Le monde des semi-conducteurs a beau subir la pire pénurie de son histoire, le secteur ne connaît pas la crise et la demande est en pleine explosion. Le marché qui va compter de plus en plus ces prochaines années est celui de l’automobile, comme le prophétise le patron d’Intel, Pat Gelsinger.
Lors d’une conférence à Munich, Pat Gelsinger, dont l’entreprise contrôle un des champions de la voiture autonome, l’israélien Mobileye, a affirmé que le marché des véhicules pourrait peser jusqu’à 11% du total des semi-conducteurs livrés en 2030.
Et pour cause, selon le nouveau patron d’Intel, qui a pris les rênes de l’entreprise en début d’année, les puces électroniques pourraient représenter jusqu’à 20% du prix total d’une voiture d’ici dix ans. Soit cinq fois plus que pour les véhicules haut de gamme vendus en 2019.
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Si Pat Gelsinger agissait autant en prêcheur qu’en devin – Intel et Mobileye ont tout intérêt à ce que la part des puces augmentent – les tendances actuelles de l’automobile ne lui donnent pas tort. L’explosion des caméras, des capteurs, des systèmes d’infotainment, la connexion 4G/5G ainsi que l’accélération des technologies autonomes laissent planer peu de doute : la voiture de demain aura des centaines de composants, communiquera en tout temps et intégrera de plus en plus de puces haute puissance.
Un marché à 115 milliards de dollars
Entre l’électrification du parc, le développement de la voiture autonome, et l’avènement de la 5G attenant, la voiture de demain aura besoin de plus de capteurs et de plus de processeurs qui agiront en cerveaux des différentes fonctions.
Dans la plupart de ces domaines, Intel a une carte à jouer. Que ce soit en son nom propre avec des processeurs de traitement, des puces de télécommunication 5G, etc. Ou par le biais des puces et solutions logicielles spécialisées de Mobileye. Des puces dédiées à la conduite autonome qui font référence dans le secteur.
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L’explosion du besoin de puces ferait que, en 2030, le marché total adressable (TAM en anglais) des semi-conducteurs automobiles passerait à 115 milliards de dollars annuel.
Une somme importante qui nécessite notamment des moyens de production non moins importants. En pleine période de pénurie, l’outil de production – qui est au cœur du pivot stratégique entrepris par Intel sous la présidence de Pat Gelsinger – est devenu clé. Et quoi qu’en retard dans certains domaines, l’Europe pourrait en profiter.
L’Europe, cœur de l’automobile mondialisée
L’Europe est devenue le parent pauvre de la production de semi-conducteurs, loin derrière le continent asiatique et les Etats-Unis. Pourtant, le patron d’Intel a dévoilé un plan d’investissement décennal qui monterait potentiellement à 80 milliards de dollars sur notre continent.
La raison de ce projet est évidemment l’importance de l’industrie automobile en Europe. A lui seul, un groupe comme Volkswagen pèse 12 marques : Volkswagen Passenger Cars (les voitures « normales »), Audi, Seat, Škoda, Bentley, Bugatti, Lamborghini, Porsche, Ducati, Volkswagen Commercial Vehicles, Scania et MAN. Si on ajoute Stellantis (Peugeot, Fiat, DS, Citroën, Open, etc.), Renault-Nissan-Mitsubishi (Renault, Nissan, Mitsubishi, Dacia, Lada, Datsun, Infinity, etc.) et des titans comme Mercedes et BMW, on comprend vite le poids de cette industrie dans le « Vieux » continent.
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Après que ces champions se sont mis tous seuls dans la panade en annulant (stupidement) leurs commandes de semi-conducteurs l’an dernier, toute l’industrie auto européenne a pris conscience de sa dépendance à ces petites puces. Et Intel pourrait leur offrir l’outil industriel dont ils ont besoin sur place.
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Car au cœur de la stratégie d’Intel se cache l’ambition de devenir le « champion occidental » des puces. Occidental se comprenant ici aussi comme « non asiatique ».
En référence non seulement aux rapports Etats-Unis/Chine, de plus en plus tendus, mais aussi à la menace que cette Chine de Xi Jinping fait peser sur Taïwan, le pays le plus en pointe dans la production de puce de dernière génération.
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Dans un monde globalisé, c’est à cause de tensions en Asie qu’un groupe américain pourrait donner des capacités de production à une Europe qui exporte dans la terre entière. Une Europe qui devra assurer son approvisionnement, si elle veut réussir la transformation numérique de l’automobile.
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