, qui est en bêta pour l’instant, et les résultats sont plutôt intéressants. Pour autant, il ne s’agit que d’un début selon le responsable produit de Strava qui confirme que la fonctionnalité va rapidement évoluer. « Sur Athlete Intelligence, on pourrait dire que nous sommes en sommes à la v1.0, mais que nous allons très rapidement passer à l’équivalent d’une v3.0 », avance le responsable technique. « Nous testons actuellement plusieurs LLM (grands modèles de langage) et nous avons des résultats très encourageants », confirme-t-il.

Strava Athlete Intelligence
© Un exemple d’une activité analysé par Athlete Intelligence

De fait, les possibilités offertes par une telle application sont énormes pour une plateforme telle que Strava. Analyses des performances plus poussées, coaching et préparation aux courses avec des plans personnalisés ou encore suivi quotidien de l’activité, Strava a la possibilité d’aller dans plusieurs directions et d’ajouter quelques atouts à son service.

Les limites d’une IA sans dictée vocale

En revanche, aussi ambitieuse soit-elle, Strava n’entend pas se précipiter. Lorsqu’on interroge Matt Salazar sur l’intérêt d’ajouter la dictée vocale à l’application, celui-ci nous répond qu’il y a d’autres chantiers plus critiques avant d’envisager des changements aussi radicaux. Le CPO de la marque nous confirme que Strava ne travaille pas, du moins pas pour l’instant, sur une telle nouveauté. Pourtant celle-ci aurait du sens, notamment dans la perspective d’un rôle de plus en plus important dévolu à l’IA.

Un virage stratégique, signe d’une nouvelle direction

Le fait que ce Strava Camp 2024 ait été marqué par un tel virage technologique n’est pas anodin. Cet événement est également le premier d’une nouvelle équipe dirigeante qui a un ADN très particulier. Matt Salazar que nous avons pu interroger est un ancien d’Epic, le studio à l’origine du jeu Fortnite. Plus emblématique encore, Michael Martin qui a pris les rênes de l’entreprise en janvier en lieu et place du CEO historique Michael Horvath, vient directement de Google/Youtube.

Strava Camp 2024 3
© Dimitri Charitsis – 01net.com – Le nouveau CEO de Strava est un ancien de Google

Il n’est donc pas surprenant que cette nouvelle équipe dirigeante s’attaque en premier lieu aux aspects techniques de la plateforme et à ces principales lacunes. À ce titre, l’arrivée, enfin, d’un dark mode est emblématique du virage technologique de Strava. La plateforme était souvent moquée pour son retard sur ce point. À n’en point douter, les nouvelles têtes pensantes de l’entreprise ont voulu faire de ce mode sombre un symbole. D’ailleurs, l’annonce de la fonctionnalité a donné lieu à une séquence spéciale lors du Strava Camp 2024, comme un « one more thing » saupoudré d’autodérision.

Lire : Strava ajoute deux fonctionnalités très attendues à sa plateforme

Ce signal envoyé aux utilisateurs qui avaient pu se plaindre régulièrement de l’absence de nouveautés et les annonces ambitieuses concernant l’intégration de l’IA dans Strava confirme un virage technologique majeur, mais surtout essentiel pour un réseau social qui souhaite s’imposer durablement comme le compagnon numérique des sportifs.

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Par : Opera

Dimitri Charitsis
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